Trois jours après la sortie de leur dernière chanson « Sion-sur-l’Océan », nous avons rencontré le trio Michelle et les garçons au Biches Festival. Sous les arbres de la Ferme de Rai, on a évoqué le romantisme diffus de leur projet et leur amour de la scène. Rencontre.
Quelques heures à peine avant qu’ils ne montent sur la scène du Biches Festival, Maze a discuté quelques instants avec Louise, Hugo et Axel du groupe Michelle et les garçons. Il y a un an, le trio pailleté sortait leur premier EP oscillant entre singularité et modernité, romantisme gothique et sonorités eighties. Nourri de diverses influences, rempli d’amour et d’énergie sur scène, Michelle et les garçons est sans aucun doute un des groupes à suivre de près pour les années qui viennent. Rencontre avec un trio qui nous invite à faire la fête dans leur manoir !
Quelle est la genèse du projet Michelle et les garçons ?
Axel : On a monté le groupe il y a trois ans.
Hugo : Oui, le premier concert était en juillet 2021.
Louise : Mais on date la création du groupe à la sortie du premier single, « Bizarre », en octobre 2022.
Axel : Le projet est une idée de Louise.
Louise : Tout a commencé parce que j’ai rencontré les garçons. D’abord Hugo. Nous étions en études dans le même bâtiment. J’ai commencé à passer du temps avec lui et ses potes qui faisaient des concerts. Ils avaient un groupe et tournaient depuis leurs treize ans. Pour moi, c’était un peu un rêve de gosse de faire de la musique mais je ne pensais pas que c’était possible. Je n’avais pas d’exemples dans mon entourage. Quand je les ai rencontrés, je me suis rendue compte que c’était possible de monter sur scène. J’ai proposé à Hugo et Axel de monter un groupe tous les trois. On a commencé à répéter, à composer, à écrire dans une vieille grange chez Axel. Puis, de fil en aiguille, pendant le Covid, Michelle et les garçons s’est concrétisé jusqu’à notre premier concert en 2021.
Votre musique oscille entre sonorités contemporaines et une vibe eighties. Ce sont des influences déterminantes dans le projet ?
Hugo : Oui ça fait partie de nos influences. Mais, au tout début, quand Louise nous a proposé de monter un projet, elle voulait faire de la funk.
Axel : C’était une époque où on passait pas mal de disques dans nos soirées respectives. On passait souvent des 45 tours de funk, de trucs assez dansants, et aussi des trucs eighties évidemment.
Hugo : On s’est rapidement rendu compte qu’on ne savait pas vraiment faire de la funk. Il faut quand même avoir un bon niveau d’instruments. Le projet est devenu ce truc un peu eighties / moderne sans qu’on ait trop dirigé la vibe. C’est devenu un mix de ce qu’on écoutait chacun à ce moment-là, des choses que l’on composait en se retrouvant en répét’, un mélange un peu hybride entre pop 80 et des trucs un peu rock ou mainstream. Plusieurs influences qui créent ce petit truc pailleté et brûlant.
Axel : Très vite, l’écriture de nos textes est vite devenue importante. On s’est retrouvé à créer des chanson et moins à aller vers quelque chose d’instrumental, qui est une aspect de la funk.
Vous écrivez tous les trois ?
Axel : Hugo écrit mais dans son projet solo. Pour Michelle et les garçons, on écrit tous les deux, Louise et moi, très vite en cherchant des textes et des refrains.
Louise : Le nom du groupe a été trouvé dans la même grange. On voulait un truc un peu kitsch, à l’ancienne et rigolo. On a pensé à la vieille série, Hélène et les garçons. Michelle, c’est mon deuxième prénom, le prénom de ma grand-mère et de mon grand-père mais aussi une chanson des Beatles dont je suis méga fan. Michelle et les garçons est apparu comme une évidence. C’est drôle, un peu kitsch et ça fait pas trop ringard, je crois.
Il y a quelque chose d’ultra romantique dans Michelle et les garçons, que ce soit dans vos chansons, dans vos textes, et aussi dans l’univers et l’identité visuelle. Un romantisme gothique, 19ème siècle… Etait-ce l’effet recherché ?
Axel : J’adore ce terme. C’est la première fois qu’on nous le dit, je suis fan ! Souvent on nous dit « il y a un truc un peu sexy ». On n’est pas fan de ce terme. Mais, romantique, clairement ! Il y a une histoire d’amour globale et plusieurs histoires d’amour qui viennent lier l’entièreté du projet. Je crois que le romantisme influence nos textes, notre manière de composer et de définir notre identité visuelle aussi.
Hugo : On travaille presque uniquement avec des ami·es. On connaissait depuis un moment notre manageuse et tourneuse. Notre ingé son est un pote depuis longtemps. Les gens avec qui on bosse pour les photos ou les clips ne sont que des ami·es. Il y a un peu ce truc d’amour fraternel qui guide le projet. L’idée est de faire ça entre amoureux et amoureuses. Et puis, tous les textes parlent de ça.
Louise : Je trouve ça très intéressant les mots romantisme et romantique. C’est ce qu’on essaie de faire, prendre un cœur et essayer de voir tous les aspects qu’il peut avoir et toutes les relations différentes que l’on peut avoir, que ce soit amicales, familiales, amoureuses ou entre les deux. C’est une recherche perpétuelle que de décortiquer les relations amoureuses, humaines et les liens.
Axel : Il y a toutes les frontières qu’il peut y avoir entre toutes ces relations-là. Quand tu travailles avec tes ami·es, il faut trouver la frontière entre amitié et le fait d’être collègues. On a pu explorer pas mal de choses ces dernières années.
Musicalement, comment cherchez-vous le romantisme quand vous composez ?
Hugo : On ne l’a pas cherché. Si ça ressort, c’est, je pense, parce que ça transpire mais ce n’est pas une recherche concrète. En tout cas, musicalement, ça vient comme ça.
Louise : Et puis, c’est aussi qu’on l’incarne. On est des potes hyper liés et peut-être que ça se ressent aussi sur scène, ce truc-là.
Axel : Oui, et ça s’est surtout affiné au fil des années. Au début, on n’avait pas intellectualisé tout ça. On ne savait pas trop. Et, il y a eu ce premier EP qui nous a vraiment permis de forger une première identité du groupe. On a commencé à se demander ce qu’était notre véritable identité. Maintenant, c’est plus clair. Et aujourd’hui, tu nous donnes ce nouvel adjectif qu’on réutilisera parce que c’est vraiment hyper intéressant.
Votre premier morceau « Bizarre » est une ode à la différence et à la singularité. On a l’impression que tout le reste du projet Michelle et les garçons découle de ce morceau, de ce texte… Qu’est-ce que vous en pensez ?
Louise : Ce texte a donné une direction globale au projet. Quand on l’a sorti, on voulait dire : même si tu as l’air un peu chelou aux yeux des autres, c’est peut-être pas toi le problème. Essayons d’accepter nos différences et de s’accepter soi dans sa différence. Ce morceau est comme un socle pour dire : Michelle et les garçons ont un manoir dans lequel ils vont y ouvrir plein de portes. Et, derrière chaque porte, il y aura des univers différents.
Hugo : On invite qui veut à faire la fête avec nous ! Effectivement, ça rejoint le côté gothique et romantique du manoir.
Louise : On pense tous les trois que la différence est une force. C’est hyper important aujourd’hui, notamment dans ce contexte politique assez tendu. C’est marrant, ce matin je pensais à ce titre en me disant qu’il y représentait toutes les valeurs qu’on prône et qui sont aujourd’hui mises à mal. Je pensais à ce titre par rapport à ce qui se passe politiquement en ce moment et il est tout ce que l’on défend.
C’est un peu un hymne finalement, non ?
Axel : Oui mais au début ce texte a été pensé et écrit pour raconter l’expérience de quelqu’un qui se réveille dans la nuit et fait une crise d’angoisse. On se sert de cette crise pour dire, faisons-en une force.
Louise : Dans cette chanson-là, il y a aussi l’idée de danser toute seule et ensuite, ensemble. C’est-à-dire commencer seule dans son angoisse et s’ouvrir à l’autre et se dire on va y aller ensemble et que ce sera plus simple. On sera plus fort ensemble et on est tous un peu chelous.
Justement, cette idée de faire danser, c’est quelque chose d’important pour vous quand vous êtes sur scène ?
Hugo : Oui, carrément. C’est quelque chose qui a toujours été un peu dans notre culture et notre tempérament. On a une bande de copains copines avec qui on organise souvent des événements, des soirées, des festivals. Faire danser les gens dans un moment festif c’est quelque chose qui est vraiment dans notre ADN, qu’on a en tant qu’artistes et en tant qu’organisateurs.
Axel : Danser et faire chanter les gens, voilà pourquoi on a pris ce courant pop, parce que le format s’y prête bien. On parlait de 45 tours tout à l’heure, ça me rappelle les singles uniques où tu cries les refrains à pleine balle.
Il y a aussi un aspect entre l’ombre et la lumière. J’ai l’impression que vous faites tout le temps des allers-retours entre les deux… Une de vos chansons s’appelle « Entre la vie et la mort » d’ailleurs…
Axel : Je crois qu’on nous l’a déjà dit ça et c’est vrai !
Louise : Personnellement, c’est un truc de ma vie de se dire qu’il faut plonger bas pour ensuite garder le meilleur. Il y a des choses compliquées dans une vie. Je trouve ça plus simple de regarder les choses en face pour remonter plus vite, plutôt que d’y rester trop longtemps et que ça macère.
Hugo : C’est bien dit. La part d’ombre n’est pas forcément méchante. C’est cool parfois d’être dans des périodes un peu plus sombres, chez toi, tout seul. C’est aussi ça vaciller entre l’ombre et la lumière, mais tout en se disant que c’est cool et que tant que tu ne fais du mal à personne, c’est ok.
Louise : C’est comme les tableaux tout noirs de Pierre Soulages où c’est la lumière qui révèle toute la beauté des matières et des formes. Il y a une beauté dans le noir et la lumière y est pour quelque chose. Sans la lumière, on ne verrait pas la beauté du noir.