CINÉMA

Séries Mania 2024 : Nos trois coups de cœur

Séries Mania 2024
Mary and George

Ce sont, traditionnellement, les deux premiers épisodes des séries sélectionnées que l’on découvre en salles lors du Festival Séries Mania. Les séries Boarders, Dans l’Ombre et Mary & George, ont su conquérir leur public. Retour sur nos trois coups de cœur de l’édition 2024.

  • BoardersCompétition internationale

Cinq étudiant·e·s noir·e·s, originaires de quartiers londoniens défavorisés, reçoivent une bourse afin d’intégrer le prestigieux internat de St Gilbert’s.

Présentée comme un acte de générosité par l’école, cette initiative n’est en réalité qu’une opération d’affaires publiques. En effet, leur accueil vise à redorer l’image de l’école, après une polémique créée par l’un de leurs élèves  : la vidéo, dans laquelle il asperge un sans-abri de champagne, a fait le tour des réseaux sociaux. L’arrivée des cinq étudiant·es sert alors de distraction. Leur acclimatation à ce monde qui leur est étranger, n’est pas facilitée par certains de leurs nouveaux camarades.

Réalisée par Daniel Lawrence Taylor, Boaders aborde la grande disparité des chances et l’hypocrisie dans l’organisation des institutions scolaires anglaises. À travers un quotidien douloureux vécu par des lycéen·ne·s, ce sont des enjeux universels qui sont mis en exergue. Bien que l’image et la photographie plongent le spectateur dans une ambiance proche de ses souvenirs adolescents, le propos et l’histoire ne sont, eux, pas destinés à un public juvénile. Les parallèles à établir entre le milieu scolaire et le milieu professionnel sont nombreux. Une hiérarchie inébranlable, des codes officieux auxquels se soumettre, une place à tenir, des relations privilégiées à entretenir.

Jodie Campbell, Josh Tedeku et leurs collègues incarnent avec brio cette jeunesse. La racialisation des personnages constitue le noyau de l’histoire, là où la série prend également le soin de souligner les grandes disparités sociales qui existent d’un élève à l’autre.

De prime abord, la charte graphique fait craindre une série aux allures «  Disney Channel  ». Finalement, c’est une comédie dramatique réjouissante et habilement ficelée qui se découvre. Une façon audacieuse d’aborder la discrimination, en dynamitant les clichés avec panache. La suite se fait attendre.

Séries Mania 2024
Jaheim (Josh Tedeku), Omar (Myles Kamwendo) and Toby (Sekou Diaby)

Six épisodes de 60 minutes. Diffusés par BBC Three au Royaume-Uni.

Adaptation du livre éponyme coécrit par Édouard Philippe et son conseiller Gilles Boyer, la série a toutes les raisons d’être proche du véritable déroulé d’une élection de parti. Là où le thriller politique n’a pas de couleur, la réalisation situe, elle, son intrigue dans le camp de droite.

Dans la course effrénée vers la tête du parti politique, les favoris Paul Francoeur (Melvil Poupaud) et Marie-France Trémeau (Karine Viard), se livrent une bataille sans pitié. Vainqueur des primaires, Francoeur se trouve catapulté dans une campagne présidentielle mouvementée, où les embuches sont loin d’être rares. Mais, favorite dans les sondages, Trémeau ne compte aucunement se rétracter après cette défaite.

Lorsqu’un trucage est décelé dans le processus de vote, une enquête fatale est amorcée. Coutant la vie de plusieurs individus, elle vise à éviter les scandales médiatiques et l’éventuelle défaite politique qui s’ensuit. Mais jusqu’où peut-on se permettre de cacher les évidences  ? César Casalonga (Swann Arlaud) conseiller du candidat, devra esquiver les attaques des autres candidats et éteindre les rancœurs au sein de ses équipes.

Dans l’Ombre transpose la scène politique française sur le petit écran dans une réalisation à la technique impeccable. Une plongée dans l’envers du décor d’une campagne présidentielle fictive et palpitante, qui nous révèle que tous les coups sont permis. Porté par un brillant casting francophone, les deux premiers épisodes ne permettent pas de réelle attache aux protagonistes. Ce sont plutôt les dynamiques, à la fois politiques et stratégiques, qui éveillent la curiosité vers la suite de la campagne.

Six épisodes de 52 minutes, à visionner sur France 2 avant la fin de l’année.

Adaptation du roman The King’s assassin (L’assassin du roi) de Benjamin Woolley, Mary and George conte l’affaire qui unit Jacques VI et George Villiers, premier duc de Buckingham. Micro-série réjouissante, cette narration aux visuels exquis, révèle une société pervertie. Inspirée de l’ascension véritable du Duc de Buckingham, cette chronique est à mille lieues de l’icône dumasienne.  

Mary Villiers (Julianne Moore), femme aux origines modestes et grande stratège, parvient à se hisser parmi les hauts rangs. Mais son ambition ne s’arrête pas là. La transfuge veut faire pénétrer son fils, George (Nicholas Galitzine), dans la garde rapprochée du roi (Tony Curran). Pour ce faire, elle ne tarit pas d’éloges sur sa succession, prête à braver tous les interdits.

Bien plus que simple conseillère, Mary incarne la destinée de sa progéniture. Elle s’immisce dans les moindres détails de son ascension sociale. Projetant ses ambitions sur ses enfants, elle alimente des relations conflictuelles avec sa descendance. Tout en les réconfortant, dans une époque portée par l’apparente indifférence, elle manipule sa cour, sa famille et sa destinée.

Agrémenté de décors et costumes absolument cinématographiques, l’aspect amoral des entreprises de Mary, se fond dans ce que l’on pourrait qualifier «  d’une autre époque  ». Riche en scènes dénudées, ces dernières restent suggestives, ne ternissant ainsi pas l’aspect onirique de l’image. Une intrigue de cour exaltante et dangereuse, portée par la phénoménale Julianne Moore, et le non moins convaincant Nicholas Galitzine.

Sept épisodes de 60 minutes. Diffusion originale dès le 05 mars sur Starz.

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