Autrefois subversif, inquiétant et provocateur, qui aujourd’hui craint l’auto-proclamé Antichrist Superstar ? De nos jours, un cul dénudé d’une Lady Gaga choc plus que notre bon vieux révérend déchirant une Bible. Et pourtant déchirer la Bible, voilà le fond de commerce de Marilyn Manson. Car oui, la plupart du public veut toujours l’esprit démoniaque et déjanté du début. En même temps, qui voudrait que Marilyn devienne un “beautiful people” ? Pourtant, c’est un peu le cas depuis “The Golden Age Of Grotesque”. On ne va pas se refaire un cours sur la carrière de double M, mais on peut le dire, Manson vient de connaitre comme la plupart des artistes, sa période creuse. Dans les deux derniers albums, il fût perdu, l’inspiration trouble, la créativité médiocre. Il n’inquiète plus personne, pire encore il est devenu lisse dans son oeuvre. Oublié le temps du génie musical et des paroles à vous retourner la cervelle. Manson doit rebondir s’il ne veut pas devenir une vulgaire caricature désuète de ce qu’il incarna autrefois, et il le sait.
Alors que pouvons-nous attendre de ce nouvel album intitulé “Born Villain” ? Difficile de répondre à cette question. Notons tout d’abord que ce dernier sort sous le label indépendant Cooking Vinyl. Précédé du single “No Reflection“, Manson renoue avec ses sonorités passées, plus proche de “Holy Wood” que de “Eat me, Drink me”, le nouvel album s’annonce fort bien. Le clip du morceau ne fait qu’appuyer cette impression, clip visible sur le site officiel de l’artiste.
L’album contient 14 titres, où la voix de Brian Warner de son vrai prénom est mise en avant. “Hey Cruel World” ouvre cet opus, morceau qui monte en puissance et donne le ton. “Pistol Whipped” entièrement composé par Manson est un morceau accrocheur ; rythmique saccadé et guitare indus, un régal. “Slo-Mo-Tion” futur single, ralentit le tempo. “Murderers Are Getting Prettier Every Day” digne de la période “Antichrist Superstar”, refrain totalement enragé, ce morceau va vous exploser le crâne. “Born Villain” vient calmer la nervosité. “Breaking The Same Old Ground” est une ballade qui peut rappeler certains morceaux de “Mechanical Animals”, avec une petite mélodie répétitive qui vient appuyer un côté malsain et mélancolique. En bonus, la reprise “You’re So Vain” de Carly Simon, avec Johnny Depp en featuring à la guitare est une pépite.
“Born Villain” est donc un album correct, avec de bons morceaux dans l’ensemble et une construction musicale travaillée qui nous prouve que Manson n’est pas mort. On soulignera cependant l’absence de livret et d’artwork, ainsi qu’une pochette dans la lignée des deux albums précédents, un portrait de Manson… Fini le temps des pochettes à couper le souffle. En conclusion, cet album est bien, sans être révolutionnaire, et nous laisse espérer que du bon pour la tournée à venir.
“Hey, Cruel World… Tour” @ Paris-Zénith. 05/06/2012 :
C’est dans un Zénith plein à craquer que Manson et sa bande font leur retour en France, la dernière venue du groupe datant de 2009. Le public est assez hétéroclite, allant de la petite minette au gothique. Après une première partie assurée par le groupe anglais Binary, bénéficiant d’un son totalement atroce, le show débute aux alentours de 21h45.
L’intro totalement malsaine qui retentit n’est autre que la B.O du film “Suspiria” de Dario Argento, un grand rideau cache la scène et les musiciens apparaissent en ombres chinoises avec le morceau “Hey Cruel World“. Manson chante dans un premier temps dos au public avant de se retourner et de provoquer l’hystérie générale dans la fosse. La voix de Manson semble puissante et énergique, chose dont on pouvait douter depuis les dernières tournées. Le showman et les musiciens semblent heureux d’être à Paris et enchaînent avec un “Disposable Teens” fédérateur puis un “Fight Song” qui va faire véritablement bouger la fosse. Manson sortira un extincteur pour l’occasion. Un des nombreux accessoires présents tout au long du spectacle, comme le micro-coûteau sur le single “No Reflection” repris en coeur par tout le public. Soyons clair, Manson ne choque plus comme avant, ne s’exhibe plus mais à le mérite d’assurer le show en véritable “entertainer” qu’il est. Il parlera d’ailleurs souvent à ses fidèles entre les chansons. Haut de forme sur la tête, les lettres “mOBSCENE” projetées en fond, il est l’heure de chanter en coeur “Be Obscene ! Be, be Obscene !”. L’intro de “Coma Black” résonne dans le Zénith et voilà Manson vêtu d’un gilet à paillettes avant de dire qu’il “aime les drogues” et de parler brièvement du grand cirque américain. Les fans l’ont compris, vient le “Dope Show” avec un mur de petites lumières en fond suivit de “Slo-Mo-Tion” morceau du dernier album, qui passe très bien en live. On notera que la voix de Manson s’essouffle au fil du concert mais qu’importe puisque la magie du show bien rodé opère. Pluie de confettis sur “Rock Is Dead” ! Fred Sablan à la basse assure le show en se déchainant sur son instrument, le nouveau batteur Jason Sutter plus en retrait (forcement) également. Twiggy Ramirez ô combien chouchou des fans de la première heure, à sorti une robe qui nous rappelle la période “Antichrist Superstar”, un Twiggy très à l’aise à la guitare et toujours aussi charismatique.
Vient la reprise “Personal Jesus” de Depeche Mode, qui va faire sauter la foule. Manson prendra d’ailleurs un téléphone d’un fan afin de chanter quelques secondes dedans avant de le balancer dans le public. Pour “Pistol Whipped“, le révérend se transforme en musicien, en jouant quelques notes de guitare. “Tourniquet” nous provoque de la nostalgie et “Irresponsible Hate Anthem” va faire hurler les 6300 personnes présentes ce soir, “We love hate ! We hate love !”, moment intense. La cultissime reprise “Sweet Dreams” plonge la salle dans le noir, Manson se chargera de nous éclairer avec sa lampe torche.
Il est l’heure du premier rappel. Sans doute LE moment jubilatoire pour les fans. Trois gigantesques banderoles ornées du shock logo sont déployées en fond et le fameux podium est installé. Le moment est fort, la foule ne fait plus qu’un pour “Antichrist Superstar“, Manson arrive dans un costard et son rôle d’homme politique devant plusieurs micros, qui la plupart finiront dans la fosse. Manson le pantin est plus rouillé qu’avant mais la Bible elle, est toujours arrachée avant de finir en pâture dans la fosse.
Le second rappel n’est autre que le non moins culte “The Beautiful People“, explosion et violence, notre crâne en redemande, hélas le show est déjà terminé sous le salut des musiciens, alors que le chanteur lui, est déjà en backstage. Une chose est sûre, nous pouvons être rassurés, car oui Manson est bel et bien de retour. Certes, quelques problèmes de voix, un show court (1h15 environ), une set-list “best-of” et l’absence de clavier, mais une énergie et sincérité retrouvées. Un show moins grandiloquent que par le passé, mais plus humain qui nous donne une grosse claque dans la gueule.
Pour le côté people, on notera la présence de Gaspard Noé, Tilda Swinton, Christophe, Nicolas Ullman et Avril Lavigne.
Setlist :
Intro- Suspiria Theme
Hey Cruel World…
Disposable Teens
The Love Song
No Reflection
mOBSCENE
The Dope Show
Slo-Mo-Tion
Rock Is Dead
Personal Jesus
Pistol Whipped
Tourniquet
Irresponsible Hate Anthem
Sweet Dreams
—- Rappel 1 —-
Antichrist Superstar
—- Rappel 2 —-
The Beautiful People
Crédits photos du Zénith : http://charlesjanusmonroe.blogspot.fr