LITTÉRATURE

Hunger Games, l’histoire d’un totalitarisme futuriste



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La série Hunger Games compte de plus en plus d’adeptes, et commence à être comparée aux  plus grands best-sellers adolescents, à savoir Harry Potter et (malheureusement) Twilight. Ce succès ne pourra que se multiplier lors de la sortie de son adaptation cinématographique ce mois-ci. Nous allons voir que cette série est plus profonde que les ouvrages habituels, car au delà de ses allures de récit à suspens un brin romantique, elle cache une histoire politique de totalitarisme et d’évolution de l’homme particulièrement sombre qui peut être sujette à de nombreuses réflexions.

Hunger Games est qualifié de récit de science-fiction, car son action se situe longtemps après le XXI° siecle, et que certaines avancées technologiques sont constatables. Plus précisément, on le qualifie de dystopie, car, en opposition avec l’utopie, la société décrite est dans la pire situation possible. L’histoire se déroule sur les ruines des États-Unis. Suite à de nombreuses catastrophes humaines et naturelles, le pays, devenu Panem, a été réorganisé en 12 districts soumis à l’autorité absolue du Capitole.

L’enjeu principal se situe dans des jeux télévisés appelés les Hunger Games, où sont tirés au sort deux habitants de chaque districts, qui sont tous envoyés dans une arène. Ils n’ont alors qu’un seul but : survivre, et pour cela éliminer ses adversaires. En effet, les Jeux ne s’arrêteront que lorsqu’il ne restera qu’un dernier survivant, qui sera alors couvert de récompenses et d’honneur. Pendant ce temps, les “nobles” du Capitole se régalent de ce massacre humain, misant par exemple sur leur personnage favori. Ce principe macabre marque déjà un des questionnements de la série : jusqu’où la stupidité de la télé, la télé-réalité notamment, pourra-t-elle aller ? Jusqu’à quelles extrémités l’homme sera-t-il poussé ? Nous regardons alors différemment des programmes comme Koh-Lanta.

L’intérêt de cette émission télévisée ne s’arrête pas là. L’ensemble du pays est forcé de la regarder s’il ne veut pas commettre de grave délit, et un système de propagande s’instaure ainsi. Celle-ci vise à rappeler la domination du Capitole, et n’est pas sans lien avec la propagande massive qu’usaient les divers dictateurs, Staline et Hitler à la tête, mais aussi le roman 1984 d’Orwell, présentant de nombreux points communs avec l’univers de la série.

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Face à cette si forte soumission, une volonté de résister émerge, et c’est sa naissance et son développement qui est évoqué dans la série. Cependant, cette résistance est difficile à mettre en place, car la moindre attitude de rébellion entraîne une répression massive et violente du Capitole, qui tue sans la moindre pitié. Un district (état) a même été, selon les dires des dirigeants, entièrement rasé et détruit. Là encore, une telle condamnation d’opposants nous renvoie directement aux heures sombres de l’Histoire.

Ce qui rend ce récit plus fort que ceux traitant de ce thème dans un monde actuel ou plus ancien est la modernité, qui rend la dictature, le régime totalitaire plus fort encore. La population est constamment observée, et la moindre parole peut être écoutée et enregistrée, par l’usage d’oiseaux artificiels.

Une série se situant dans le futur présente un autre intérêt. Les divers romans historiques sont bien sûr très touchants car ils parlent de choses réelles, mais le lecteur est rassuré : pour beaucoup, ces horreurs ne sont que du passé, la dictature disparaît progressivement de la surface du globe, et l’homme a aujourd’hui pris conscience de ses erreurs. Sa méfiance s’endort. Au contraire, Hunger Games nous projette dans le futur. Bien que celui-ci soit caricaturé et apocalyptique, nous nous apercevons, avec un certain malaise, que le futur ne réserve peut être pas que des améliorations. L’homme peut replonger à tout moment dans des horreurs qui nous font cauchemarder, suite à des bouleversements humains ou des catastrophes naturels. Nous prenons conscience que rien n’est jamais acquis pour l’homme, et qu’une vigilance sera toujours nécessaires.

Bien que l’on ne puisse le considérer comme le plus beau livre jamais écrit, Hunger Games touche dans le fond des sujets sombres mais intéressants, car un régime totalitaire du futur n’est pas le thème le plus récurrent en littérature ado, et 1984 n’étant aujourd’hui plus si futuriste. Je conseille vivement cette série, qui à travers ces thèmes fait vivre un suspens et des émotions incroyables. Espérons que la profondeur du film, au cinéma le 21 mars se rapproche de celle du livre, pour qu’un public plus large encore découvre cette histoire si bouleversante.

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En illustration : Première et dernière image : le geai moqueur, symbole de la rébellion,
et une capture du film en image centrale

Toulousain curieux, accro aux bouquins, à la musique, à la sauce piquante des pizzas.

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