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Magdalena Lamri : « Je suis convaincue que la culture peut faire évoluer les mentalités »

Présentée jusqu’au 9 avril à la Galerie du Théâtre du Crochetan, à Monthey en Suisse, l’exposition « Avant moi, le déluge » de l’artiste Magdalena Lamri interroge nos sociétés contemporaines et ses failles, le devenir de la planète et la précarité de l’homme. Rencontre avec l’artiste, ses inspirations et ses interrogations.

© Magdalena Lamri

« Les fondations de notre monde vacillent. Les murs de la maison se lézardent
irrémédiablement, le plafond s’écroule doucement. L’humanité, dans sa course
effrénée au toujours plus, entraîne la planète et les générations futures dans sa
chute.
 »

De cet état des lieux naissent les œuvres de Magdalena Lamri, artiste française qui, à travers le dessin et la peinture interroge notre monde et ses failles, le changement climatique et les vices humains, des questions de société mais aussi plus personnelles liées à l’enfance et la maternité. Son exposition Avant moi, le déluge est présentée à la Galerie du Théâtre du Crochetan à Monthey en Suisse jusqu’au 9 avril, et nous en avons profité pour lui poser quelques questions.

Maze : Vous abordez dans vos œuvres, des thèmes de société ou en tout cas, elles semblent en être inspirées. Diriez-vous que votre art est engagé ?

Magdalena Lamri : J’aborde, dans mon travail, des problématiques étroitement liées à notre monde contemporain, tout simplement car elles me questionnent en tant que citoyenne et humaine. Il me semble qu’il est important pour un artiste d’être conscient de son appartenance à la société dans laquelle il évolue, et encore plus essentiel qu’il renonce à une posture de spectateur. Je souhaite que mon travail questionne et suscite émotion et réflexion voire même du débat. Si c’est cela de l’art engagé alors, effectivement, je plaide coupable !

Pensez-vous que l’art peut avoir un impact sur le cours des choses, qu’il peut influencer les modes de vie ou de pensée d’une société ?

Je suis plus que convaincue que la Culture, de manière générale (littérature, cinéma, théâtre, art, musique, etc.) peut avoir des incidences sur l’évolution des mentalités. Et elle est clairement nécessaire en ce moment !

Quand vous dites en ce moment, pensez-vous à un événement en particulier ?

Difficile de faire un choix parmi tous les “évènements” qui auraient pu me marquer. Je suis bien trop souvent révoltée, bouleversée, scandalisée par l’actualité, pas plus tard que samedi soir dernier devant les Césars…

Greta, 2019 Fusain et graphite sur papier 45 x 55 cm © Magdalena Lamri

Adolescente, la catastrophe écologique liée au naufrage du pétrolier “Erika” m’a profondément marquée. Je me souviens encore de cette horrible sensation d’impuissance que j’ai ressentie face à ces images d’une infinie tristesse. Je crois que ce choc a fait prendre conscience à la jeune personne que j’étais, qu’en tant qu’être humain, nous avions des devoirs envers cette planète et que notre inconséquence pouvait être meurtrière.

Quelles sont vos inspirations artistiques ?

Je suis une grande admiratrice… Beaucoup d’artistes me touchent et m’émeuvent. Je peux vous citer le travail plein de poésie de Fabien Mérelle, celui si sensible du sculpteur Samuel Yal, les incroyables textes d’Astrid Chaffringeon, les merveilleux dessins de Jean Bedez, les peintures d’Adrain Ghenie ou d’Hélène Delmaire. Je pourrais continuer longtemps ainsi … L’art sous toutes ses formes est omniprésent dans ma vie et me semble vraiment vital.


Pour en revenir à l’exposition présentée actuellement à la Galerie du Théâtre du Crochetan à Monthey, quel a été le point de départ à la réalisation de la majeure partie des œuvres de l’exposition Avant moi, le déluge  ?

L’exposition rassemble des productions réalisées essentiellement ces deux dernières années et reflète les interrogations, les cauchemars, mais aussi les rêves qui m’ont habités ces dernières années. Je ne peux pas dire qu’il y ait un véritable point de départ… Je n’ai pas pour habitude de travailler par série. Depuis 10 ans, j’ai le sentiment d’écrire une histoire qui évolue avec moi et les années que je prends.

Pour finir, pourriez-vous nous parler de l’une de vos œuvres présentées dans ce cadre ?

J’ai évidemment beaucoup de tendresse pour les pièces inspirées par ma fille car j’ai l’impression que lorsque j’aborde ces problématiques liées à l’enfance, mon imaginaire devient infini. J’ai le sentiment de jouer de nouveau et de renouer avec une sorte de liberté d’insouciance !

J’ai également une petite préférence en ce moment pour les dessins au fusain.
C’est une technique que j’affectionne tout particulièrement ! Un si simple morceau de charbon offre une multitudes de possibilités de rendu ! J’avoue ne jamais me lasser de travailler avec ce médium, il continue de me surprendre à chaque nouvelle pièce mise en œuvre.

Exposition « Avant moi, le déluge » de Magdalena Lamri du samedi 15 février au jeudi 9 avril 2020, à la Galerie du Théâtre du Crochetan, Avenue du Théâtre 9
1870 Monthey, Suisse. Ouvert du lundi au vendredi de 14h à 18h. Entrée libre

Rédactrice en chef de la rubrique Art. Curieuse et intriguée par la création artistique sous toutes ses formes

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