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CANNES 2024 – « Parthenope » : Cinema parodico

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EN COMPÉTITION – Autre grand habitué du Festival de Cannes et de son tapis rouge, Paolo Sorrentino y présentait Parthenope. Une déclaration d’amour à sa ville natale, Naples, à l’univers troublant, et qui pêche par sa longueur.

Née en 1950 dans une famille de riches Napolitains, Parthenope (Celeste Dalla Porta) est une jeune femme à la beauté sans pareille. Rien, et surtout personne ne résiste au charme de celle qui est autant déesse que princesse. Elle pourrait tout obtenir, et pourtant la belle n’aura de cesse d’éviter ces chemins de traverse de l’existence, pour se consacrer à la voie, autrement plus classique, universitaire.

Disons-le tout de suite, Parthenope réunit tous les ingrédients pour être un film profondément détestable. Si vous ne pouvez supporter l’oisiveté des ultras-riches, les effets cartes-postales à-la-Sorrentino, ou encore les corps dénudés sous le soleil italien, fuyez  ! De 1950 à 2023, la Naples de Parthenope est une ville vidée de toute sa dimension populaire – à l’exception d’une scène désagréable qui voit un riche Napolitain retourner dans son quartier natal en distribuant des billets aux enfants. Et pourtant, l’art de la mise en scène et de la narration de Paolo Sorrentino jette un trouble qui accroche le regard du spectateur prêt à accompagner celui de Parthenope.

Avec son intrigue – légère, il faut le reconnaitre – et ses ralentis kitschouilles sur les Napolitaines en guise de prologue, le film aurait pu bien vite tourner au drame misogyne, sauce napolitaine. Sorrentino en réchappe de peu en faisant de Parthenope le lieu de construction d’un regard tout aussi singulier qu’agaçant sur le monde qui l’entoure.

Voir ailleurs ?

De ce monde, la jeune femme n’est pas extraite. L’ultra mondanité propre à sa classe sociale l’y rattache nécessairement. Mais Parthenope n’y adhère pas pleinement. Elle observe le grand jeu social, apprend à en maitriser les règles. D’aucuns la diraient passive. Elle n’en est rien. La jeune femme navigue, prend ce qu’il y à prendre avant de s’échapper. La première partie du film s’attarde sur ces nuits de Capri où le désir circule aussi vite qu’il ne s’évanouit.

Sorrentino est un esthète qui ne connait pas la subtilité. Et Parthenope d’osciller de cliché en cliché. Un prof misanthrope, un Américain homosexuel alcoolique, une femme à la beauté et à l’intelligence sans pareilles, le tout jeté, donc, dans une ville – Naples – en forme de carte postale, ou pire, de spot publicitaire.

L’intérêt du film réside alors en sa dimension quasi anthropologique. De façon contre-intuitive certes. Mais Parthenope c’est l’histoire d’un regard. Celui que la grande bourgeoisie oisive, pose sur le monde qui l’entoure. Un regard sélectif qui confond luxe et beauté, et qui, inlassablement, exclut. Et Parthenope de valoir alors peut-être plus par son hors-champ, que par ce qui apparait à l’écran.

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