LITTÉRATURE

Profitons de l’été pour revoir nos classiques !

      Les pieds dans le sable chaud, au bord de la mer, où bien surplombant les montagnes, la ville, que sais-je ? ! Enfin, être en vacances ! Mais vacances ne rime pas avec déchéance culturelle, non, non, non ! Voici une petite sélection de classique qui pourra venir parfaire vos paniers champêtres.

Du côté français…

L’Amant de la Chine du Nord

 

 

Trois petits pas dans le paysage de nos aïeux et voici Marguerite Duras qui surgit ! Je vous propose l’un de ces romans le plus poignant, celui d’une histoire d’amour improbable entre deux êtres que tout devait séparer. Une jeune fille issue d’une famille française exilée en Indochine rencontre un homme de vingt-sept ans sur un bac du Mékong. À peine se sont-ils aperçus que le coup de foudre s’abat sur eux. Lui revient d’Amérique où il a suivi des études de français et d’anglais dans le but de reprendre l’empire familial, la banque de son père. Elle, peine à survivre avec sa mère qui a perdu tout ce qu’elle possédait après une escroquerie les laissant sans le sous. Évoluant dans un milieu familial violent, la jeune fille va s’évader autant que possible avec le Chinois qui n’est jamais désigné dans l’œuvre que par son origine dans un soucis d’égalité avec la fille qui elle, est toujours nommé ”l’enfant”. Des scènes bouleversantes naissent entre ces deux êtres, et Duras a clairement mis tout son talent dans le jeu des silences amoureux. Leur puissance tantôt intime, tantôt brutale rythme les échanges et cette relation au ton impersonnel, mais pourtant autobiographique, invite le lecteur à se plonger dans l’histoire et à se mettre à la place des personnages. Vraiment, si vous n’avez pas encore lu ou si vous souhaitez vous replonger dans L’Amant de la Chine du Nord, n’hésitez pas une seule seconde !

Clair de terre

 

Mai 1968 à Paris, photo d’Edouard Boubat. Plutôt la vie est un des poèmes de Clair de terre.

 

Voici le recueil d’un poète surréaliste, André Breton, qui ne peut laisser indifférent. Le titre par lui-même est équivoque, Clair de terre ! En somme, intéressons-nous plutôt à la vie qu’aux chimères ! Mélange de poèmes à la forme libre, de courts textes, voire de calligramme qui sont des mots formant une image, comme en témoigne le poème intitulé Pièce Fausse et son vase en cristal de Bohême. N’oublions d’ailleurs pas qu’il s’agit d’André Breton qui siège sur le trône de l’inventeur de cette forme d’écrit. Passionné par la folie, cet écrivain qui a un temps travaillé dans un sanatorium se plaît à jouer des mots et des matières, toutes transparentes, à l’exemple de ”ces primes sans épaisseurs” qui affadissent l’image et sont selon l’auteur devenu obsolètes. Évidemment ces prismes représentent la vision occidentale de l’art qui plus que jamais dans cette période du 20ème siècle a toutes les peines du monde à retrouver visage humain après la seconde guerre mondiale et ses atrocités. Breton exhorte dans ce recueil à chercher d’autres manières de voir ce qui entoure les hommes, et incite à créer de nouveau tout en liberté ! Si votre besoin d’évasion et de créativité et à son comble, feuilletez donc ce livre et vous serez comblé !

 

L’ami Genevois…

Les rêveries du promeneur solitaire

 

Rousseau par Yan

 

J’aurais aimé les hommes en dépit d’eux-mêmes. Ils n’ont pût qu’en cessant de l’être se dérober à mon affection. Les voilà donc étrangers, inconnus, nuls enfin pour moi puisqu’ils l’ont voulut. Mais moi, détaché d’eux et de tout, que suis-je moi-même ?” Voici l’interrogation qui tarauda l’écrivain dont le tricentenaire vient d’être célébré le 28 juin 2012. Rousseau, le grand persécuté de la littérature française qui toucha véritablement une plume pour la première fois à ses trente-sept ans passés, et qui fut assommé par la gloriole littéraire le pressant dès lors que ses manuscrits furent connus, se réfugia dans un ermitage forcé et y trouvant quelques délices, s’employa à rédiger des billets erratiques sur des cartes à jouer, canevas de son recueil intitulé Les rêveries du promeneur solitaire. Traitant de sujets variés, comme de la botanique, l’une de ses passions, ou bien de l’homme en lui-même, Rousseau peint le portrait d’une nature générale qui sans cesse aboutie au particulier, et par ce fait, se peint lui même avec une transparence qui jusqu’alors dans les milieux lettrés n’était pas de mise. ”Vitam impedere vero” était en ce sens la devise de Jean-Jacques Rousseau. Signifiant ”consacrer sa vie à la vérité” cette citation convient en tout point à l’écrivain. Le long de dix courts récits nommés ”promenades”, Rousseau met en lumière les moments clés de son existence comme par exemple sa rencontre avec Mme de Warens comme il en fait mention dans son ultime promenade ”Ce premier moment décida de moi pour toute ma vie”. Alors si vous plonger dans l’univers Rousseauiste vous tente, je vous conseille une première approche avec ces Rêveries où tous peuvent s’y retrouver, et qui, disons le bien, sont beaucoup moins longues que Les Confessions du même auteur. Moins longues, mais non moins riches !

 

Maître ès lettres. Passionnée par la littérature et les arts | m.roux@mazemag.fr

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