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Mode et Papier

« Mode et Papier »

Jusqu’au 29 septembre 2013, l’exposition « Mode et Papier » au Musée du papier d’Angoulême retrace l’histoire du papier dans la mode à travers les continents. Elle nous montre que le papier est le fil rouge dans l’élaboration d’une collection, entre les croquis, le patronage, les affiches publicitaires et les revues. Mais depuis quelques années on peut voir sur les catwalk que le papier n’est pas qu’un support pour la mode, au-delà des croquis préliminaires, des dessins de mode et des patrons, il peut aujourd’hui être considéré comme une matière à part entière.

Dans les années 60, l’entreprise Scott Paper Company a créé une robe en papier imprimé pour promouvoir ses produits. Dans les années suivantes l’idée s’est propagée et le vêtement en papier s’est transformé en objet publicitaire, politique, et même en œuvre d’art. Si l’utilisation du papier comme matière s’est popularisé avec Andy Warhol et sa “Robe soupe à la tomate“, il a pourtant vu son heure de gloire grâce à Issey Miyake qui a transposé les techniques de pliage de papier sur le textile. Dans les années 70, il est l’un des premiers créateurs japonais à présenter ses collections en Europe. Il a toujours utilisé des matières étrangères au monde de la mode comme le plastique, le fil de fer, l’osier, et le papier. Aujourd’hui, grâce à des technologies de pointes, Miyake a créé une ligne de vêtements entièrement plissés, Pleats Please, à l’instar d’un papier froissé.

Dans l’art du papier en général, le japon à une grande influence sur les techniques et les styles, avec notamment le pliage, origami, et le découpage, kirigami. L’artiste Nahoko Kojima excelle dans l’art du découpage, sous son scalpel le papier devient dentelle. Elle réalise des pièces de grande envergure, des sculptures d’animaux, de fantômes, de paysages. Mais au-delà de la technicité, le papier a une dimension plus poétique, d’éphémère et de fragilité, qui s’associe parfaitement avec la mode. Dans cet esprit, l’artiste scénographe Zoé Bradley lie dans son travail la technique et la poésie, pour concevoir des œuvres pour des vitrines de magasins ou pour de grandes maisons de couture. Après des études à l’université de Middlesex, elle a travaillé entre autre pour Alexander Mc Queen et a décoré les vitrines du Harrod’s à Londres, du Missoni en Italie et du Brown Thomas à Dublin, toujours dans un esprit conte de fées.

Dans un univers plus épuré, “Paper Girl” de Marty Lochmann pour le Fashion Gone Rogue reflète cet aspect d’éphémère et de fragilité que possède le papier. Une œuvre photographique avec le mannequin Tara Cassidy, très naturelle, avec un maquillage “nude”, à l’image du papier immaculé. Entre pliage et découpage, le papier se sculpte en papillon, en éventails, en végétation ou encore en col fleuri, tout en contraste entre les jours et les jeux de reliefs.

Ces œuvres très différentes montrent que l’originalité naît de recherches et d’expérimentations. Le papier est détourné de son utilisation habituelle, il n’est plus un outil de travail mais il devient une matière à part entière.

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