MUSIQUE

Spacegirl & Other Favorites de The Brian Jonestown Massacre – Méconnu, psychédélique et fondamental

Il y a maintenant un peu plus d’un an, alors qu’on discutait rock, et après que j’ai mentionné les Dandy Warhols, une amie me répliquait qu’elle préférait The Brian Jonestown Massacre. Un groupe que je ne connaissais pas alors et qui, selon elle, était le pendant « underground »  des Dandy Warhols. Quelques temps plus tard et après que deux ou trois autres personnes autour de moi ont mentionné ce nom je me décidai à me procurer la discographie de ce groupe. Ainsi je découvris l’OVNI qu’est The Brian Jonestown Massacre avec un de leurs premiers disques officiels, Spacegirl and Other Favorites.

Le Velvet Underground des années 90

Ce qui rend The Brian Jonestown Massacre si particulier, c’est avant tout la personnalité de son leader. En pleine explosion du grunge, le groupe fondé à San Francisco (ensuite basé à Portland) navigue à contre courant avec à sa tête Anton Newcombe, seul membre permanent du groupe et auteur-compositeur excessivement prolifique (3 albums rien que sur l’année 1996) qui enregistre alors à tour de bras des albums oscillant entre un rock psychédélique revival 60’s à la Velvet Underground, et du shoegaze façon Spacemen 3, le tout teinté de folk. Newcombe cite aussi comme influence les Rolling Stones, notamment pour leur attitude « rock’n’roll ». Le nom du groupe est d’ailleurs un jeu de mots liant le nom de Brian Jones, premier guitariste des Rolling Stones retrouvé mort d’overdose dans sa piscine, et le massacre de Jonestown, faisant référence au suicide collectif commis par la secte du pasteur Jim Jones.

Dig ! – Interloper Films – Droits réservés

Un leader mythique

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Anton Newcombe, auteur et compositeur des chansons du groupe, sur scène à la guitare – Droits réservés

Si aujourd’hui Anton mène une vie rangée à Berlin avec sa femme et leur fils, il a eu pendant les années 90 un style de vie plutôt débauché. Etant à l’époque accro à l’héroïne, il se comportait avec le groupe comme une sorte de gourou tyrannique. En effet, Anton prétend jouer près d’une centaine d’instruments différents et enregistre quasiment tout seul la plupart des albums. Ne supportant pas que la musique échappe à son contrôle, il n’est pas rare à l’époque que les concerts du groupe soient interrompus par une bagarre entre Anton et les autres musiciens, ou même avec le public ; qui vient parfois voir le groupe en espérant que le concert dégénère. Cette vie partagée entre concerts, disputes et drogues a été filmée par Ondi Timoner, qui a suivi le groupe pendant 7 ans et a réalisé à partir de ses archives Dig ! Sorti en 2004, le documentaire s’attache à dépeindre la relation d’amour-haine entre The Brian Jonestown Massacre et leurs amis/rivaux, les Dandy Warhols, en s’attardant amplement sur le personnage d’Anton Newcombe et la manière dont il a toujours semblé chercher à rester loin des majors et du succès en sabotant son propre groupe.

Bataille sur scène [vidéo]

Spacegirl & Other Favorites

 

Committee To Keep Music Evil – Droits réservés

En 1993, The Brian Jonestown Massacre publie Spacegirl & Other Favorites, le premier de leurs 14 albums « studio » (les guillemets sont de mise tant le son est lo-fi). Ce premier disque n’est disponible à l’époque qu’en 33 tours et n’est pressé qu’à 500 exemplaires. Il sera ressorti à de multiples reprises sur différents labels aussi bien en vinyle qu’en CD. En 2003, 6 titres bonus lui seront ajoutés. Ce disque préfigure ce que deviendra The BJM, un groupe à l’inspiration débordante, dont le leader utilise la musique comme d’un journal intime. On passe de titres rock pleins de larsen à des ballades folk psychéliques comme Spacegirl et sa suite Spacegirl (revisited) qui à elles deux s’étendent sur plus de 15 minutes.

Plusieurs des chansons de Spacegirl & Other Favorites se retrouveront sur l’album suivant Methodrone (1995). Ainsi, si ce disque fait aujourd’hui figure d’archive documentant le son des débuts de The Brian Jonestown Massacre, il n’en reste pas moins une excellente introduction à ce groupe qui semble être destiné à ne jamais percer, même si à l’heure actuelle le groupe reste toujours aussi productif. Leur dernier album, Revelation, sorti en 2014, conserve les sonorités folk chères à Anton Newcombe qui, tout en continuant à expérimenter (notamment avec l’usage d’instruments électroniques), semble désormais se diriger vers une musique plus en retenue.

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