CINÉMA

Maïwenn

Le mois dernier, on vous parlait de Polisse (toujours à l’affiche), c’est l’occasion de revenir sur la filmographie de la talentueuse Maïwenn.

Maïwenn Le Besco entre dans le métier dès le plus jeune âge, poussée par sa mère actrice de pièces de théâtre à interpréter des rôles au cinéma sans en avoir véritablement la passion avant de créer son propre spectacle, Le Pois-chiche, inspiré de son enfance, qu’elle adaptera au cinéma dans le cadre du court-métrage « I am an actrice ». C’est ce qui lui donne envie de réaliser vraiment, elle va ainsi écrire, tourner, produire son premier long métrage, Pardonnez-moi.

C’est l’histoire de Violette, qui veut réaliser un film sur sa famille, pour l’enfant qu’elle porte, pour elle. Pour comprendre. Pourquoi son père la battait, pourquoi sa mère ne disait rien, pourquoi sa famille semble en permanence jouer une belle et grande représentation d’idéaux alors qu’il n’en est rien. Violette les poursuit, caméra au point, et mets les pieds dans le plat à peu plus à chaque fois pour trouver le vrai dans sa grande illusion familiale.

S’il s’agit d’un documenteur (et donc, d’une fiction), Pardonnez-moi s’inscrit néanmoins sur la même ligne que des films tel que Tarnation (Jonathan Caouette), il capte l’émotion vraie d’un réel, qui même joué ici, part d’une vérité profonde. Maïwenn déclare d’ailleurs lors de la promotion du film qu’elle aurait voulu le faire pour de vrai, mais que n’en ayant pas le courage elle s’était décidée à tourner son film avec des acteurs.

L’émotion n’en est pas moins intense, et Pardonnez-moi est un de ces films qui ne laisse pas indifférent, de par son histoire, la façon dont elle est présentée, alternant les plans filmés par le personnage et des plans externes la montrant entrain de réaliser son documentaire, mais aussi de par les acteurs qui la portent, que ce soit Pascal Greggory, magistral dans le rôle du père accusé, ou bien Hélène de Fougerolles et Mélanie Thierry, parfaites dans le rôle des soeurs de Violette, perdues au milieu d’un conflit violent où personne ne sait vraiment qui détient la vérité.

Ce qui rend ce film aussi violent, d’un point de vue émotionnel, c’est ce doute qui finit par apparaître, peut-être Violette serait-elle une menteuse, une inventrice, peut-être serait-elle en vérité le personnage principal de sa propre fiction ? La question viendra ronger le spectateur qui ne voudra pas y croire, et aucune réponse réelle ne sera apportée, cependant, l’atout de ce film est apporté par le fait qu’il ne soit pas un documentaire : les plans de Violette en dehors de sa caméra, chez sa psy notamment, nous poussent à la croire. Mais alors, si elle dit vrai, comment sa famille peut-elle effectivement ne pas la croire ? Dans une société où l’on tend à considérer les victimes comme des menteurs, ce film criant de vérité est un véritable appel à la remise en question.

Quatre ans après Pardonnez-moi, Maïwenn réalise son deuxième long-métrage, Le Bal des Actrices, et là encore, elle joue habilement des frontières de la fiction avec la réalité.

Le film parle de Maïwenn qui veut réaliser un film sur les actrices en y montrant tout : « les populaires, les inconnues, les intellos, les comiques, les oubliées », et là où ça se complique pour le spectateur, c’est que ces actrices sont des actrices réelles, jouant leur propre rôle. Jeanne Balibar, Romane Bohringer, Julie Depardieu, Mélanie Doutey et bien d’autres encore. Chaque personnage que nous verrons à l’écran est en réalité une vraie personne. Où commence la fiction, qu’est ce qui est vrai ? Ce film déroute par son ambivalence, on ne distingue pas le vrai du faux, le scénario du dérapage, comme Maïwenn, on se prend au jeu de ces femmes, actrices au cinéma, actrices dans la vie. L’histoire est ponctuée de chansons, chantées par les actrices elles-même, venant régulièrement nous rappeler que nous sommes bien entrain de regarder un film, et que la fiction n’est effectivement pas loin, pour autant, le doute qui subsiste participe à la magie de ce film qui fait indéniablement passer un bon moment tout en ne perdant pas une once de la profondeur dont Maïwenn avait fait preuve dans Pardonnez-moi.

Je vous conseille véritablement de poser vos yeux sur ces deux films extrêmement bien réalisés, aux sujets audacieux qui exposent des tabous, et aux interprètes justes.

Et ensuite vint Polisse, mais ça, vous le savez déjà !

Photos : http://www.maiwenn.com/

J'ai 23 ans, j'écris de la fiction, je bois du thé, et je suis plutôt sympa. La dernière fois que j'ai été cool c'était en 2009. J'ai pas mal d'avis sur pas mal de sujets, mais si je t'ennuie, sache qu'on peut toujours parler du chat de mon coloc à la place.

You may also like

More in CINÉMA