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Les séries : la nouvelle obsession 2.0

« Tu as regardé le nouvel épisode de Game of Thrones ? », « Elle sort quand la nouvelle saison de The Walking Dead ? » ou « La bande-annonce de la nouvelle saison d’Orange is the New Black est top ! », autant de phrases que l’on entend par dizaines ces derniers temps, même lorsque l’on n’est pas soi-même consommateur de séries. Face à la montée en puissance du phénomène séries, le web s’est adapté afin de répondre au mieux à cette demande grandissante, modifiant par la même occasion nos habitudes de consommation de séries.

Les séries : la nouvelle passion connectée

Si le concept de la série – une intrigue qui s’étend sur plusieurs épisodes – n’est en lui-même absolument pas nouveau, l’engouement pour ce type de programmes est de plus en plus important.

De l’univers fantastique gore d’American Horror Story à l’univers post-apocalyptique de The Walking Dead ou médiévale de Game of Thrones, en passant par l’univers carcéral américain d’Orange is the New Black, il en faut pour tous les goûts et les genres se diversifient de plus en plus. Les univers sont aussi variés que les personnages que l’on suit au fil des saisons, à tel point que chacun peut aisément trouver une série à son goût tant le choix est large.

Aujourd’hui et grâce au système de vidéos à la demande, il n’est plus question de regarder uniquement les programmes qui passent à la télévision une fois par semaine, et de ce fait devoir attendre la semaine suivante pour connaitre la suite. Les services de SVOD (subscription video on demand) modifient nos habitudes de consommation de séries en offrant une flexibilité et un choix toujours plus grand ; exit les contraintes de dates et d’horaires imposées par les chaînes de télévision, aujourd’hui on peut visionner sa série n’importe où, n’importe quand et autant de temps qu’on le souhaite, à condition d’avoir une connexion à Internet. Ainsi, on est passé de « je regarde Desperate Housewives à la télévision à l’heure et à la date imposée par la chaîne » à « je regarde cette nouvelle série que je viens de découvrir et dont j’enchaîne les épisodes tant que je le veux ».

Le web s’adapte à cette nouvelle passion : entre SVOD, illégalité et streaming

L’Internet n’a alors pas eu d’autre choix que de s’adapter à cette nouvelle lubie connectée et propose de plus en plus de moyens pour faciliter le visionnage des passionnés de séries, et des plateformes se créent pour répondre à la demande grandissante. A commencer par le désormais célèbre Netflix, débarqué en France en 2014. Outre le fait de proposer des vidéos – qu’il s’agisse de séries ou de films – à la demande et en illimité par un système d’abonnement, le site propose également ses propres séries, comme les très connues House of Cards ou Orange is the New Black en 2013, Narcos en 2015 et plus récemment Marseille en 2016. Le succès fulgurant et souvent instantané des séries originales de Netflix illustre clairement l’engouement croissant qui se crée autour du phénomène séries, engouement sur lequel surfe le géant de la SVOD en proposant des contenus toujours plus variés pour attirer et satisfaire le plus grand nombre.

Par ailleurs, le service de SVOD apparaît comme une alternative au téléchargement illégal, auquel bon nombre de fans de séries avaient recours via des plateformes comme Cpasbien, référence en matière de téléchargement de torrents ; un procédé de partage de fichiers qui permet de télécharger du contenu via le net. Grâce à une mise à jour très régulière des nouveautés en matière de séries, les plus grands consommateurs y trouvent leur compte avec des milliers de torrents à télécharger, quitte à tomber dans l’illégalité.

La SVOD est également une alternative au streaming, que des centaines de sites comme Cacaoweb proposent sur la toile et qui consiste non pas à télécharger un fichier avant de pouvoir le regarder, mais à le regarder en ligne. Si regarder un contenu gratuitement en ligne semble être idéal pour les consommateurs de séries, le streaming offre la plupart du temps une qualité d’image moyenne voire médiocre, et les bugs sont fréquents. En outre, le visionnage n’est souvent pas illimité, et il faudra alors, une fois la limite de temps atteinte, attendre un certain temps ou payer une certaine somme pour pouvoir continuer à regarder un contenu en streaming.

Les sites consacrés aux séries se font eux aussi de plus en plus nombreux, avec notamment des sites comme Serial Watcher, sur lesquels on retrouve toute l’actualité séristique à travers des critiques, les dernières sorties, des bandes-annonces, des classements, des forums pour échanger avec d’autres fans… De quoi suivre l’actualité de nos programmes favoris et faire au passage de belles découvertes.

Une modification des habitudes de consommation qui n’est pas sans conséquences : le binge watching

La multiplicité des plateformes consacrées à cette nouvelle passion que sont les séries n’est pourtant pas sans conséquences. En effet, si regarder un ou deux épisodes le soir avant d’aller se coucher semble être un acte anodin, le développement de la vidéo à la demande et l’accès illimité aux contenus facilite énormément le gavage séristique : c’est ce qu’on appelle le binge watching. Cette nouvelle pratique culturelle, apparue dans la continuité des nouveaux procédés de visionnage, consiste à enchaîner les épisodes d’une même série les uns à la suite des autres sur une période relativement longue, s’étalant souvent sur plusieurs heures. Outre le fait que regarder un écran durant de longues périodes est nocif notamment pour les yeux, le binge watching est aussi vecteur d’un repli sur soi, jusqu’à conduire à une véritable dépression. Le site NPR, dans son article Does Binge Watching Make Us Depressed ? Good Question, évoque une étude menée par un étudiant de l’Université du Texas, Yoon Hi Sung, qui met en relation la pratique du binge watching avec les symptômes de la dépression et de la solitude. Cette étude tend à démontrer que les personnes qui regardent le plus de programmes auraient tendance à être plus déprimées. Si l’étude ne démontre pas de manière incontestable que le binge watching peut conduire à la dépression, elle met néanmoins en lumière une connexion entre les deux. Face à la montée en puissance du phénomène séries et par la même occasion de la pratique du binge watching, il faut rester vigilent et faire attention à ne pas sombrer dans une pratique trop intensive qui, comme la plupart des pratiques poussées à outrance, pourrait être nocive.

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