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DHOA : Dessiner, l’arme habile d’un artiste obstiné et affranchi.

DHOA, street-artist et peintre à temps plein, nous dresse le quotidien d’un mec qui s’acharne à vivre de sa passion. Ce jeune trentenaire raconte le parcours qui l’a amené aujourd’hui à graffer et peindre. Peu loquace quand on ne connaît pas le personnage, notez qu’en creusant, on finit toujours par trouver… quoi ? On ne le sait pas, mais ses tableaux vous transporteront à coup sûr dans quelques recoins de son esprit. Peindre ? « C’est une façon de transmettre des émotions, de faire réfléchir », souffle l’artiste. Portrait.

Un rêve de gosse

« Gamin, j’aimais bien dessiner. Je passais mon temps à regarder les graffs en allant à l’école. Je m’intéressais aussi beaucoup à la culture hip-hop. Le graff ? C’était une transition logique. » À 17 ans, l’artiste se souvient son premier graff : « Avec trois potes, on avait repéré une cabane planquée dans les bois. On a couru au premier magasin de bricolage, acheté quelques bombes et c’est là que tout a commencé. » Ça, c’était dans le Val d’Oise, à Presles, sur le chemin de l’école. Une vingtaine d’années plus tard ? Le rêve de gosse est devenu réalité, et DHOA a germé.

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D’école en école, de ville en ville…

Originaire de Picardie, le jeune homme a pas mal bougé de son adolescence à aujourd’hui. « Dans l’Oise, pour ses années lycée, puis quelques années à la campagne, « campagne où je m’ennuyais, donc je passais mon temps à dessiner et à observer les graffitis qui jonchaient les murs », explique-t-il. Le graffiti ? « Ça a été une transition logique. »

Une transition logique pour lui, mais pas pour tous. Amoureux de la culture street et de la peinture, il se lance dans une mise à niveau d’art appliqué (MANAA), à Paris. On lui conseille alors les Beaux-Arts, à Bourges, où il a passé trois ans. Il estime : « Je n’ai pas été soutenu par mes profs, ils ne comprenaient pas mon projet et m’ont conseillé de revenir après avoir fait mon chemin d’artiste. » C’est avec un brin de rancœur qu’il quitte les Beaux-Arts, et se créé son propre parcours, seul.

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« La peinture, l’art, ce sont des milieux difficiles. Pour être à la mode, il faut se faire connaître. »

Un travail acharné

En 2012, il débarque à Rouen (Seine-Maritime), et se lance dans ce qu’il définit comme « une aventure artistique. » De rencontres en expo, il se tisse un petit réseau et essaie de percer, dans un milieu « assez difficile ; si tu n’es pas à la mode ou pas connu, ça devient vite compliqué d’en vivre. » Loin de se décourager pour autant, il continue à peindre et graffer.

« Au tout début, je faisais découvrir mon univers artistique dans mon appart’, les gens venaient chez moi, par le bouche à oreille. » Un peu plus tard, en 2013, il expose pour la première fois à Rouen, à la manufacture 45, qui a fermé ses portes aujourd’hui. Puis tout s’enchaîne : un festival de jazz à Louviers où il initie au graffiti sur une fresque géante, un tag dans une ferme bio, une expo chez un marchand de fringues, une autre à l’atelier McMurphy…

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Un métier difficile

Malgré ce panel d’exposition et cette motivation, être peintre et graffeur, ce n’est pas rose tous les jours. Après son exposition à Ersatz, un magasin de fringue à Rouen, il fait une pause peinture. « J’ai vécu une grosse remise en question, j’avais un peu peur de ne pas m’en sortir. Je me suis repenché sur le graff pendant plusieurs mois ».

« La plupart de mes toiles sont stockées chez moi, ça s’entasse assez vite », s’esclaffe-t-il. « Je gagne plus d’argent en vendant des objets de déco, c’est difficile de vendre des toiles à l’heure actuelle… » Mais quand on aime, on ne compte pas, et on y croit.

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Un univers bien prononcé

« Quand j’ai débuté dans la peinture, j’étais plus attiré par l’abstrait », explique-t-il. Toiles colorés, abstraites, avec des personnages, des animaux… Tout s’entremêle dans son univers bien à lui, et fait voyager les passants.

« En peinture ? J’essaie de m’éclater, retrouver le côté brut du graffiti, j’essaie aussi de réaliser des peintures expressives, pour transmettre des émotions. Ce que je fais sur les murs en graffant, je ne le fais pas forcément sur mes toiles. Quand on bosse sur un tableau c’est plus travaillé, plus réfléchit en quelque sorte, on est pas à la minute près comme quand on fait un graff. »

Pour acheter une de ses toiles, ou simplement jeter un coup d’œil sur son travail : DHOAson compte Facebooksa page Facebook

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