SOCIÉTÉ

L’IVG toujours au cœur du débat

Dans la nuit du mercredi 18 mars au jeudi 19 mars, un amendement sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) a été adopté par la commission des Affaires sociales de l’Assemblée Nationale dans le cadre du projet de loi relatif à la santé. Cet amendement vise à abolir le délai de réflexion de 7 jours requis entre la première et la deuxième consultation d’un spécialiste. Si cette décision divise, tant chez les politiques qu’au cœur de la société, c’est parce que l’IVG a toujours été un sujet sensible.

Le 26 novembre 1974, Simone Veil prenait la parole à la tribune de l’Assemblée Nationale et  prononçait l’un des discours des plus marquants de l’Histoire de France, celui du projet de réforme de la régulation de l’avortement. Le 17 Janvier 1975, la loi Veil naît, encadrant ainsi la dépénalisation de l’avortement en France. Alors que la plupart des pays de l’Union Européenne ont légalisé l’IVG, nous faisons dans d’autres pays l’effroyable constat que cette légalisation n’existe pas.

En France, avoir recours à l’IVG semble normal. Pourtant, ce droit est le fruit d’un long combat. Il suffit de regarder autour de soi pour voir que ce droit n’est pas absolu et qu’il faut se battre pour l’acquérir. Dans bien des pays, l’IVG est interdite, sinon soumise à des conditions. En Irlande par exemple, le parlement légalisait l’IVG seulement en 2013, peu après le cas de Savita Halappanavar, décédée d’une septicémie après s’être vue refuser un avortement. Alors que cette légalisation apparaît déjà tardivement, elle est en plus très restrictive puisque l’avortement est désormais autorisé uniquement si la poursuite de la grossesse fait courir à la vie de la mère un “risque réel et substantiel” qui doit être certifié par les médecins. Ainsi, une femme peut avoir recours à une IVG seulement si elle est en danger de mort. Par ailleurs, dans plusieurs pays comme le Royaume-Uni, la Finlande, ou la Pologne, l’avortement est autorisé pour cause de viol ou pour des raisons de santé. L’interdiction pure et simple de l’avortement, quant à elle, est plus rare, mais existe tout de même. Elle concerne deux pays, Malte et Andorre. A Chypre, l’IVG est illégale, mais tolérée en cas de viol. Rappelons qu’en France, l’IVG concerne 210 000 femmes chaque année, 35 % des femmes, un chiffre stable et sans équivoque. Ainsi, lorsque la législation ne leur permet pas d’y avoir recours, les femmes sont contraintes d’user d’un avortement clandestin, qui s’effectue dans des conditions souvent néfastes pour leur santé. Elles doivent alors mettre leur santé en danger pour pouvoir bénéficier d’une IVG qui ne leur est pas permise si elles sont en bonne santé. Quel paradoxe !

La légalisation de l'avortement à travers le monde.

La légalisation de l’avortement à travers le monde – worldabortionlaws.com

L’interruption volontaire de grossesse a toujours suscité le débat. A travers les espaces et le temps, le sujet est sensible. Mais il ne devrait pas l’être. Le droit à l’avortement est important et chaque femme devrait pouvoir disposer de son corps de la manière dont elle le souhaite. Durant l’été 2013, le débat sur l’avortement était relancé en Amérique latine, suite au drame de Beatriz, au Salvador, où l’IVG est interdit même en raison d’un viol, d’un problème de santé de la mère, ou d’une malformation du fœtus. Dans les pays latino-américains, peu de pays acceptent l’avortement pour raisons thérapeutiques ou à la suite d’un viol, là encore. Pour beaucoup d’Etats, l’IVG est interdite et est susceptible d’entraîner des peines de prison pour la mère et le personnel médical. Plus récent encore, en septembre 2014, l’Espagne faisait machine arrière et, alors que depuis 2010, l’IVG était autorisée jusqu’à quatorze semaines, un projet de loi stipulait que le recours à l’IVG intervenait dans seulement deux cas : le viol, attesté par un dépôt de plainte, ou « un risque durable ou permanent » pour la santé physique ou psychique de la mère, certifié par deux psychiatres. Ce projet avait alors été retiré après de nombreuses manifestations.

Mais aujourd’hui, comment est-ce encore possible que des citoyens soient forcés de défiler dans la rue pour que des femmes puissent disposer de leur corps ? L’IVG est l’un des nombreux sujets qui montrent que l’égalité femmes-hommes est encore bien loin d’être atteinte.

Journaliste en terre bretonne, je vagabonde entre les pays pour cultiver ma passion de théâtre, de musique et de poivrons (surtout de poivrons). J'essaie tant bien que mal d'éduquer à l'égalité entre les sexes, il paraît qu'on appelle ça le féminisme. J'aime bien les séries télé dans mon canapé et passer des soirées dans les salles obscures. Bref, peut-être ici la seule personne normale.

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