Naima Bock, l’ancienne membre de Goat Girl nous partage un second album transcendant intitulé Below A Massive Dark Land, sorti le 27 septembre dernier. L’artiste londonienne tutoie les grands de la folk.
Digne d’une Joan Baez ou d’une Joni Mitchell, Naima Bock renverse par sa voix douce et enchanteresse. Après avoir quitté son groupe initial les Goat Girl, la londonienne décide de voler de ses propres ailes pour nous ravir les oreilles avec ses compositions folk et délicieuses. Après Giant Palm, un premier album sublime et acclamé par les critiques, une tournée en Europe et quelques dates dans le monde, Naima nous dévoile un deuxième opus renversant intitulé Below A Massive Dark Land.
C’est lors de notre passage à La Route Du Rock et de son concert acoustique sur la plage de St Malo que nous avons pu rencontrer Naima et son violoniste Oliver. Après une performance hypnotique nous avons pu échanger avec elle sur le pouvoir de la mer, le Brésil, la scène et bien sur son dernier bijou sonore. Rencontre.
Est-ce que c’est votre première Route Du Rock ? Avez-vous aimé jouer face à la mer ?
Naima : Oui c’est notre première fois pour ce festival.
Oliver : On a apprécié. Au début, j’étais un peu septique.
Naima : On était inquiet de jouer en extérieur.
Oliver : Surtout à cause du vent. En plus, je suis venu hier pour la première fois seulement et j’ai découvert que c’était un bar. Je n’avais pas vu la scène. Nous avons fait les balances et j’ai adoré jouer. Il y avait un public tellement attentif. Et c’était drôle de voir les personnes qui se baladaient et s’arrêtaient pour nous regarder en se disant : « Oh c’est sympa cette ambiance en plein jour et sur la plage », ce qui est en général assez spécial.
Naima : Oui c’est vrai. C’était vraiment sympa d’avoir la mer à qui chanter aussi.
Ce n’est pas votre première fois devant un public français, mais est-ce que vous avez apprécié le public de St Malo se promenant sur une plage ? Ça change d’une salle de concert.
Naima : Oui ils étaient adorables. J’aime quand les gens s’assoient car on peut être plus attentif une fois assis. En tout cas j’aime m’assoir pour écouter de la musique.
Et quelle est ta relation avec la scène car tu as différentes formations ?
Naima : Je pensais à ça récemment car tu as besoin d’adapter ta formation en fonction de là où tu joues et pour qui tu joues. La plupart du temps c’est Oli et moi. Je pense qu’on doit jouer le plus juste tous les deux. Quand on joue ensemble je sais ce qu’on doit faire en général mais quand je suis en solo je suis perdue (rires).
Et puis quand je suis avec le groupe c’est différent, on doit avoir différentes répétions de toute façon pour chaque formation. Je préfère jouer à deux car je peux entendre ma voix et j’ai l’impression que les harmonies fonctionnent vraiment bien. Le violon d’Oli ajoute tellement aux chansons qui varient tout le temps. C’est très intéressant à entendre.
On parlait de la mer et ça m’a fait penser à la pochette de Giant Palm, ton premier album solo. On y voit une mosaïque représentant une personne face à la mer. Est-ce que la mer t’inspire dans ta musique ?
Naima : Je ne viens pas souvent en France mais ici avec cette mer, par exemple, elle m’inspire par ces rochers qui en sortent.
Oliver : Les rochers sont vraiment magnifiques. Hier soir, on imaginait comment il devait être difficile de naviguer pour les bateaux avec tous ces rochers, surtout il y a 200 ans. On peut y voir quelques phares d’ici. Le mélange avec les vacances est assez drôle d’ailleurs car on peut y voir des bateaux de pêche et d’autres qui sont là pour les touristes.
Naima : C’est assez étrange effectivement.
Tu as écrit ton prochain album qui va sortir en septembre pratiquement seule. Est-ce qu’il t’arrivait justement d’aller face à la mer pour ressentir le moment afin de t’aider à composer ?
Naima : Non pas vraiment. J’ai passé tellement de temps loin de la mer. Mais quand j’y vais c’est vrai que je m’y sens vraiment bien. Je vais au Brésil chaque année et là-bas ce sont des grosses vagues donc il faut que tu joues avec elles et c’est ma mer préférée. Je n’aime pas les mers calmes car je trouve ça assez ennuyant.
Tu nous parles du Brésil, qu’elle est ta relation avec ce pays ?
Naima : J’y vais chaque année car ma famille habite là-bas et que j’y ai grandi. J’essaye d’y retourner chaque année pour voir mes grand-parents surtout. J’ai toujours un mois où j’ai du temps et c’est une période où les billets ne sont pas chers. J’y écris des chansons là-bas aussi.
Tu joues parfois là-bas ?
Naima : L’année dernière j’y ai joué pour la première fois oui. J’avais un concert à Sao Paulo qui était incroyable à Seloki Records qui est un super label de là-bas. Ils m’ont fait faire un concert avec d’autres artistes à eux avec un public brésilien incroyable. Il y a une scène musicale débordante et très prenante.
Tu as fait beaucoup de première partie pour des groupes comme Rodrigo Amarante, A. Savage, This Is The Kit. Qu’est-ce que ces groupes t’ont apporté ?
Naima : C’est une belle question. Déjà, ils font partie de mes groupes préférés surtout This Is The Kit et A. Savage. J’aime beaucoup aussi Rodrigo, mon père aimait beaucoup son ancien groupe Los Hermanos. Mais je pense que j’ai appris beaucoup de choses en faisant des premières parties. Surtout avec A. Savage : j’ai toujours été fan de ses projets solo. J’avais déjà tourné avec lui avant, j’ai été en tournée avec son groupe Parquet Courts.
J’ai déjà appris beaucoup rien qu’en les écoutant. Le voir jouer en live à renforcé ce sentiment. J’ai aussi passé beaucoup de bon temps avec Jack Cooper du groupe Modern Nature. J’ai vraiment rencontré de superbe personnes. Je ne pensais pas que j’aurais pu m’intégrer aussi facilement dans ce groupe qui est maintenant comme une famille pour moi. C’est vraiment un bon sentiment.
Tu as parlé de ton ancienne formation Goat Girl. Est-ce que tu suis toujours leur actualité ?
Naima : Oui ce sont toujours mes amies et je suis toujours aussi proche d’elles. Je les suis en parlant avec elles et elles me font écouter leur musique. Mais ça fait longtemps que je ne les ai pas vu en live. J’ai pu écouter le dernier album avant qu’il sorte par exemple.
Oliver : On les croise souvent à des festivals ou des concert où l’ont joue tous. Nous avons des amis en commun aussi.
On va parler aussi de ton nouvel album Below A Massive Dark Land. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?
Naima : Pour ce nouvel album, Oli et moi on a beaucoup collaboré. J’écrivais les chansons puis on finissait les arrangements ensemble. On a passé beaucoup de temps juste tous les deux. Des mois même.
Oliver : Oui, on était dans un process de répéter et de construire les chansons. On a fait beaucoup de tournées juste tous les deux en Allemagne ou encore en Irlande. C’était très stimulant comme expérience. L’album à été enregistré il y a presque un an donc c’est assez drôle de revenir sur son processus de création.
Vous avez déjà joué quelques chansons de ce nouvel album ?
Naima : Oui quelques-unes. Comme aujourd’hui sur scène nous en avons joué deux de l’album.
Est-ce qu’il y aura des influences du Brésil comme sur le premier album ?
Naima : Je dirais qu’il y en a moins. J’écoute toujours de la musique brésilienne mais quand j’ai composé ce nouvel album j’écoutais beaucoup The Microphones et Mount Eerie. Ça a été mes grosses influences du moment même si l’album ne ressemble en rien à ces deux artistes.
Et j’ai lu que tu avais appris à jouer sur un bouzouki, ainsi que du violon pour cette occasion ?
Naima : Alors j’ai appris à jouer du bouzouki car je n’avais pas de guitare. Et Oli a commencé à m’apprendre à jouer du violon.
Oli : Nous en sommes arrivé là car j’avais commencé à jouer du violon pour la chansons « Campervan ». Et ensuite Naima m’a demandé de lui apprendre. Elle a appris très vite mais elle ne veut plus en jouer maintenant. (Rires)
Naima : J’ai pris beaucoup de plaisir à apprendre les bases du violon mais je préfère me concentrer sur ma guitare pour devenir encore meilleure.
D’où vient le nom de l’album ?
Naima : Alors ça vient d’une phrase d’un livre d’une écrivaine polonaise qui s’appelle Olga Tokarczuk. Je lisais le livre dans un avion et j’ai vu ce paragraphe qui était sublime et voilà d’où est venu le nom.
Dernière question, tu as aussi travaillé dernièrement avec Joseph Mount du groupe Metronomy. Comment était et s’est fait la rencontre ?
Naima : C’était super mais on ne s’est pas rencontré tout de suite. On a échangé par mails. Tout s’est fait en ligne. Il m’a contacté et m’a demandé si j’avais des idées pour une chanson qu’il avait commencé. Il y avait un synthé et un rythme de batterie seulement, j’y ai rajouté ma guitare et des voix et je lui ai renvoyé. Je ne m’attendais à rien car je trouvais ma partie pas terrible. Il a adoré et son manager m’a dit que la première fois qu’il a entendu la chanson il était sur son vélo, il en est tombé et a cassé son bras. (Rires)
C’était très touchant car vraiment je n’y croyais pas. Je l’ai rencontré à une soirée pour une release. C’est vraiment l’homme le plus gentil au monde. J’étais presque triste de ne pas avoir pu composer avec lui. En même temps j’en aurai été incapable je pense, puisque j’ai du mal à composer avec d’autres personnes que Oli. Ce qui est déjà pas mal.