Le théâtre : tout le monde le connaît, tout le monde en a lu, beaucoup en ont vu. Mais au théâtre, je ne sais pas si vous êtes déjà monté sur scène avec le chauffeur de salle, si vous avez hurlé avec lui sur la scène, si les deux premières rangées de sièges étaient couvertes avec des bâches et si vous avez dansé sur Sarà Perché Ti Amo à l’entracte. Si cela vous est déjà arrivé, j’imagine que vous avez assisté à Au moins j’aurai laissé un beau cadavre de Vincent Macaigne.
Le metteur en scène de 32 ans a adapté à sa manière un incontournable de Shakespeare : Hamlet. Quand je vous parle de « sa manière », c’est une manière déconcertante, c’est du sang, c’est de la violence et pourtant c’est si poétique et artistique.
Ce spectacle a déjà fait couler beaucoup d’encre cet été au festival d’Avignon et joué à Grenoble en novembre et à Orléans dés le 18 janvier prochain. Il aura laissé les spectateurs étourdis et les critiques divisées.
Peu importe si vous avez aimé la pièce, car vous avez vécu une expérience théâtrale incroyable !
Commençons par le décor : tombes, croix, harmonium, aquarium, distributeurs de boissons, squelettes, bosquets fleuris, escalier en colimaçon montant à une terrasse d’où les personnages s’agitent parfois derrière des vitres, sous le panneau en néon annonçant : « il n’y aura pas de miracle, ici » se juxtaposent sur la scène créant une ambiance dans cette pièce où l’oncle d’Hamlet, Claudius, tient le rôle le plus important et se dénude pour vous sans aucun complexe, sans aucune gêne.
Car oui, le théâtre de Macaigne c’est bien ça, on abolit les tabous, on met ses acteurs dans des situations embarrassantes, on hurle, on déverse des litres de sang et le public est égal aux acteurs, il est à nu, transporté dans ce monde. Et pour le transporter on utilise des fumées, on le fait rire, on offre un ananas et on joue la pièce dans les rangs. Comme ça, le public ne voit pas passer les 3 heures et demi, ovationne les acteurs, s’émoi devant la comédienne qui joue Ophélie si jeune et qui se fait violer sur scène.
Mais le jeu d’Ophélie n’est pas le seul à être impressionnant, tous sont impressionnants en passant par la mère d’Hamlet, Gertrude, si protectrice et irresponsable dont on retiendra cette réplique : « Qu’avons-nous fait de mal ? Nous avons juste été humain » et ce Hamlet si immature dont toutes les filles présentes dans la salle le trouveront craquant.
Oui, on peut aussi dire du théâtre de Macaigne qu’il est violent, parfois trop sanglant, trop bruyant, mais sa pièce est vivante, et on retrouve sûrement tout ce que Shakespeare a laissé comprendre sans le dire dans ces lignes.
Crédits photo : Christophe Raynaud de Lage