CINÉMA

CINÉ-CANAPÉ – JUIN

© Manifest Pictures

Tous les troisièmes vendredis du mois, les rédacteur·ices de Maze vous proposent une sélection de films à voir (ou revoir) sur les plateformes VOD. Au programme de ce mois de juin, trois films dont les formes et thématiques sauront convenir à des goûts variés.

Euridice, Euridice, de Lora Mure-Ravaud (2022)

Nostalgiques de Call me by your name ou de Portrait de la jeune fille en feu ? Amoureux·ses du sentiment de mélancolie à l’écran ? Euridice, Euridice de Lora Mure-Ravaud est fait pour vous. Comme le film de Luca Guadagnino, ce court-métrage se passe en Italie, dans la chaleur du soleil et l’odeur du café au matin. On y entend de la musique live, le tintement des verres avalés sur des petites places, et le clapotis tranquille de l’eau. Il y règne des non-dits et un désir contenu dans des voitures et des chambres aux portes entrouvertes.

Comme le film de Céline Sciamma, Euridice, Euridice tourne autour d’une relation passionnée entre deux femmes – Ondina et Alexia -, et d’une métaphore tirée de la mythologie grecque. L’analogie avec le mythe d’Orphée et d’Eurydice est annoncée dès le titre. Une allusion à cette histoire d’amour tragique d’un couple que la mort sépare par accident. Comme dans ces deux œuvres, il est d’abord question d’un désir, montré à l’écran dans des scènes tendres et passionnées. Lora Mure-Ravaud filme ces dernières avec intimité, sans aucun voyeurisme.

Mais très vite, si le désir reste intact, s’impose le souvenir d’une relation qui ne peut pas ou plus avoir lieu. Le court-métrage nous plonge dans ces questions abyssales des traces que laissent les amours passées, et des manières de continuer avec leurs souvenirs. Un film qui nous laisse avec un sentiment de douleur à vif, crève-cœur gorgé de sensualité et de mélancolie.

À (re)voir sur Brefcinéma et UniversCiné (location ou abonnement)

Julie Tronchon

Cha Cha Real Smooth, de Cooper Raiff (2022)

La solution pour réaliser un récit d’apprentissage réussi est-elle de traverser soi-même une telle période de questionnement ? Avec Cha Cha Real Smooth, le jeune réalisateur Cooper Raiff nous prouve que oui. Né en 1997 à Dallas, ce dernier a déjà à son actif deux longs-métrages et une série. Son thème favori ? L’entrée dans la vie d’adulte. Acteur dans ses propres films, Cooper Raiff semble déjà maîtriser le genre du coming of age. Il propose, avec ce deuxième film, une histoire vibrante et d’une grande authenticité émotionnelle.

Lorsque Andrew (Cooper Raiff) rentre habiter chez ses parents après la fac, il devient animateur de bar mitzvah pour occuper ses soirées et se faire un peu d’argent. Il fait alors la rencontre de Domino (Dakota Johnson) et de sa fille Lola (Vanessa Burghardt). Andrew s’entiche rapidement de cette femme plus âgée que lui. Il pense alors avoir tout compris de la vie. S’ensuit un film finement écrit sur un personnage au grand cœur, désireux de rendre tout le monde heureux. Sa mère, son petit frère, ses amies, ainsi que ses patrons…

Andrew est un personnage masculin sensible, qui n’hésite pas à pleurer. Face à lui, Domino, mère en détresse brillamment incarnée par Dakota Johnson, voit Andrew comme une bouffée d’air frais. L’alternance équilibrée entre les genres, de la comédie romantique au drame familial, ne limite absolument pas le film à une case définie.

Méditation mélancolique sur la vingtaine, Cha Cha Real Smooth est un film marquant. Cela, non pas par son thème, mais par le réalisme de ses personnages. C’est un film qui reste bien longtemps après la fin du générique, annonciateur d’une carrière très prometteuse pour Cooper Raiff !

À (re)voir sur Canal+ (abonnement) ou Apple TV (abonnement)

Sophie Jacquier

PAPOTA, de Ca7riel et Paco Amoroso (2025) 

PAPOTA est un court-métrage musical réalisé et produit par les artistes argentins Ca7riel et Paco Amoroso. Il cumule déjà plus de 6 millions de vues depuis sa sortie le 5 mars 2025.

Originaires de Buenos-Aires, Ca7riel et Paco Amoroso — de leur vrais noms Catriel Guerreiro et Ulises Guerriero — sont des figures phares du trap expérimental. Un genre qui mêle hip-hop, musique pop et sonorités électroniques. Ils firent un bon de géant sur le devant de la scène grâce à un concert Tiny Desk. Ce dernier, diffusé sur la chaîne américaine NPR en octobre 2024, affiche 37 millions de vues. Le duo y a joué son premier album, Baño María

Durant les 16 minutes de PAPOTA, le duo se moque ouvertement de l’industrie musicale.  L’intrigue tourne autour de comment surfer sur la vague du succès après leur concert au Tiny Desk. Pour ce faire, ils détournent les codes du milieu afin d’en prouver leur ridicule. Par exemple, le personnage de Gymbaland, une parodie de manager et producteur, voue une obsession pour les poulets, les protéines, et les muscles. Son assistant, une intelligence artificielle du nom de Chad GPT, leur conseille de combiner les tendances afin de rester au top de la célébrité. Comme le dabbing, le hashtag « tits », les vibe checks et les gros muscles. Cette même intelligence leur créé un clip musical, qui ne manque pas de faire sourire. 

Au fil du court-métrage, leurs corps se transforment en bombe de muscles, et leur visage est modifié par la chirurgie – en effets spéciaux, bien évidemment. Grâce à ce ton humoristique qui joue avec la polémique, Ca7riel et Paco Amoroso s’en prennent à la culture de l’apparence et du mainstream, qui s’acharne à uniformiser les talents. PAPOTA agit comme un pied de nez à l’industrie musicale qui souhaite les catégoriser, et les transformer en machines à sous.

À (re)voir gratuitement sur Youtube

Marine Fruchart

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