MUSIQUE

“Le festival Les Femmes S’en Mêlent est une célébration de la créativité féminine”

Depuis sa création, le festival Les Femmes S’en Mêlent célèbre la scène féminine indépendante. A sa naissance, il ne s’agissait alors que d’un unique concert parisien, qui se déroulait le 8 mars, journée internationale des droits de la femme. Le festival s’étend désormais aujourd’hui dans toute la France et se déroule cette année sur plusieurs soirées du 12 mars au 16 avril. Festival éclectique, les Femmes S’en Mêlent est un rendez-vous européen incontournable qui met en avant des artistes innovantes, affranchies et profondément singulières. Il accueille de nombreuses artistes internationales et fait la part belle à la découverte et à l’émergence de nouveaux talents. A l’occasion de la 18ème édition du festival, nous avons rencontré Stéphane Amiel, programmateur et directeur du festival Les Femmes S’en Mêlent.

Comment est née l’idée d’un festival dédié exclusivement aux artistes féminines ? 

Le projet est né il y a 19 ans à partir d’un prétexte, celui du 8 mars, la journée internationale de la femme. On est partis de cette base pour célébrer la scène musicale féminine. Après, ça peut paraître étonnant que deux hommes décident de créer un festival féminin. Pour ma part, j’ai toujours aimé les voix féminines. A l’époque, j’écoutais beaucoup de hard rock, des trucs un peu durs où il n’y avait souvent que des hommes. Et quand soudainement j’écoutais des groupes où il y avait une artiste féminine qui se démarquait, ça me marquait à chaque fois. J’aimais soutenir des artistes comme Kate Bush ou Blondie par exemple. C’est donc né d’un prétexte, à Paris, le 8 mars, mais le festival a ensuite évolué, se déclinant sur plusieurs dates et plusieurs villes.

Comment et où sélectionnez-vous les artistes qui jouent pour le festival ?

On trouve ces artistes, bien entendu dans les médias, mais c’est aussi beaucoup de bouche à oreille. Dans des pays étrangers, on trouve des gens qui aiment le festival et qui nous proposent des artistes par exemple. C’est aussi le cas pour des artistes qui ont déjà joué dans notre festival et qui nous proposent d’autres noms. Les artistes se connaissent souvent entre elles et vont donc nous en faire connaître d’autres, pas forcément connues. Mais justement, notre festival fonctionne parfois comme une plateforme, un tremplin pour certaines artistes. Après on a la chance d’être un festival féminin qui a réussi. De nombreux festivals ont émergé et se sont rapidement arrêtés. Notre longévité fait donc qu’on est connu un peu partout et qu’on nous contacte beaucoup pour nous proposer des noms. On a un peu cette étiquette de défricheur et de précurseur, ce qui nous offre de la visibilité.

Vous dites que vous êtes connus un peu partout, vous avez justement fait quelques dates à l’étranger. C’est une pratique que vous avez envie de réitérer ?

On a fait quelques tentatives à l’étranger, mais ça ne se maintient pas pour le moment. Par exemple, on a fait des dates à Montréal l’an dernier mais cette année c’était trop tôt pour tenter à nouveau. Sûrement en 2016… C’est déjà beaucoup de travail en France, on est indépendant donc personne ne nous mandate pour ça, on fait avec nos moyens et quelques subventions. A l’étranger, ça dépend des années. Il y a des femmes qui veulent nous supporter, mais cela dépend de leur réseau sur place. Il faut trouver les bons partenaires sur place pour que ça marche à l’étranger.

Quel est votre point de vue sur la place de la femme dans le milieu musical, milieu réputé comme étant très masculin ?

Le milieu musical est en effet un milieu où l’on trouve beaucoup d’hommes. C’est un milieu très masculin. Quand t’es une femme et que tu montes sur scène, t’es souvent accueillie par des hommes que ça soit au niveau des techniciens, des programmateurs etc. Il y a encore beaucoup de travail pour qu’il y ait plus de femmes au cœur de ces métiers-là. Après, on trouve de plus en plus de programmatrices femmes par exemple, comme à la Centrifugeuse à Pau. On fait aussi appel à des techniciennes pour le festival. Ça évolue, mais à l’image de la société, ça met du temps. C’est pourquoi, justement, on voulait mettre à l’honneur la femme parce qu’on remarque souvent que dans les gros festivals, on trouve très peu d’artistes féminines et ce sont souvent les mêmes. On voulait montrer la diversité, le foisonnement de cette scène musicale féminine. Il s’agit pour nous de dévoiler le côté éclaté de cette scène, de montrer que les filles n’ont rien à voir les unes avec les autres. On désirait véritablement casser les stéréotypes sur la musique féminine. On ne veut pas dire ce que doit être une scène féminine, on veut donner une visibilité à sa diversité, à des artistes innovantes.

Mais alors, y a-t-il une portée militante ou féministe dans ce festival ?

Ça ne fait pas partie du projet de base, mais ça a évolué. Les Femmes S’en Mêlent, c’est une célébration de la créativité féminine. Le fait d’être un festival indépendant fait que le festival est dans le même bateau que les artistes. Ce festival m’a permis de découvrir qu’on pouvait être féministe en étant un homme, ce n’est pas une question de genre. D’ailleurs, je pense que le monde se porterait mieux s’il y avait plus de filles en politique, ou dans les entreprises dirigeantes par exemple. Je pense qu’elles sont, le plus souvent, ce qui permet de créer du lien.

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