MUSIQUE

Hanni El Khatib revient avec Moonlight

Enregistré en 30 jours, seul dans un studio de Los Angeles, Moonlight, troisième et nouvel album d’Hanni El Khatib a pour lourde tâche de succéder à Head In The Dirt,  sorti en 2013 et qui l’avait fait connaître au grand public.

Une chose est sûre : ce troisième opus est beaucoup plus sombre que les précédents albums, comme l’annoncent la pochette et le premier single éponyme, accompagné d’un clip très étrange et difficile à comprendre.  Moins pop que Head In The Dirt, plus que son premier Will The Guns Come Out, Moonlight sonne comme le mélange de ces deux périodes différentes, avec une naïveté perdue, dû aux longues tournées et aux désillusions sur le statut d’artiste acquis ces dernières années.

L’album s’ouvre donc sur le single Moonlight que l’on connait déjà. L’ambiance étrange, nuptiale et fantomatique que dégage ce morceau nous met dans le doute : doit-on danser, doit-on se sentir mal à l’aise, doit-on trouver ça beau ? Le morceau se termine et on ne sait toujours pas quoi penser. Melt Me commence, et on retrouve le mélange guitares acoustiques et électriques du premier album, totalement abandonnées sur le deuxième. Néanmoins, ce morceau n’a pas grand intérêt à part être sûrement le plus joyeux, ou du moins le moins noir de l’album. Et enfin on y arrive, LE morceau qu’on attendait : The Teeth est l’hymne garage énervé de Moonlight, comme une réponse à Fuck It You Win, sur son premier opus. Ce titre devrait réconcilier les fans de la première heure d’Hanni El Khatib, après qu’ils l’aient boudé à la sortie de son (trop ?) pop Head In The Dirt. S’ensuivent des titres pas très mémorables bien que sympas, comme Chasin’ ou Worship Song. On peut reprocher à Hanni El Khatib de ne pas aller au bout de ses envies, d’être trop passif et de se reposer sur le côté étrange de ses morceaux. On avance dans l’album, sans avoir trouvé la perle rare. Mexico commence, et on a l’impression d’entendre une mauvaise chanson pop pleurnicharde et ennuyante, puis arrive le refrain et on comprend où tout ça nous mène : la rage que dégage sa voix et les guitares stridentes nous mettent une vraie claque inattendue. C’est fort, c’est prenant, c’est entêtant et on écoute ce morceau en boucle juste pour ces trop courts passages.

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Comme si ce dernier titre faisait office de barrière, on rentre dans la deuxième partie de l’album, et c’est précisément à ce moment qu’arrivent les bonnes surprises de cet album : Servant, All Black, Home et Dance Hall sont exactement ce qu’on attendait, beaucoup plus électriques et plus dansantes que les premières chansons, elles sont notre raison même d’aimer Hanni El Khatib. Le mélange guitares / clavier offre un son vintage sans pour autant tomber dans le cliché. La boîte à rythmes sur Home offre une touche de modernité plutôt inattendue et risquée, mais au final pas désagréable. C’est alors qu’arrive la fin de l’album, et la question se pose : comment clôturer cet album éclectique, pour ne pas dire incohérent ? Il aurait été trop facile de finir avec un banal morceau en crescendo pour satisfaire tout le monde. Non, Hanni El Khatib est plus inventif que ça et il le prouve : Two Brothers est LE titre disco qu’on n’aurait jamais espéré voir sur un de ses albums. Après un couplet, la basse, la batterie, la guitare et les violon s’entremêlent pendant 4 minutes et nous emmènent très loin avant de s’arrêter brutalement.

Au final, cet album est sûrement le moins accessible d’Hanni El Khatib, et il l’explique lui même : “Ça sonne comme un mélange entre un python qui s’étrangle et un album de Can déformé. Je crois qu’il y assez de détours et de bizarreries sur ce disque pour que les gens se demandent ce que j’ai pu fumer.” Moonlight  est un album agréable mais peu de morceaux resteront dans nos mémoires pour longtemps, il ne reste plus qu’à les entendre en concert pour véritablement constater leur efficacité. Notez au passage qu’Hanni El Khatib a réalisé lui même tout les visuels de l’album ainsi qu’un clip de 40 minutes pour illustrer son album, basé sur le principe du foundfootage.

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