SOCIÉTÉ

« Trump, en pire » à la tête des Philippines

Le magazine Time l’a surnommé « The Punisher ». Si Rodrigo Duterte est souvent comparé à Donald Trump, ce dernier serait presque sympathique face au nouveau président philippin élu le 9 mai dernier, sur la base d’un programme particulièrement populiste.

On ne compte plus les débordements de Rodrigo Duterte pendant la campagne présidentielle aux Philippines. On se souvient de sa réaction, le 17 avril, sur le viol et le meurtre en 1989 d’une missionnaire australienne à Davao, ville dont il est maire : « J’étais en colère qu’ils l’aient violée, mais elle était si belle. Je me suis dit, “le maire aurait dû passer en premier”. » Pêle-mêle, le candidat a également insulté le Pape François (« Le pape est un fils de pute ») à cause des embouteillages provoqués par sa venue ou promis le rétablissement de la peine de mort et l’exécution de 100 000 criminels. Il est aussi accusé de plusieurs assassinats (ce qu’il ne cache pas) ainsi que d’avoir entretenu des escadrons de la mort (le Davao Death Squad (DDS), apparu dans les années 1990 à Davao), responsables de plus d’un millier de morts.

Avocat de profession, Rodrigo Duterte devient maire de Davao en 1988. Après dix ans au pouvoir, il se retire puis est réélu en 2001, 2004 et 2007. S’il a pendant longtemps nié être à l’origine de ces commandos de la mort, il en a fait une véritable plateforme politique : son but est d’éradiquer la criminalité en appliquant la tolérance zéro et des méthodes pour le moins expéditives, dans un pays où la criminalité urbaine reste élevée. Le candidat Duterte s’est donné six mois pour éradiquer la criminalité dans le pays, faute de quoi il démissionnerait.

Il se montre pourtant ouvert aux questions de société comme le mariage gay et souhaite décentraliser le pouvoir dans les provinces du pays. Mais en appelant le « petit peuple » à voter pour lui contre la drogue, la criminalité et la corruption, M. Duterte, 71 ans, a recueilli près de 40 % des voix le 9 mai dernier face à Mar Roxas, soutenu par l’actuel président Benigno Aquino. Le système électoral à la proportionnelle ne nécessitant pas le recueil de la majorité absolue des suffrages exprimés, le surnommé « Digong » prend les commandes d’un pays miné par l’absence de résultat des gouvernements précédents en matière de sécurité et de lutte contre la pauvreté et la criminalité. Malgré une croissance annuelle de 6 % en moyenne, la plupart de la population n’en bénéficie pas et favorise la diffusion du discours populiste de Duterte.

A l’international, les dirigeants se sont faits discrets suite à ces élections. A l’inverse, les médias internationaux se sont fendus d’une comparaison avec le candidat à la présidentielle américaine, Donald Trump. Pourtant, force est de constater que Rodrigo Duterte semble incarner « Trump, en pire  » (M le magazine du Monde, 30/04). Il avait pourtant prévenu : « Oubliez les droits de l’Homme. Si je deviens président, ça va saigner », a-t-il déclaré pendant sa campagne. Il sera investi le 30 juin prochain.

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