COMPÉTITION – LONGS MÉTRAGES L’OFFICIELLE – Grande figure de la bande dessinée française, Ugo Bienvenu signe avec Arco son premier long-métrage d’animation. Une aventure colorée, engagée et touchante sur un petit garçon arc-en-ciel.
Arco, dix ans, vit en 2932, dans un futur où les maisons sont bâties dans les nuages. C’est un petit garçon arc-en-ciel, qui rêve de voyager comme ses parents et sa sœur. Un jour, il décide de partir seul en expédition, et atterrit en 2075. Il fait la rencontre d’Iris, qui va tout faire pour l’aider à rentrer chez lui.
Film d’animation 2D au style rétro qui rappelle les dessins des années 50, Arco fait pourtant voyager son public dans un futur peu rassurant. Car chez Iris, tout brûle. Les maisons sont recouvertes de bulles de protection qui se referment en cas d’intempéries diverses et variées : tempêtes de pluie, feux de forêt, toutes les prédictions du GIEC semblent se réaliser…
Graine d’espoir
Mais l’arrivée d’Arco est, littéralement, un cadeau du ciel pour la petite fille. Quand ce dernier tombe des nuages et atterrit dans la forêt à côté de son école, elle s’empresse d’aller l’aider. En quête d’aventure et de changement, cette dernière est ravie de briser la solitude qui l’accompagne.
Car dans son futur à elle, cinquante ans après l’époque actuelle, tout n’est pas si rose. Ses parents, souvent absents pour le travail, sont présents à table via des hologrammes. C’est Mikki, le très gentil robot de compagnie, qui s’occupe d’elle et de Peter, son petit frère. Tout brûle, certes, mais au moins, les robots n’ont pas pris le contrôle de l’univers – de quoi se réjouir pour notre futur.
Le tour de force d’Ugo Bienvenu est de ne pas faire d’Arco une fable alarmiste. Du moins, pas entièrement. En atteste la scène d’ouverture du film : dans le monde du petit Arco, presque mille ans plus tard, tout semble aller pour le mieux. Il y a des arbres, des fleurs, des fruits. L’environnement, certes, au-dessus des nuages, est luxuriant. Et l’on comprend rapidement pourquoi.
Les parents d’Arco ne partent pas simplement en vacances avec leurs capes multicolores. Ils voyagent à travers les époques pour retrouver la faune et la flore disparues, et ainsi recréer de leurs petites mains la biodiversité perdue dans les catastrophes climatiques. Un scénario original de science-fiction qui offre, au bout du compte, une vision plutôt optimiste du futur.
Magique amitié
Là où le voyageur du futur aurait plutôt tendance à être celui qui sait, la tendance s’inverse dans ce film. Iris a toutes les cartes en main, car elle seule semble pouvoir aider Arco à rentrer chez lui et retrouver ses parents. A deux, iels font preuve d’une grande ingéniosité et luttent comme iels le peuvent dans un monde rempli d’adversité. Arco est émerveillé par des objets depuis longtemps disparus chez lui – comme les boîtes aux lettres et… les robots -, et Iris se fait une joie de tout lui expliquer.
Iris aimerait que ses parents soient plus présents pour elle, Arco rêve d’indépendance. Et c’est grâce à cet écart qu’iels se rapprochent. Cette notion de parentalité, que l’on retrouvait déjà dans la sélection officielle du festival avec Olivia et le tremblement de terre invisible, anime souvent les films où les enfants sont les personnages principaux.
Ugo Bienvenu se démarque avec des méchants pas comme les autres, puisqu’ils sont en réalité… gentils. Le trio de détectives aux allures de Totally Spies suivent Arco pour en apprendre plus sur le voyageur du futur. Doublés brillamment par Louis Garrel, Vincent Macaigne et William Lebzgil, ces trois personnages donnent à Arco une bonne dose d’humour.
Le film évoque parfois les épopées du Studio Ghibli, par ses visuels mais aussi par sa musique, signée Arnaud Toulon. La bande originale est non sans rappeler les envolées oniriques de Joe Hisaishi. L’on retrouve aussi dans Arco un peu du tragique du sublime Your Name, de Makoto Shinkai et, pour sa fin… une dose d’Interstellar de Christopher Nolan.
Un beau mélange de références qui font d’Arco un film hybride extrêmement riche. Le premier long-métrage d’Ugo Bienvenu est un récit initiatique touchant, sincère et lumineux. Avec Arco, l’adage « Après la pluie, vient le beau temps » prend tout son sens.