CINÉMA

Tim Burton, une exposition à couper le souffle.

Dessin pour le court-métrage Vincent (1982), réalisé par Tim Burton pendant ses jeunes années chez Disney. Encre, marqueur, collage et blanc sur papier.

Conçue par le MoMA (Museum of Modern Art) de New York en 2009, et après avoir voyagé de New York à Melbourne, en passant par Toronto et Los Angeles, c’est en Europe s’est installée le 7 Mars dernier l’exposition Tim Burton, tant attendue. Seule ville européenne à privilégier de ce droit, Paris nous offre la possibilité de nous replonger pour notre plus grand plaisir dans l’univers du réalisateur tout en revenant sur sa carrière avec 700 œuvres en tout genre. Alors que The Dark Shadows sortira prochainement dans les salles, c’est son exposition qui a un franc succès auprès de ses fans, et qui ne désemplit pas.

 Cinq étages, c’est ce qu’il vous faudra avant de parvenir à l’entrée de l’exposition. On s’attendrait plutôt à descendre en vu de l’univers macabre du réalisateur, mais ce n’est qu’un détail. A l’occasion, les portes des ascenseurs arborent des personnages issus des films (Sally des Noces Funèbres pour ce qui est du mien), plongeant immédiatement le visiteur dans l’univers qu’il va découvrir. Dès les premiers pas faits, une toute autre ambiance se forge. Une toute autre expérience s’ouvre à vous. On y découvre des illustrations personnelles de Tim, pour la plupart méconnues puisque faisant partie de sa collection personnelle, entraînant le visiteur dans une envie effrénée d’en apprendre toujours plus sur l’homme aux multiples talents. Les salles se succèdent les unes après les autres avec cette constante impression de pouvoir lire comme à livre ouvert au travers de sa vie. Des maquettes de ses personnages nous sont présentées, tout comme quelques sculptures (on notera l’une des créations utilisées dans Edward aux mains d’argent pour les buissons). L’exposition offre également les premiers courts métrages de Tim réalisés avec des amis lors de son enfance et tournés en super 8. Ils font partie de la collection personnelle du réalisateur et n’avaient alors jusqu’ici pas été présentés au grand public. S’en suivront ses premiers courts-métrages en stop-motion. Ainsi, les écrans se mêlent parfaitement aux illustrations, venant appuyer la transformation du croquis à son but final, et permettant au visiteur de reproduire par lui-même tout l’espace de production des projets. Les bouts de scénarios écrits eux, nous donnent accès aux idées principales qu’il a pu avoir lors des phases de création et nous dirige vers les images qui s’en suivent.
A travers l’exposition, une facette de la personnalité de Tim Burton se dégage rapidement : l’humour. En effet, bien que l’univers du réalisateur soit tourné vers ses goûts pour le macabre et l’horreur, il ne faut pas oublier que l’homme apprécie énormément ce qui touche à l’humour. On le comprend rapidement à travers les œuvres exposées qui nous montrent des illustrations accompagnées de légendes amusantes, rendant ludique la visite pour petits et grands. Bien que faits de manière à faire rire, ces dessins ont une part de vérité qu’il faut prendre au second degré. Un mur de serviettes en papier se trouve aussi au niveau de la fin de l’exposition, nous montrant ainsi les différents lieux où a pu se rendre le réalisateur sans pour autant oublier sa passion pour le dessin. On retrouve alors les personnages de certains de ses films sur des serviettes en papier, ce qui nous montre que l’homme n’a de cesse de vivre de sa passion et nous le prouve de manière originale.
Bien que l’exposition soit merveilleuse grâce à tout ce qu’elle nous propose (illustrations, figurines, sculptures, accessoires…), les fans les plus fervents seront certainement déçus de constater que certaines thématiques autour des films proposent moins de choses que ce que l’on aurait pu espérer, et notamment pour ce qui est des costumes. Mais, malgré cette présence discrète, ils marquent tout de même la mémoire des visiteurs, notamment avec celui d’Edward aux mains d’argent, toujours aussi impressionnant après plus de vingt ans après la sortie du film. Eva Green, présente lors de l’inauguration de l’exposition à aussi pu retrouver la robe qu’elle a porté sur le tournage de The Dark Shadows (sortie prévue courant 2012), laissant place à une découverte de bijoux, costumes, mais aussi des croquis ayant donné lieu à ce prochain film. Second désavantage (cependant mis hors de cause), l’exposition est si intéressante et prenante que l’on à l’impression d’en finir trop prématurément après plus d’une heure trente passée à l’intérieur à chercher les moindres détails et écouter les documents audiovisuels.
En compensation de ce petit manque, la cinémathèque propose une rétrospective de ses films du 7 Mars au 23 Mai, permettant ainsi de voir ou revoir au cinéma tout l’univers de Tim Burton de ses débuts dans la réalisation grâce à des films tels que James et la pêche géante qui invitera les enfants à entrer dans son monde, ou à revenir sur ses films plus récents en passant par les incontournables de sa carrière. Mais la cinémathèque ne s’arrête pas là puisqu’elle propose en parallèle une sélection de films influents dans la carrière du réalisateur, et qui nous permettent de connaitre un peu plus l’homme ainsi que ses goûts prononcés pour tout ce qui touche aux séries B hollywoodiennes de terreur, et à l’expressionnisme allemand. Des conférences et un colloque se joignent à la programmation afin de donner à tous l’occasion de mieux comprendre Tim Burton en quelques heures. A peine sorti, c’est une furieuse envie de revoir ses films qui vous prend au ventre afin de prolonger l’exposition tout en restant dans son incroyable univers.

Parfaitement conçue, l’exposition offre un régal pour les yeux et nous en apprend un peu plus sur la vie de Tim Burton en passant de son enfance à ses dernières réalisations par le biais des différentes œuvres exposées. A voir et revoir dans tous ses états elle permet d’entrer réellement dans l’univers du réalisateur sans vouloir en ressortir. Si vous n’avez pas encore eut l’occasion de vous y rendre, l’exposition à lieu jusqu’au 5 août prochain.

Tim Burton, Sans titre (Fille bleue avec crâne). 1992–99. Polaroid, 83,8 × 55,9 cm. Collection privée

Mordue de musique, littérature, cinéma et photographie. S'adonne à la musique et à l'écriture à ses heures perdues.

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