MUSIQUE

Rencontre avec Frànçois and The Atlas Mountains

A l’occasion de leur passage au festival La Septième Vague, à Brétignolles sur mer en Vendée, nous avons pu poser quelques questions à Amaury et François de Frànçois & The Atlas Mountains. François a un peu de retard, c’est donc Amaury qui commence à répondre à nos questions.

© Iola Pertwowsk

Comment ça s’est passé depuis la sortie d’E Volo Love (en octobre 2011) ?

Amaury : On a beaucoup fait de concerts, on a la chance d’avoir signé sur ce super label qui a de gros artistes comme les Kills, Animal Collective ou Franz Ferdinand qu’on aime beaucoup, et aussi des plus petits artistes comme Bill Wales, un écossais qui fait beaucoup de musique. On aime beaucoup toute la ligne artistique de ce label.

Vous êtes d’ailleurs les seuls français sur le label (Domino Records), comment ça se fait ?

Amaury : François a créé le projet en Angleterre, du coup on a beaucoup tourné là-bas, et comme vous avez pu l’entendre, François écrit à moitié en français, à moitié en anglais, du coup c’est vraiment un projet pour lequel il n’y a pas vraiment de territoire, on tourne autant en France qu’à l’étranger.

Donc c’est pour ça le mélange des paroles de l’anglais, du français, c’est naturel pour vous ?

Amaury : C’est ça, c’est très très naturel, il le fait comme ça vient, par la sonorité des mots, je pense que ça l’inspire comme ça, et en même temps c’est aussi la vie : il a beaucoup passé de temps à Bristol donc il a écrit en anglais, maintenant il passe plus de temps en France, donc plus de français. Voilà, ça dépend, ça a toujours été un peu comme ça le projet.

Et donc s’il y a vraiment une maison de disque qui vous ressemblait musicalement, c’est vraiment le label Domino ?

Amaury : Oui, c’est vrai, et quand le label nous a contacté on était vraiment très très heureux, ça a pris du temps, ça ne s’est pas fait comme ça, on s’est rencontré… On était avant sur Talitres qui est un super label de Bordeaux, et ça s’est fait tranquillement.

C’est une belle vitrine aussi, j’imagine.

Amaury : Oui, depuis qu’on a signé sur ce label, c’est sûr qu’on a toute la presse, on aurait pas pu espérer ça avec un petit label, ça a fait beaucoup.

(François arrive)

Toujours au niveau du choix des mots, pourquoi avoir choisi un palindrome – mot se lisant de la même façon de gauche à droite qu’inversement- pour le nom de l’album (E Volo love) ?

François : J’aimais bien le côté formule magique du titre, et sur l’album précédent qui était sorti en Angleterre aussi sur le petit label Fence, j’ai senti que les anglais avaient beaucoup de mal à prononcer le nom de l’album, Plaine Inondable, ils n’y arrivaient pas et l’appelaient toujours « ton dernier album », ils ne disaient jamais « Plaine Inondable », je voulais faire un titre d’album qu’ils puissent prononcer.

On a parlé un peu de comment ça s’était passé depuis la sortie de l’album, comment vous travaillez sur scène, c’est différent de l’ambiance en studio ? 

François : Oui, c’est très différent. En studio on s’applique un peu pour créer un environnement sonore, je réfléchis beaucoup comme ça : créer un espèce d’environnement sonore qui puisse être écouté dans sa voiture ou dans l’ipod quand on prends le métro, etc. En live c’est une expérience unique, c’est un instant « I ». – On dit un instant « T » ou un instant « I » ? (rires)

Amaury : Sur scène c’est ça, c’est beaucoup plus énergique, on essaie de chercher au fil des concerts des sonorités différentes. Ce soir ça va sonner différent, ça va sonner « pluie » un peu.

 Justement il y a beaucoup de références à l’eau dans vos chansons, c’est un élément dont vous vous sentez proche ? C’est lié à l’aquarelle ? – François en peint beaucoup-

François : Ouais, là on s’y retrouve. J’aime bien ça comme environnement, c’est très calme, les gens sont un peu apaisés, ça correspond un peu à mon tempérament en fait.

Du coup Piscine, une chanson que vous avez réenregistré sur le dernier album, est-ce que c’est une chanson dans laquelle vous vous retrouvez spécialement ? Un genre d’hymne ? 

François : Ouais, enfin on se retrouve dans tous les morceaux mais effectivement ce morceau fait référence à la jeunesse passée à Sainte où il n’y avait pas grand-chose à faire si ce n’est aller à la piscine…

Ou faire de la musique !

François : Oui, voilà.

© Iola Pertwowsk

Il y a vraiment plein d’émotions dans votre musique, elle est emprunte de langueur, cotonneuse, éthérée, parfois transcendante comme sur Bail éternel, c’est une atmosphère qui vous caractérise ?

François : Oui, complètement, oui. C’est mon morceau préféré de l’album, je crois que vous m’avez bien saisi.

Vos chansons sont aussi assez mélancoliques, mais aussi décalées, par exemple le texte de Piscine est très mélancolique mais la musique non.

François : Oui, voilà, exactement.

Ça vous habite, la mélancolie ? 

François : C’était intéressant, l’album précédent jouait la mélancolie autant sur le texte que la musique et là l’idée c’était de faire un contre-pied, et… Je ne sais plus qui disais ça, c’est peut-être Serge Gainsbourg, il adorait qu’une musique triste soit sur des paroles gaies et inversement.

Ce décalage fait aussi qu’E Volo Love est plus pop que Plaine Inondable, pop mélancolique c’est une évolution logique pour vous ?

François : Oui, oui, c’est une volonté d’ouverture.

Avec les percussions ?

François : Oui.

Amaury : En fait il y avait des percussions mais peut-être moins de moyens. On avait déjà cette envie mais c’est vrai que Plaine Inondable s’est fait plus dans la durée, c’était une ambiance. E Volo Love, François avait les morceaux, ça a été plus rapide à construire, au moins l’ossature des morceaux, alors que pour Plaine Inondable les morceaux se sont créés dans une période de six mois, ça a été l’été, l’automne.

Il y a eu les voyages aussi, vous arrivez à mêler ces aventures et ce que vous en retirez et vos racines

Amaury : Oui, oui, François a eu la chance d’aller en Afrique, moi pas encore, mais je crois qu’il a beaucoup composé à l’étranger.

Justement, pour le travail de composition, vous allez apporter chacun vos pièces du puzzle, ou alors vous vous rassemblez pour faire ça en groupe ?

Amaury : François va apporter les textes, l’idée, la mélodie principale, après le morceau va évoluer avec Gérard, Pierre, qui sont avec nous, on a aussi un batteur, tout ce petit monde va apporter sa sonorité, ses couleurs. Chacun a vraiment son rôle, après ça dépend vraiment du groupe, c’est une entité à part entière.

François : Il n’y a pas de méthode. Ce qui est important c’est que tout passe par le vécu, alors à l’époque de Plaine Inondable il n’y avait pas eu un vécu de concert, mais le fait de passer du temps ensemble en Charente-Maritime, jouer au beach volley, aller au pays Basque rencontrer un groupe polyphonique Basque, ce sont des instants vécus ensemble qui ont créé ça. Sur E Volo Love il y a eu des concerts entre temps, et je pense au prochain album il y aura eu mille fois plus de concerts, le vécu du groupe et des musiciens récemment ça a été d’expérimenter des bouts de chanson, voir quelle était la réaction en concert. En ce moment, les nouveaux morceaux se construisent en grande partie sur de l’expérimentation en live.

Donc vous envisagez la suite, la création de nouveaux albums, par rapport à ce que vous allez vivre ?

François : Voilà, exactement. Il n’y a pas d’envies de style, on ne va pas se dire « tiens on va faire un album raggea », « on va faire un album pop », on fait l’album qui nous arrive, qui nous tombe entre les mains.

Ce soir là, Frànçois & The Atlas Mountain ouvraient le festival dans une ambiance aquatique.

Interview réalisée par June de Witt et Laurie-Anne Toulement pour Maze Magazine et Graffiti Urban Radio. Vous pouvez retrouver l’interview en podcast sur leur site internet www.urban-radio.com

E Volo Love est sorti en octobre 2011 sur le label Domino.

J'ai 23 ans, j'écris de la fiction, je bois du thé, et je suis plutôt sympa. La dernière fois que j'ai été cool c'était en 2009. J'ai pas mal d'avis sur pas mal de sujets, mais si je t'ennuie, sache qu'on peut toujours parler du chat de mon coloc à la place.

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