En racontant ses frasques dans le show-biz et de sa relation difficile avec son père, Panayotis Pascot nous invite, dans un récit autobiographique touchant, à l’aimer tel qu’il est.
« Surprise littéraire de la rentrée », « ouvrage phénomène », « Panayotis se met à nu ». Le premier livre de l’humoriste et comédien Panayotis Pascot, âgé de 25 ans, n’en finit plus de déchaîner les passions depuis sa sortie en septembre dernier. Il faut dire que le personnage intrigue. Recruté comme chroniqueur pour l’émission Quotidien à seulement 17 ans, Panayotis a tout arrêté pour se consacrer au stand-up, à l’acting et à l’écriture. En ce début d’année, il est à l’affiche d’une série très attendue, De Grâce. Il y incarne le benjamin d’une famille de dockers au Havre. Avec son visage poupon et sa carrière déjà bien remplie, les journalistes aiment à en faire l’icône de la jeune génération. Constamment mis en avant dans les librairies, l’envie est grande de se plonger dans ce premier ouvrage pour comprendre l’engouement.
Entre la banlieue parisienne de classe moyenne et le Paris chic des beaux quartiers, Panayotis écrit sur son problème existentiel. Il est un jeune homme dans la vingtaine en quête d’amour. Un sujet qui le préoccupait déjà dans son spectacle Presque, où il revenait sur ses déboires familiaux et amoureux. Ici, son livre ouvre sur la figure de son père mourant et incapable d’affection à son égard. C’est dans cette maison secondaire humide, que l’auteur en herbe décortique sa courte vie. Il alterne entre ses épisodes dépressifs dans l’univers glaçant du show-biz et les bribes de discussions avec ce paternel distant. On s’ennuie d’abord devant la redondance de cette histoire vouée à plus ou moins justifier que, si Panayotis est antipathique envers son entourage, c’est à cause de son père.
Un journal intime
Pourtant, le vingtenaire parvient à nous emporter, peu à peu, dans ce qui s’apparente à son journal intime. Avec un ingrédient simple : sa sincérité. Au travers de la figure de son géniteur, Panayotis nous fait comprendre que c’est en fait le regard des hommes qui le bouscule. Il veut se faire aimer d’eux et, ce faisant, il nous raconte la difficile acceptation de son homosexualité. Il aborde sans détour sa honte, son déni et même sa propre homophobie. Autant d’ingrédients qui le poussent à rejeter cette part de son identité. De la même façon, Panayotis Pascot n’hésite pas à décrire les moments de sa vie où il est détestable. Parce que si Panayotis cherche l’amour, il n’est pas encore prompt à en donner.
Panayotis nous fait volontairement hésiter sur ce qu’on pense de lui. On oscille tout du long entre la détestation de ce petit prince de la télé ingrat et une forme d’empathie pour ce qui pourrait être un ami maladroit. Des sentiments contradictoires qui nous poussent à continuer de lire. Afin de découvrir qu’elle sera le dénouement de sa quête pour faire la paix avec cette adolescence étrange et accepter l’adulte qu’il est en train de devenir.
En passant par l’introspection, Panayotis Pascot déconstruit les carcans avec lesquels il a grandi. Le jeune homme a compris que le patriarcat l’a torturé les vingt premières années de sa vie, veut se mettre du vernis, embrasser des hommes et pleurer quand cela lui prend. Il sait désormais qu’il ne pourra aimer les autres qu’en s’aimant d’abord lui-même. Et nous montre qu’il tente tant bien que mal d’y arriver.
La prochaine fois que tu mordras la poussière, de Panayotis Pascot, éditions Stock, 19,50 euros.