Myriam Thibault est née en 1993, elle est en deuxième année de Lettres Modernes Appliquées à la Sorbonne – Paris IV. Auteur aux Editions Léo Scheer : Paris, je t’aime (2010), Orgueil et désir (2011), son troisième roman, Plagiat sort le 12 septembre. Elle est également Chroniqueuse pour La Cause Littéraire et musicienne depuis plus de dix ans (flûte-traversière). Elle nous a accordé quelques instants pour répondre à des questions.
Interviewer : Thibault Comte
Interviewée : Myriam Thibault
T : Parle nous un peu de ton livre Plagiat qui sort le 12 septembre.
M : Plagiat est l’histoire d’un homme qui se retrouve seul après le départ de sa femme. Elle part sur un coup de tête et le laisse sans nouvelle. Il est écrivain, et décide d’écrire un livre pour la faire revenir. Mais sa plume ne veut rien entendre, et toutes ses pages restent blanches. Nostalgique, il monte dans le grenier de leur grande maison, et retrouve des objets qui appartenaient à sa femme, ainsi que tout un tas de lettres… Ceci va lui redonner le goût d’écrire, mais ne va pas nécessairement perpétuer l’amour qu’il lui portait.
T : “Myriam Thibault pose la question de l’authenticité des sentiments à travers la figure d’un homme qui, en cherchant à tout prix la gloire, précipite sa propre chute”.
Cela fait penser à cette difficile question de la chute et de l’envol. Question qui est présente dans les pensées humaines depuis l’antiquité avec Le Mythe d’Icare jusqu’à aujourd’hui avec certains textes d’auteurs contemporains, je pense notamment à Hunter S.Thompson. Un philosophe que j’apprécie, Friedrich Nietzsche, écrivait dans Le Crépuscule des Idoles : “Ne t’élèves pas trop haut, ne rases pas non plus le sol car c’est à mi hauteur que le monde t’apparaitra le plus beau” Qu’en pensez-vous ? Faut-il rester au centre, sur la berge en toute sécurité en risquant que la vie nous contourne ? Ou faut-il prendre son envol, prendre le risque de la vie, quitte à se brûler les ailes et à “provoquer sa propre chute” ?
M : Je pense sincèrement que la vie est faite pour être vécue vraiment. Rester dans son coin, ne rien tenter, amène aux regrets. Une déception vaut mieux que des regrets et qu’une frustration. La déception nous fait avancer et nous permet d’évoluer, et de passer à autre chose, contrairement aux regrets que nous ressassons et qui nous font stagner. Il faut prendre le risque de la vie, tout en faisant attention à ne pas se brûler les ailes. Il faut savoir se contrôler, se connaître et savoir de quoi nous sommes capables. Il faut savoir se protéger, tout en prenant des risques. Ça n’est pas simple, mais cela doit être possible. La narrateur de Plagiat, lui, se brûle les ailes. Il ne cherche pas nécessairement la gloire avec le livre qu’il écrit, mais il cherche une vengeance. Or, cette vengeance se retourne contre lui, et il provoque alors sa propre chute avec une simple publication. Une publication qu’il aurait pu éviter, s’il avait su se contrôler, et en particulier ses émotions.
T : Dans vos romans, je pense à Orgueil et désir et Plagiat aujourd’hui, le narrateur est un écrivain, acteur ou chroniqueur télé. Des milieux que vous appréciez particulièrement : littérature, cinéma ? Quelles sont tes influences (au sens large : arts, musique, littérature, cinéma, photographie…)
M : La culture au sens large est essentielle à mes yeux. La littérature et la musique sont pour moi indispensables depuis des années. Je fais de la flûte-traversière depuis plus de dix ans, et je ne pourrai pas m’en passer. La littérature, elle, est présente depuis que je suis toute petite. Ma mère m’a toujours entouré de livres. La lecture est une source d’évasion au même titre que la musique, et j’en ai besoin chaque jour. À mes heures perdues, je fais également un peu de photographie. Cela reste amateur, mais j’apprécie cet art, qui est une autre manière d’exprimer ses émotions.
Dans le milieu de la musique, j’aime écouter des artistes comme Benjamin Biolay, Alain Bashung, Arthur H, ou Serge Gainsbourg. Mais j’aime aussi le classique avec les frères Doppler par exemple, le jazz, et l’électro swing — que j’apprécie particulièrement en ce moment, avec des artistes comme Caravan Palace ou Astrazz. En littérature, mes influences sont essentiellement contemporaines. J’ai voulu écrire après avoir lu 99 francs de Frédéric Beigbeder. Lui, et des auteurs comme Nicolas Rey, Thomas Lélu, Florian Zeller ou Nicolas Bedos, sont en quelque sorte mes maîtres en littérature.
Du côté du cinéma, je suis une inconditionnelle des films d’auteurs français. Pour les réalisateurs, je retiendrais Bertrand Blier, Christophe Honoré, Cédric Klapisch. Et pour les acteurs, Patrick Dewaere, Fabrice Luchini, Juliette Binoche, Sylvie Testud.
En photographie, je ne suis pas une experte, mais les photos de Doisneau me touchent particulièrement.
T : D’où te viens ton envie d’écrire ? Un rêve d’enfant ou une révélation ?
M : Mon envie d’écrire est un peu un rêve d’enfant. En découvrant Frédéric Beigbeder autour de mes douze ans, je me suis dit qu’un jour je deviendrai écrivain. Mais il fallait que j’attende. Pour moi, on n’était pas écrivain à 18 ans. Or, quand j’ai vu Boris Bergmann sortir son premier livre alors qu’il n’avait pas atteint sa majorité, je n’ai pu m’empêcher de me dire que s’il y était arrivé, je pouvais le faire aussi. Je me suis alors lancé le défi de publier avant mes 18 ans, ou au moins d’avoir fait la démarche d’envoyer mon manuscrit à plusieurs éditeurs. Et ça a marché…
T : Tu es très jeunes. Ton premier roman est sorti quand tu avais 16 ans. Tu es passé dans le figaro madame dans un article “Jeunes et Génies” ou Arthur Dreyfus dit : ” Ce que la jeunesse doit à la juvénilité, c’est sa propension à l’étonnement perpétuel ” Qu’en penses-tu ? Un mot sur la jeunesse aujourd’hui ? Tu as commencé à écrire à 14 ans et tu en es à ton troisième roman, ça c’est de l’étonnement perpétuel.
M : Arthur Dreyfus est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Et sa phrase est très juste. La jeunesse d’aujourd’hui cherche continuellement la nouveauté, le renouvellement, les découvertes et donc l’étonnement. Elle veut se faire entendre et avancer par elle-même. Mais je pense aussi, que tout ceci n’est pas uniquement un fait de la jeunesse d’aujourd’hui, mais de la jeunesse en générale, quelque soit son époque.
T : On peut voir que les critiques qui te sont adressées sont soit bonnes soit mauvaises. Comment les interprètes-tu ?
M : Je prends toutes les critiques. Les bonnes je les prends avec beaucoup de plaisir. Les mauvaises ne m’atteignent pas plus que ça, mais je tente de les utiliser à bon escient lorsqu’elles sont justifiées et constructives. Les autres, je les laisse passer comme elles sont venues.
T : Une de tes citations préférées ?
M : C’est une citation de Frédéric Beigbeder que j’ai mise en exergue d’un de mes livres : “On ne doit plus rêver les mots, il faut les vivre.” C’est une phrase que j’aime beaucoup et qui est très proche du “Carpe diem”. Elle est très juste, et me correspond parfaitement.
T : Avons-nous le droit à une exclusivité ? Travailles-tu déjà sur un nouveau roman ?
M : En ce qui concerne un nouveau roman, je n’ai pas d’idées précises, mais j’ai déjà quelques images en tête. Je ne sais pas s’il y en aura un autre dès la rentrée prochaine. La seule chose qui est sûr, c’est qu’il y en aura d’autres !
Le roman Plagiat de Myriam Thibault paraitra le 12 septembre aux éditions Léo Scheer.
Liens utiles :
-Le blog de Myriam Thibault : http://angel-a-et-la-litterature.blogspot.fr/
-Le site des éditions Léo Scheer : http://www.leoscheer.com/spip.php?article2323