La première édition du Festival CinéBaltique, qui s’achevait le 9 février dernier, a mis à l’honneur le format court métrage, notamment d’animation. Retour sur nos coups de cœur parmi la sélection, entre paternité et rêves perdus.
Cherries (Uogos) de Vytautas Katkus (Fiction, Lituanie/Lettonie, 2022)
Filmé à la manière d’une fable familiale rappelant celles de Wes Anderson, Cherries (Uogos) respire l’été. Mais c’est aussi un film teinté d’une profonde mélancolie. Présenté dans la Compétition courts métrages du Festival de Cannes 2024, il met en scène un père et son fils, le temps d’un après-midi ensoleillé. Plaçant au centre de la narration la cueillette des cerises de l’arbre familial, le réalisateur dessine habilement un sens second à cette activité. Il filme un duo brisé, deux hommes que tout semble désormais séparer. La modestie des dialogues laisse alors place à l’interprétation, et un voyage, teinté de fantastique, commence…
Miisufy de Liisi Grünberg (Animation, Estonie, 2024)
Miisu, chatte de compagnie virtuelle, n’apprécie pas du tout sa maîtresse humaine, grotesque et peu délicate. Elle décide alors de se rebeller. En s’inspirant du Tamagotchi, ce petit animal de compagnie fictif qui tenait dans une poche, c’est tout un monde que Liisi Grünberg créé avec Miisufy. Les scènes pleines de couleurs et l’animation très ludique au style rétro font de ce court métrage un film pour petit·e·s et grand·e·s. Le travail sur le son est très pointilleux et évoque dessins animés et jeux pour enfants. En seulement quelques minutes, la cinéaste forme de toutes pièces un univers qui pourrait s’étendre à l’infini. Pour le plus grand plaisir des spectateur·rice·s !

The One Who Knows (Ta, Kuri Žino) de Eglė Davidavičė (Animation, Lituanie/France, 2024)
Le corps des adolescentes est un sujet mystérieux et inspirant, pour cause ; bien des tourments s’en dégagent. Dans The One Who Knows (Ta, Kuri Žino), Eglė Davidavičė narre la courte d’histoire d’une jeune fille passant son après-midi à la piscine. Visiblement très mal à l’aise dans son corps, elle se cache et ne profite pas pleinement de sa baignade. S’ouvre alors pour elle une porte vers un monde magique, où d’autres femmes l’accueillent à bras ouverts. Grâce à cette escapade par laquelle elle semble découvrir la sororité, elle prend pleine possession de son corps. Illustré avec des traits fins de bleus et de blanc,The One Who Knows est un joli voyage sublimé par une bande originale envoûtante et mystique.
Dog-Apartment (Koerkorter) de Priit Tender (Animation, Estonie, 2022)
Priit Tender met ici en scène une histoire inspirée du poèmeTo Be a Dog-Apartment (Būt suņa Dzīvoklim), écrit par le poète surréaliste estonien Andres Ehin. Dog-Apartement (Koerkorter) brosse le portrait d’un ancien danseur de ballet désormais coincé dans un kolkhoze de banlieue. Il vit au rythme de son lavabo, chien enragé qui fait trembler son appartement pour exprimer son mécontentement. Malgré tout, il parvient à trouver un peu de poésie au milieu de sa journée en se rendant à la ferme du coin, où il danse devant des vaches pour faire couler leur lait plus rapidement. Animé avec des marionnettes, Dog-Apartment (Koerkorter) fait partie des perles rares de cette édition. Film loufoque et débordant d’originalité, sur fond de Tchaïkovski, ce court métrage joue avec l’absurde tout en l’intégrant totalement dans une certaine forme de réalité.
