CINÉMA

Les séries à ne pas manquer

On n’arrête plus les séries. Il y en a un nombre infini. Et il y a un nombre impressionnant de séries de qualité. Le phénomène est ancien, en Angleterre par exemple la BBC s’est intéressée dès les années 30 à la télévision. Nous avons aussi eu de très bonnes séries en France (si si !) et aujourd’hui les Etats-Unis sont le pays principal producteur de celles de qualité.

Ce qu’il faut noter, c’est que les spectateurs se dirigent de plus en plus vers les séries. Au lieu de regarder un film, on se plonge dans quelques épisodes. On a désormais compris que les séries peuvent développer un scénario de qualité, avec une écriture brillante, des personnages complexes, un suspense haletant, une belle réalisation et une formidable interprétation. Les séries ont dépassé le statut du truc plaisant à regarder avant de dîner. C’est maintenant un véritable rendez-vous, on attend le nouvel épisode avec impatience, on vibre pour cela. Le dernier bug des services HBO pour l’ultime épisode de True Detective en est la preuve récente.

Et même, comme les films, les séries peuvent reprendre un scénario d’un livre déjà existant. C’est le cas de A Song of Ice and Fire, qui d’abord écrit par Georges R. R. Martin, est le livre qui a inspiré Games of Thrones, série culte des années 2010. La création de la série en 2011 a fait comme un choc dans l’univers des séries, qui l’a propulsé en première place sur le classement des meilleures séries par Allociné. Et même, raison de son succès, cette série a été téléchargée illégalement, à tel point que 20 Minutes, la classe comme la série la plus piratée en 2012 et 2013. Comme Games of Thrones, The Walking Dead est aussi adapté d’un comic’s, qui ayant connu un vif succès en livre, en a connu un encore plus considérable en série télévisé. On peut noter le même fait pour la série Sherlock, inspirée des ouvrages de Sir Arthur Conan Doyle. Même en n’étant pas inspiré de livre, certaines séries développent un scénario de qualité, comme Breaking Bad ou bien Dexter, sur de nombreuses saisons.

De son côté, le monde du cinéma a aussi compris que les séries ont de l’avenir. De plus en plus de réalisateurs ou d’acteurs sautent le pas. David Fincher, Kevin Spacey, Claire Danes, Matthew McConaughey, Meryl Streep, Al Pacino, etc… la liste est longue. Ils ont compris l’engouement qui est né pour les séries. On peut désormais développer un scénario, dépasser les limites de l’intrigue, créer encore plus de rebondissements. Le spectateur accepte de plus en plus facilement de passer du temps devant une série, de s’attacher à son intrigue, à son personnage. Il  privilégie la série sur le cinéma, on privilégie aussi l’histoire sur le long terme plutôt que sur le court terme.

Face à cela, c’est Hollywood qui est déstabilisé. Le temps où les acteurs se faisaient d’abord un nom avec une série avant de devenir une star de cinéma est révolu. Les séries prennent de l’importance, les producteurs le savent et ils prennent cela en considération. En France, la réactivité est tardive mais bien présente : on retrouve des sections de formations pour l’écriture de séries à la Cité du Cinéma de Besson et récemment à la FEMIS.

Dans Maze, nous avons aussi cédé… Du coup, non vous proposons un dossier sur les séries à ne pas manquer !

 

Thibaut Azgard et Philippe Husson

 

 

Breaking bad 

A l’aube de ses 50 ans, la vie de Walter White (interprété par le père de Malcom, Bryan Cranston) passe soudainement de « Peace, Love et Having Fun » à « Bitch, Drug & Heavy Gun » comme disait Akhénaton sur l’album Art Martiens. Quoi de mieux en effet pour briser la routine pour ce professeur surqualifié de physique chimie, père d’un fils handicapé et en attente d’une fille non désirée, que d’apprendre qu’il a un cancer du poumon en phase terminale ? Le temps est alors compté pour celui qui se fera nommer ‘Heisenberg’, en référence au célèbre chimiste lauréat du prix Nobel de Physique en 1932. Il ne lui reste qu’un, voire deux ans à vivre selon les docteurs, au vu de la gravité et de l’avancement de sa maladie…

Ne pouvant simultanément subvenir aux besoins de sa famille et payer son traitement, et souhaitant mettre sa famille à l’abri, Walter se lance dans ce qui semble objectivement être une aberration : utiliser son talent scientifique au profit de causes répréhensibles, à savoir la fabrication de méthamphétamine… et pas n’importe laquelle : une méthamphétamine bleue et presque pure, d’une qualité exceptionnelle…  Pour cela, le quinquagénaire se fait aider par Jesse Pinkman, un ancien de ses élèves, toxicomane, jeune homme torturé et rapidement dépassé par la situation et que joue à la perfection Aaron Paul. Se crée alors un tandem peu commun, mais particulièrement touchant.

Cependant, vous le comprendrez aisément, la vie d’un baron de la drogue n’est pas de tout repos : le chimiste doit cacher sa double vie à sa femme – probablement le personnage le moins apprécié de l’histoire du cinéma que joue Anna Gunn, et à sa famille – dont Hank, son beau-frère, agent de la DEA qu’interprète Dean Norris. Au fil de l’histoire, Walter se perd en mensonges et coups bas, vogue durant cinq saisons sur les vagues d’une vie instable et dangereuse, où tout se joue à coups de millions et d’incroyables rebondissements.

La force de la série Breaking Bad est qu’elle garde un rythme constant… sur cinq saisons, aucune n’est en porte-à-faux.  Le suspens qui monte crescendo, est digne des plus grands thrillers hitchockiens. Remerciements et hommage à Vince Gilligant : c’est sous sa direction qu’a été tournée la série Breaking Bad. Le réalisateur offre au public une œuvre culte, une série déjà considérée par ceux qui l’ont suivi comme l’une des plus grandes séries jamais réalisées.

Victor Jayet-Besnard

Ce que les rédacteurs en disent :

Breaking Bad est la série “juste comme il faut” : un peu ironique, un poil déjantée et légèrement moralisatrice. L’histoire nous intéresse vite et avec son nom comme sorti du cluedo, Mr. White est un personnage touchant qui nous happe en quelques minutes.” Emma

Breaking Bad est actuellement la meilleure série que je n’ai jamais vue (aux côtés de Dexter tout de même). Vince Gilligan est un génie et les acteurs nous dévoilent une performance incroyable. L’intrigue est dingue, l’impatience de voir le prochain épisode est toujours là. Du rythme, du suspense, de l’esthétisme, de l’humour comme il faut, des larmes parfois : cette série est parfaite. Jamais on ne s’ennuie avec ce scénario hors du commun.” Noa

“La crème de la crème des séries US actuelles (ça vient de finir). Ça a la forme d’une série mais ça se déguste comme un long film génial en tout point. A voir pour l’audace des situations, pour l’incroyable évolution et justesse des personnages. Et bien sur, pour le portrait de Walter White, ce fabuleux anti-héros, ce self-made-man en puissance qui, en devenant le baron de Blue Meth voulait au final, juste se sentir vivant.” Lisa

Homeland

Un sergent américain est fait prisonnier avec son camarade en Irak. Huit ans plus tard, il est libéré, par un commando armé. L’Amérique le pensait mort, voilà qu’il ressurgit. Accueilli en héros par son pays, l’agent du FBI Carrie Mathison est persuadée que le Marine est passé dans le camp ennemi. Elle croit aussi qu’il a pour objectif de préparer le prochain attentat terroriste en Amérique. Mais elle n’a aucune preuve. Elle ne possède que son instinct pour prouver cela et elle se retrouve seule face à une Amérique qui acclame le Sergent Brody.

Déjà quatre saisons pour Homeland. C’est une série complète qui développe avec intérêt ses personnages. On voit par exemple le difficile retour du héros dans sa famille après huit ans d’absence. Il n’a pas vu ses enfants grandir, sa femme le pensait mort et il ressurgit par surprise. Homeland développe avec brio cet aspect difficile et méconnu du retour des militaires à la vie quotidienne après tant d’absence. En face, Carrie Mathison. On en apprend aussi beaucoup sur sa vie, sur sa famille et sur son passé. Rien n’est négligé. Et c’est l’affrontement entre les deux personnages principaux qui est passionnant.

Déjà quatre saisons donc. La première avait été acclamée par tous. Que ce soit Obama, les spectateurs ou les critiques, Homeland apparaissait comme une série majeure. Même résultat pour la saison 2, même si elle a forcément fait quelque déçus. Mais c’est la saison 3, très critiquée et très controversée qui ternit aujourd’hui l’image de cette très bonne série. Alors oui, chacun a son avis sur cette fameuse troisième saison, à vous de vous faire le vôtre. Et n’hésitez surtout pas à dévorer les deux premières saisons en attendant.

Philippe Husson

 

The Big Bang Theory

Lorsque Penny, une jeune et jolie femme, vient s’installer juste à côté de chez Leonard et Sheldon, deux astrophysiciens théoriciens, ces derniers vont devoir sortir de leur bulle et découvrir le monde réel qu’ils avaient négligé jusque-là. Avec leurs amis, Hodward et Rajesh, les deux petits ingénieux vont vivre des tas d’aventures avec cette fameuse Penny. Cette série illustre le parfait exemple des sitcoms américains : c’est-à-dire une série humoristique, dont les épisodes sont assez courts (environ 20/30 min pour un épisode de The Big Bang Theory) où l’action se passe dans un lieu récurent (ici, les appartements respectifs et le palier). Comme le dit si bien le mot sitcom, cette série est bourrée d’humour à l’américaine où les vannes que l’on pourrait croire un peu trop « intellos » ou bien lourdes sont complètement drôles. Même si on ne comprend pas tout, le décalage avec les théories en astrophysique et la vie réelle en est complètement comique. Le personnage principal est Sheldon, qui donne sa touche de cynisme et une certaine puissance à cette série pour fonctionner et ne pas lasser le téléspectateur. Malgré le fait que Sheldon soit quasi-constamment au premier plan, d’autres personnages sont approfondis comme Penny, Leonard ainsi que Hodward et Rajesh. Les scénarios ne sont pas formidables, mais les histoires complètement hallucinantes et déjantées sont toujours au rendez-vous. Grâce à tous ces atouts, The Big Bang Theory est la série complètement folle et décalée, qui en fera rire plus d’un. En regardant cette série, on aurait presque moins peur des scientifiques…

Thibaut Azgard

Ce que les rédacteurs en disent :

“Sur un principe un peu bébête : les génies des sciences et la blonde sexy, cette série s’est révélée pleine de surprises ! Pour les geeks, les fans de Marvel et les férus de science c’est La bonne série. Et pour les autres, vous y trouverez plein de références. Entre travail, amitié, amour et BD, c’est une ambiance bon enfant, agréable à regarder.” Anne-Flore

“On ne se lasse pas des histoires comiques de cette bande de geeks. C’est drôle et sans prise de tête.” Philippe

“Bon sitcom comique avec une bonne bande de potes à l’air de son temps. Je pense que la série a indirectement participé à la déculpabilisation des geeks à être geeks, qu’elle les/nous a même rendus un peu hype ! Je n’ai qu’un mot : Bazinga !” Lisa

Sherlock

Diffusée pour la première fois en 2010 sur la BBC One, Sherlock est une version moderne des histoires du plus célèbre détective privé anglais issu des romans de Sir Arthur Conan Doyle. Et elle n’a pas été créée par des novices des séries : en effet ce sont Mark Gatiss et Steven Moffat qui sont aux commandes, ceux qui ont relancé Doctor Who ces dernières années. Petit retour sur cette série à la fanbase grandissante de jour en jour.

Sherlock, c’est bien évidemment les histoires de Sherlock Holmes et John Watson, mais situées au XXIème siècle. C’est une vraie réussite scénaristique que d’adapter leurs aventures à notre époque. Enquêtes pour meurtres, trafics, ou autres affaires sordides, sans compter tous les problèmes que leur pose le « criminel consultant » Moriarty ! Mais l’intérêt de la série se trouve tout autant dans les personnalités très pointues de Sherlock et John, leur amitié malgré leurs différences et leur travail en commun. L’un est (trop) intelligent et, comme il se décrit, « a highly functioning sociopath », l’autre est un soldat fraichement rentré de la guerre qui a un peu plus les pieds sur terre. Avec beaucoup de suspense, les épisodes s’enchainent et ne se ressemblent pas, et on ne peut pas en finir un sans que le twist final ou la trame nous amène à être plus qu’impatient de voir le prochain. Sans oublier une petite dose d’humour anglais ! Réalisés et mis en scène comme des films, vous allez vous régaler à voir le fil des déductions de Sherlock sur votre écran ou visiter des endroits de Londres connus ou moins connus.

Ça brille aussi coté casting, car, même si ils n’étaient pas des stars au démarrage de la série, Sherlock est joué par Benedict Cumberbatch (12 Years A Slave, Smaug dans Le Hobbit, Star Trek Into Darkness, Un Eté à Osage County, etc, que vous connaissez tous maintenant suite à son photobomb mythique de U2 aux Oscars) et Watson par Martin Freeman (le Hobbit dans Le Hobbit). Le rôle de Sherlock a vraiment révélé Benedict Cumberbatch et semble taillé pour lui : expressions du visage, débit de paroles et voix, prestance, charisme, humour, tout y est pour rendre cette version de Sherlock unique et pour adorer ce personnage.  Le reste du casting est interprété par des acteurs anglais peu connu mais très bons comme Andrew Scott (Moriarty), Mark Gatiss (Mycroft Holmes), Rupert Graves (Gregory Lestrade), etc.

Mais qu’on se le dise, Sherlock ce n’est pas une série « normale ». Avec des saisons de seulement 3 épisodes d’1h30, en deux semaines elles sont pliées et on reste vite sur notre faim. Mais cela reste un format très original ! Actuellement 3 saisons et un petit épisode de Noël ont été diffusés, la dernière datant tout juste de janvier 2014. Nous devrons alors patienter (sûrement) jusqu’en 2016 pour la saison 4 alors n’hésitez pas à vous mettre à jour. Par ailleurs, France 4, après avoir fait réviser les saisons 1 et 2 le mois dernier, diffusera à partir du 3 avril, tous les jeudi soirs, la saison 3 pour la première fois en France (et en multilingue) !

Laurie Montagner

Ce que les rédacteurs en disent :

Sherlock, c’est comme un bon film, à la différence que les suites ne sont pas des erreurs ! Très rapidement on se prend au jeu, on tente de deviner, on s’attache aux personnages comme si on les connaissait depuis toujours. Chaque épisode a son rôle. Dans le premier, on a les réponses à toutes nos questions, dans le deuxième on en apprend de toutes les couleurs, et le troisième… le troisième est celui qui vous rend dingue, et vous fait toujours attendre la suite !”  Anne-Flore

“Plonger dans un Sherlock Holmes moderne, plus que surprenant.” Thibaut

House of cards

De la politique américaine, du journalisme et du machiavélisme, voici la recette à succès de House of Cards. L’histoire est simple, Frank Underwood est le chef de la majorité démocrate à la Chambre des Représentants. Lors de l’élection présidentielle, il aide le candidat démocrate à être élu en échange du poste de Secrétaire d’Etat. Sauf qu’une fois le démocrate Président, il ne respecte pas le pacte. Malheureusement pour lui, on ne trompe pas Frank Underwood comme cela. Bien décidé à se venger, il met en place tout un plan complexe pour parvenir à ses fins : le poste suprême.

La force de House of Cards est le sentiment ambigu qu’elle procure par rapport au personnage principal. Toutes les manigances de Frank Underwood, ses coups bas, son plaisir à faire tomber ses adversaires un à un nous font jubiler parce que l’on veut, comme lui, qu’il puisse se venger. Mais on est aussi effaré de voir jusqu’où il peut aller. Cela tient forcément à la situation de départ, il est illogiquement évincé du poste de Secrétaire d’Etat et on veut qu’il se venge. Mais cela tient aussi et surtout au charisme qu’il dégage, il met en place un véritable jeu de séduction avec le spectateur et on a irrésistiblement envie que son plan fonctionne.

Évidemment, si vous aimez la politique américaine ou le journalisme, House of Cards est fait pour vous. La série mêle habilement les deux et décrit un monde politique parfois totalement invraisemblable, voire scandaleux. Mais House of Cards a aussi quelque chose de shakespearien. Cela fait notamment penser à Richard III, ce roi hideux prêt à tout pour éliminer son frère afin de monter sur le trône. Et la saison 2 a quelque chose de Mac Beth, avec le dévouement de la femme pour son mari. Cette deuxième saison est d’ailleurs bien plus tournée vers le couple. On observe les Underwood, leur fonctionnement, leur dévouement, leur amour étrange mais total. Cela donne une touche d’humanité dans un monde qui en est dépourvu, par leur faute.

Enfin, il est difficile d’aborder House of Cards sans parler du pari risqué mais entièrement réussi pris dès la saison une. C’est une série produite et diffusée par Internet et dont les épisodes sont tous disponibles dès le début. Pas besoin d’attendre le rendez-vous hebdomadaire pour connaitre les nouvelles manigances de Frank Underwood. Et évidemment, il faut évoquer la qualité de la réalisation (certains épisodes sont signés David Fincher ou encore Jodie Foster) et les brillantes prestations, Kevin Spacey et Robin Wright en tête.  Bref, c’est jubilatoire et brillant.

Philippe Husson

True Detective

Des accords de guitare se lancent. Une usine fumeuse et grisâtre s’impose derrière un champ où l’herbe parait en deuil. Les visages se dessinent en filigrane dans le ciel. Les silhouette s’effacent et reviennent. Les vues aériennes se multiplient, accompagnées d’un chant envoûtant. Les doubles sens se multiplient à travers les premiers pixels. Le générique de True Detective est à l’image de la série : esthétiquement exceptionnel, musicalement accrocheuse dans une gigantesque mise en abyme. Et ces images que vous adorerez revoir reflètent l’essence de la série de Nic Pizzolatto : du mystère à l’état pur.

Deux inspecteurs, joués par un Matthew McConaughey génial et un Woody Harrelson bougon, commencent à raconter leur travail sur une affaire étrange. Une femme a été tuée et mise en scène ; sans être dans le cliché, les rites sataniques ne sont pas loin. Une double intrigue se construit alors, une double enquête. La première est menée de main de maître par les inspecteurs Rust Cohle et Martin Hart, pour retrouver le tueur. Martin a sa réputation, Rust le talent de l’intuition et de la persuasion. La seconde se passe dans un bureau, quelques années plus tard et ce sont les deux personnages qui sont passés au crible. L’idée scénaristique et l’immense montage parallèle de ces huit premiers épisodes sont des moments qui vous attrapent, vous retournent et vous percutent.

Nic Pizzolatto et son équipe ont donné naissance à un véritable ovni. Oubliez ces séries aux 25 personnages où les épisodes s’emmêlent comme des spaghettis. L’imaginaire de True Detective est d’une richesse incroyable, mêlant dialogues longs et plan-séquences mouvementés. Les deux hommes sont le centre de gravité de deux dimensions temporelles palpitantes. Et la première saison se concentre essentiellement sur eux. Elle les sonde, dans leurs tréfonds les plus fragiles, à la fois monstrueux et humains. L’interaction de Rust Cohle avec de simples cannettes pendant son interrogatoire est un vrai miracle et répond à son comportement pratiquement schizophrène quelques années plus tôt. Entre abandon et maîtrise, tout parait à sa place. Le maquillage et les costumes ont le souci d’une crédibilité étonnante. Même la bande originale signée T Bone Burnett, pourtant rare, est rigoureusement cohérente.

True Detective innove et ça nous plait. Scénario, montage et mouvements de caméras, en dehors de la dimension psychologique voire mystique qui ne rassemblera pas forcément, l’ensemble est sub-ju-guant.

Benoit Michaely

 

The Walking Dead

 

Adapté du comic’s éponyme de Robert Kirkman, The Walking Dead, réalisé par Frank Darabont, plante le décor macabre d’une série événement. Récompensé par de nombreux prix, acclamé par la critique autant que les téléspectateurs, The Walking Dead se classe parmi les séries cultes du XXIe siècle. Lorsque Rick (Andrew Lincoln) se réveille après son coma, l’hôpital est vide mis à part quelques zombies. Une épidémie a ravagé le monde, ceux qui se sont fait mordre sont devenus des zombies. C’est dans ce monde post-apocalyptique que se déroulent les aventures des survivants. Mais, vous imaginiez bien que ce n’est pas de tout repos : se débarrasser d’une meute de zombies, lutter contre la famine… Autant d’énigmes et de problèmes pour nos survivants. Et ne parlons pas des états d’âme : entre disputes, amour, amitié, la survie risque d’être plus compliquée que prévue. La réelle force de cette série, c’est bien sûr, les zombies, réalisés quasi-uniquement avec du maquillage, qui donnent le style et la ligne de conduite des épisodes. Cette esthétique n’empêche pas le scénario d’être très construit et très intéressant même si parfois, l’histoire traîne un peu en longueur. Les acteurs arrivent très bien à interpréter leurs personnages, en effet le défi est encore plus de taille car les états d’âme de chacun sont souvent en dents de scie. Ces personnages sont un peu des gens de tous les jours auxquels le spectateur peut s’identifier. Malgré de nombreux personnages, la série arrive à développer, avec plus ou moins d’aisance, la personnalité et la sensibilité de chacun. The Walking Dead est donc une série de grande qualité qui saura en faire sursauter plus d’un.

Thibaut Azgard

Game of Thrones

Le 6 avril. Tous les fans de la série connaissent cette date. Tous les fans l’attendent avec impatience. Elle marquera le coup d’envoi de la quatrième saison de cette série au succès incroyable. A coup sûr, elle va encore battre des records. Car Game of Thrones c’est la série de tous les records : un budget pharaonique pour une série, des millions de téléspectateurs toujours au rendez-vous, un casting incroyable avec un nombre impressionnant de figurants. Games of Thrones s’est rapidement imposée comme la série qu’il fallait absolument voir. Adapté des romans de George R.R Martin, elle lie le suspense à l’incroyable, le spectaculaire à l’intimiste, le succès à la qualité. Ce n’était pourtant pas gagné au départ. Il a fallu acquérir les droits d’une saga dont la fin n’est toujours pas écrite. Il a fallu adapter les épais romans en épisodes sans perdre ce qu’il y avait de meilleur. Il a fallu trouver le budget nécessaire. Les acteurs. Et il a fallu familiariser un public à une intrigue complexe et le plonger au cœur du suspens.

Game of Thrones relate la course pour le Trône de fer entre différentes maisons représentants des continents fictifs allant de Westeros à Essos. Parallèlement, « Winter is coming » avec son lot de représentations mythiques effrayant les habitants des contrées. Ajoutez à cela l’exilée qui veut reconquérir le Trône et qui, pour cela, rassemble une armée gigantesque épaulée par une poignée de dragons. Du spectaculaire, du fantastique, de l’immoralité et beaucoup de suspens, voilà le cocktail jubilatoire de la série. La force de la série réside principalement dans ses personnages ambigus, que l’on a autant envie de soutenir que de détester. On s’identifie tous à une Maison et on a envie de la voir gagner, malgré tout (Lannister !). Enfin, elle explore différents sujets comme les enjeux de pouvoir, la religion, la sexualité, ou encore les relations sociales avec beaucoup d’intelligence. Game of Thrones est une série de qualité dont on ne se lasse pas et dont on attend le retour avec impatience.

Philippe Husson

The Wire

Dans le petit monde des séries, si Orange is the New Black (Jenji Kohan ; 2013), The Wire would be the new Rougon-Macquart. Et pourtant à première vue, rien ne relierait à la fresque littéraire de Zola la série américaine du maintenant canonisé David Simon. Et pourtant.

Baltimore, début du troisième millénaire : trafic de drogues en tous genres, ambiance ghetto et relations tendues entre la police et quartiers sous le joug de gangs régnant en maîtres. Il est vrai que sur le papier, les analogies pourraient être dures à trouver avec Zola… Mais The Wire, œuvre cinématographique peu commune, se rapproche plus d’une étude quasi-documentaire, sociologique, et réaliste que d’un vulgaire cop-show d’actions à la fin prédestinée, où ne sont montrées que les facettes de la société choisies par un réalisateur, fermant par omission les yeux sur de nombreuses réalités.

Et ce sont ces autres « réalités » qui sont ici analysées minutieusement, de façon anti-manichéenne, cinq saisons durant – chaque saison portant sur un thème différent : la lutte des gangs, la presse, les luttes politiques…  Déculpabilisant ou pointant du doigt coup sur coup tant les jeunes dealers – qui n’attendent qu’une chose, leur « promotion »  – que la police, qui elle aussi se voit placée tant sur le banc des victimes que des accusés, la caméra de Simon est objective et neutre. Bercé par un rythme très lent, The Wire représente avec une minutie horlogère tous les aspects d’une enquête policière, bien loin des enquêtes pseudo-scientifiques télévisées, et décrit de façon pessimiste (mais si émotionnellement crue) la ville de Baltimore rongée par la pègre et par les juges corrompus. Baltimore n’est au final plus le lieu de la série : elle en devient le thème même. Durant une soixantaine d’heures les choses sont présentées telles qu’elles sont, sans aucun artifice. Quelquefois choquante, la série The Wire dénonce au moyen d’un réalisme cru la laideur de la société dont elle est contemporaine ; comme le fit Quentin Metsys avec son Portait de vieille femme, Simon dépeint la ville de Baltimore et ses secrets peu glorieux.

Fresque réaliste, photographie panoramique figée dans le temps, The Wire, malgré son échec commercial total, se révèle donc être une des meilleures séries jamais réalisées (adulée par le Time, SensCritique, etc.), qui vient repousser la fin du mouvement naturaliste de la fin du XIX° siècle à 2008.

Victor Jayet-Besnard

How I met your mother

Déjà 9 saisons. Certains ont grandi avec Friends, d’autres auront grandi avec « How I met ». L’ultime épisode a été diffusé, la porte peut désormais se refermer sur cette belle série comique.

How I met c’est l’histoire de Ted qui veut raconter à ses enfants comment il a rencontré leur mère. Pour cela, il évoque toutes les péripéties qu’il a pu connaître avec ses amis : Robin, son éternel amour, Barney, le séducteur invétéré, Lily et Marshall, le couple déjanté avec qui il est ami depuis la fac. Pendant les 9 saisons on attend de découvrir le visage de la mère. On en entend toujours parler, mais on ne la voit jamais. Et l’idée est géniale de tous nous faire languir.

How I met c’est cette série géniale qui vous fera toujours rigoler. Les personnages sont tous attachants, touchants et drôles. Il n’y en a pas un qui est laissé de côté. Bien sûr, Barney est le personnage emblématique de la série, le plus charismatique, le plus drôle. Mais les quatre autres apportent aussi beaucoup et ils n’ont pas été délaissés par les scénaristes.

Évidemment on peut reprocher des ressemblances frappantes avec Friends, un coup de mou à partir de la 7e saison, mais il faut reconnaître que How I met est une brillante série comique  que vous aimez retrouver comme un véritable groupe d’amis.

Philippe Husson

Ce que les rédacteurs en disent :

“Très américain, les rires préenregistrés et l’humour lourd sont vite lassants. La série est longue à démarrer, le genre de chose que l’on regarde en mettant ses chaussettes le matin avant d’aller en cours.” Emma

“Les premières saisons se font dans une ambiance de bar, chaleureuse et amicale. How I Met your Mother c’est 20 minutes de peps dans la journée, avec des personnages charismatiques et des anecdotes à n’en plus finir. Malheureusement ça sent un peu la fin, et devient un tantinet farfelu.” Anne-Flore

“Série devenue cultissime à sa juste valeur grâce à ses personnages, tous uniques et grâce à ses procédés narratifs pour le moins originaux. Cependant, au fil de ses –trop- nombreuses saisons, la série perd en qualité et s’essouffle au fil des épisodes. On dirait que les scénaristes sont en pannes sèches : la série et les personnages auraient bien besoin de fraicheur ! Contrairement aux séries comme Friends, HIMYM n’est pas intemporelle. Ceci dit, à voir jusqu’à la fin tout de même, pour découvrir la fameuse « mother » !” Lisa

Évidemment, nous ne pouvions vous dresser une liste de toutes les séries de qualité qui fleurissent dans le paysage télévisuel. Du coup, nous avons décidés d’évoquer celles que nous aimons pour essayer de vous donner envie de les regarder. A vous de choisir, dans toutes celles qui existent et de vous faire votre propre avis !

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