ART

Les Fablabs, une porte ouverte sur de nouveaux apprentissages

Depuis plusieurs années les Fablabs (“Fabrication Labotary”) prennent une ampleur internationale. Ces associations ouvertes au public (aux entrepreneurs, aux designers, aux artistes, aux bricoleurs, aux étudiants, à n’importe quelle personne passionnée) mettent à disposition toutes sortes d’outils et de machines utilisés pour la conception et la réalisation d’objets.

Le Fablab est né en 2002 au MIT (Massachusetts Institute of Technology), lancé par le professeur Neil Gershenfeld. C’est avant tout un espace de rencontre et de création collaborative qui permet à des non-spécialistes de prendre le contrôle d’outils techniques et de devenir son propre entrepreneur.
Deux pôles dans cette organisation. Un pôle associatif, où vous et moi, particuliers, cherchons à entrer en contact avec des professionnels, à avoir une formation ou tout simplement, réaliser un projet. Un pôle professionnel, où des techniciens délivrent des formations, travaillent en partenariats avec l’association sur leurs projets d’entreprises etc.
Création originale de drones, impressions 3D en tous genres… bref, une ouverture conséquente sur des machines et des techniques qui paraissaient auparavant inaccessibles.
Le financement de l’association se fait bien sûr par les adhésions et l’utilisation des machines (celles qui consomment beaucoup d’énergie peuvent être facturées de l’heure) mais également de l’argent délivré par des sponsors, ainsi que des aides soumises par le ministère de la Culture.

“Le Fablab est une porte où laisser cours à son imagination, ses envies, et faire apparaître des collaborations avec des professionnels.” (accueil d’Artilect, le Fablab de Toulouse)
Les Fablabs représentent un avantage conséquent pour tous les étudiants et notamment étudiants en arts.  Dès lors que l’on est adhérent, on peut faire un “appel à compétences” (ces réunions ont lieu toutes les semaines), c’est-à-dire organiser la présentation d’un projet ; c’est une première ouverture sur l’extérieur. On peut dès lors gagner en précision dans la réalisation d’une forme, apprendre et communiquer de manière ludique. Quoi de mieux ? C’est un véritable microcosme, “c’est comme un arbre avec plein de branches” nous confie une élève de l’ISDAT (Institut Supérieur Des Arts de Toulouse).

Artilect, Fablab de Toulouse – Photographie de Lola Fontanié

Artilect, Fablab de Toulouse – Photographie de Lola Fontanié

Les Fablabs communiquent de plus en plus entre eux, devenant un réseau puissant où les conceptions peuvent se faire en collaboration aux quatre coins du monde. Il a fallu attendre 2009 pour que ces ateliers arrivent en France avec Artilect, le FabLab de Toulouse, puis à Cergy-Pontoise, à Rennes, etc. En septembre 2015 il existe 618 Fablabs dans le monde dont 60 en France.

Les Fablabs du monde

Les Fablabs ne sont pas uniquement des associations mettant à disposition du matériel ; c’est une véritable communauté qui souhaite établir un mode de production écologique. Ils représentent une sorte d’émancipation de la production capitaliste. On parlait de logiciel libre, nous tendons maintenant vers du Open Hardware ou matériel libre.

Matthew B. Crawford, philosophe américain, écrit dans Éloge du carburateur : « La disparition des outils de notre horizon éducatif est le premier pas sur la voie de l’ignorance totale du monde d’artefacts dans lequel nous vivons. Ce que les gens ordinaires fabriquaient hier, aujourd’hui, ils l’achètent ; et ce qu’ils réparaient eux-mêmes, ils le remplacent intégralement. » Les Fablabs permettent une réappropriation de notre propre consommation et des outils et objets que l’on utilise. Jean Lievens, dans la préface de Sauver le monde réagit à cela. Il écrit : « Michel Bauwens entrevoit dans l’enchevêtrement apparent de phénomènes nouveaux tels que l’économie collaborative, les réseaux peer-to-peer, l’open source, le crowdsourcing, les FabLabs, les micro-usines, le mouvement des “makers”, l’agriculture urbaine…, un modèle qui nous mène vers une société postcapitaliste, où le marché doit enfin se soumettre à la logique des commons (du bien commun). »

Cependant, la prise de recul sur ces organisations est encore trop faible et les critiques restent partagées entre révolution collaborative et porte ouverte au gaspillage de masse. L’image qu’ils renvoient a beau être révolutionnaire, ils restent largement soutenus par des entreprises privées, sans compter que l’autonomisation et la perte de la spécialisation technique que les Fablabs offrent sont à double tranchant. Et surtout, bien que les outils et les matériels soient là, les idées et les formes commencent tout juste à réellement apparaître. Le potentiel créatif et artistique peine à s’épanouir. On s’enthousiasme des capacités que ces lieux offrent sans réellement se les approprier.

Alors artistes, à vos Fablab !

You may also like

More in ART