MUSIQUE

Embarquez avec Jahen Oarsman, entre folk et musiques du monde

Le 3 Février dernier, il faisait la première partie de Moriarty au Normandy, à Saint-Lô. Jahen Oarsman, c’est le nouveau talent de la scène Caennaise. Après avoir participé au festival Chauffer dans la noirceur, où il a fait de « belles rencontres humaines », il a été accueilli par le Label « tour de chauffe », une aide importante pour l’artiste. Et si cette rencontre a été capitale, elle n’est pas la seule. L’artiste revient avec nous sur tous ces événements qui font de Jahen Oarsman l’artiste qu’on connaît aujourd’hui.

Jahen Oarsman. Oarsman, en anglais, ça veut dire « rameur », pourtant tu n’as pas l’air d’avoir tant ramé que ça alors pourquoi ce nom ?

Pour moi, c’était super dur de trouver un pseudo. J’avais des potes qui me filaient des pseudos que je trouvais pourris. Il m’appelle tous « Jibs », j’ai dit « surtout pas » ! J’avais envie de quelque chose qui ne fasse pas ringard, et puis qui reflète l’esprit de ce que je faisais. C’est de la folk mais ça reste assez instinctif, je mélange plein de styles. Donc j’ai essayé de faire une anagramme de mon nom et y a « Jaen » qui est ressorti,  j’ai rajouté un H juste parce que je trouvais ça beau. Jahen, c’est cool. Je me suis dit que ce serait mieux avec un nom de famille, surtout que Jahen, ça existe déjà. Et un soir, un pote m’a dit « ça va, tu ne rames pas trop pour ton pseudo ? », c’est un truc con quoi. Et j’ai été rameur, je faisais de l’aviron en Angleterre, alors je me suis dit « ramer, rameur ». J’ai réfléchi, ça faisait Jahen Oarsman et ça sonnait super bien dans mes oreilles, ça fait un peu nordique, c’est juste bien tombé. C’est compliqué mais ça ne s’est pas fait de manière compliquée.

Tu es auteur, compositeur, interprète. Comment procèdes-tu dans la création de tes morceaux ?

Je compose souvent les musiques suite à une émotion particulière qui me fait attraper ma guitare, puis il y a des mots qui me viennent un peu en écriture automatique. Après, il y a quelques chansons qui vont être une évidence, sinon j’ai les premiers mots qui sortent et je suis mon instinct car je ne sais pas de quoi je vais parler ! Ça peut m’arriver aussi d’avoir un texte et d’écrire des musiques mais c’est plus rare.

Pourquoi ce choix de l’anglais ?

Parce que personne ne comprend (rires).

Ta musique puise dans différents styles. Quelles sont tes influences ?

J’en ai énormément. J’ai été bercé par des vinyles, des Leonard Cohen, et puis de la soul, Aretha Franklin par exemple, des trucs plus anciens aussi avec des groupes de chanteurs blacks. Après, des années 90, genre folk rock, donc Oasis, forcément Ben Harper, Tracy Chapman, Joan Osborne, REM, The Smashing Pumpkins, Nirvana, Jeff Buckley, y en a beaucoup. Puis mes influences sont aussi venues par périodes, par exemple, quand j’étais en Angleterre, j’aimais beaucoup écouter Radiohead, les Stereophonics, qui est un groupe gallois, j’aimais beaucoup leurs premiers albums. Quand j’étais en Espagne, j’ai découvert d’autres choses, complètement différentes, plus soul genre Curtis Mayfield.

Et comment s’est formé le projet Jahen Oarsman ? Jean-Baptiste pratique la musique depuis ses 12 ans, mais à quel moment Jahen Oarsman est né ?

Je suis arrivé de Paris avec ma gratte et mes compos. J’avais mes compos d’il y a dix ans que je n’avais pas trop fait en public. J’ai fait quelques scènes en Espagne et  à Paris : la Scène Bastille, aussi dans un club jazz, le Baiser salé et à L’étage aussi. Donc je suis arrivé à Caen, ma guitare à la main. Jahen Oarsman, c’est moi, ce n’est pas un groupe. Et donc je change souvent de formation. Les gens, parfois, ne comprennent pas si je suis seul, à deux, à trois… Mais c’est parce que c’est moi, Jahen Oarsman.

Et comment t’entoures-tu, musicalement ?

Il y a eu beaucoup de rencontres et le projet a déjà beaucoup évolué. Il a déjà un an et demi. Quand je suis arrivé fin 2012, j’ai fait un concert en appartement et j’ai rencontré un premier percussionniste, Kevin, et on a tourné dans les bars. Ensuite, dans la même période, j’ai rencontré Milena et Damien, la violoncelliste et le guitariste. Avec Milena, on s’est rencontrés à une soirée, par hasard, et on a boeuffé. Le violoncelle, c’est mon instrument préféré, j’ai vu une fille avec un violoncelle, j’ai fait « oh mon dieu ». En plus, elle chantait super bien et elle était open pour faire des trucs classiques. Damien, je l’ai rencontré par des amis. Il est chanteur dans un groupe de soul dans la région. Ça a été évident, parce qu’on a les mêmes influences. Il faisait pas mal de chansons françaises et j’aimais beaucoup Tété par exemple, alors il a acheté une Weissenborn (guitare hawaïenne, ndlr) pour faire partie du projet. Au début, c’était percussions, guitare, violoncelle. Et la Weissenborn est arrivée après. Par la suite, on a fait un concert, son coloc’ Jimmy avait kiffé, il est venu faire un bœuf, on a fait batterie, percussions, violoncelle, c’était un truc de fou dans un tout petit bar. Mais la puissance … ! Et c’est là que je me suis dit qu’il fallait essayer de plus tourner. Et ça a commencé comme ça. En parallèle, j’ai fait des reprises dans un orchestre avec lequel j’ai fait 40 dates à l’année, donc j’ai eu du temps pendant la semaine pour développer le projet et je suis devenu Intermittent du spectacle. Ça m’a donc laissé du temps mais ça m’a aussi professionnalisé, notamment au niveau du matériel, ou encore au niveau de l’administratif : comment trouver tes dates par exemple, puisque je n’ai pas de tourneur. Voilà donc comment tout a démarré. Après, on a beaucoup joué pendant l’année, Damien est parti en Belgique car il avait besoin de faire un break, parce qu’on a chacun son métier à côté. Milena était étudiante aussi. Donc quand on a commencé à faire des dates, y avait aussi plus de contraintes, et chacun voulait sa liberté. Milena voulait aussi faire son projet personnel. Donc Valentin (O’Maley) a remplacé Damien très naturellement, parce qu’on jouait ensemble, c’était une évidence. J’ai aussi rencontré une nouvelle violoncelliste, qui travaille en ce moment, qui est en train de se préparer et qui fera des dates dans l’année. Mais cette année aussi, on va être amenés à faire pas mal de premières parties, on va pas mal tourner à deux, avec Valentin, qui a des orientations très funk. Cette année, il y a donc une petite innovation, il va y avoir beaucoup de blues, de rock, mais à deux, ça va sortir autre chose.

D’ailleurs, cette formation à deux, ce sera avec la Weissenborn, qui est un instrument assez atypique. Pourquoi ce choix d’instrument si particulier ?

On a un copain qui s’appelle Ben Harper en fait (rires).

Valentin : On a écouté Ben Harper tous les deux depuis tout petit. Moi je n’en jouais pas avant, je l’ai découvert avec le projet. Damien partait, il fallait prendre le relais, alors j’ai commandé une Weissenborn en Espagne, elle est arrivée deux semaines après et j’ai pris deux jours pour apprendre à en jouer, parce que le troisième, on avait une date ! Et puis j’adore apprendre des nouveaux instruments.

Vous avez fait de nombreuses premières parties, notamment celle d’Irma, au Cargö…

Oui, j’avais un pote Fred Atome, qui faisait la première partie, il m’a fait partager la première partie, c’était énorme. Et puis cette année, il va y avoir des dates sympas, dont deux nouvelles premières parties super cool. On fait le BBC en mars, avec Charles Pasi, super musicien, qui a d’ailleurs été musicien pour Ben Harper, et en avril, on va jouer en première partie de Cats & Trees aux Pieux.

Le Cargö est aussi super présent dans ta carrière…

Oui, je suis un artiste accompagné. En fait, il y a un pôle accompagnement : ils s’occupent de nous, mettent du matériel à notre disposition, de manière un peu plus privilégiée que d’autres groupes. Par exemple, à Caen, il y a Malo, Rakia… Donc nous cette année, on y est aussi. Là, on va faire des enregistrements, ils nous mettent à disposition le studio. On va aussi faire de la vidéo live, et puis des premières parties, grâce à eux. Je tiens aussi vraiment à remercier également toutes les personnes qui me tendent la main et ce depuis le début, par exemple les cafés concerts de Caen, grands ou petits, ce sont des gens formidables et sans eux rien n’aurait pu commencer.

Pour finir, ton EP s’intitule « Time is a catcher », d’où vient ce nom ?

En fait, j’ai arrêté la musique pendant longtemps, je ne pensais pas en faire mon métier, et en fait le temps m’a rattrapé. Je n’avais pas forcément envie de faire une chanson dessus, peut-être que j’en ferai une, mais c’est parce que parfois, il faut laisser faire les choses, et c’est souvent pour le mieux. Sur la pochette, il y a des rouages qui représentent le temps, d’ailleurs.

Ne perdez donc pas de temps, ouvrez bien vos esgourdes, parce que Jahen Oarsman débarque !

Vous pouvez retrouver son EP en écoute sur Soundcloud ainsi que toutes ses actualités musicales sur sa page Facebook.

Journaliste en terre bretonne, je vagabonde entre les pays pour cultiver ma passion de théâtre, de musique et de poivrons (surtout de poivrons). J'essaie tant bien que mal d'éduquer à l'égalité entre les sexes, il paraît qu'on appelle ça le féminisme. J'aime bien les séries télé dans mon canapé et passer des soirées dans les salles obscures. Bref, peut-être ici la seule personne normale.

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