Poisson de l’Aube naît en 2020 de la fusion musicale entre le chanteur-guitariste Pablo Moll de Alba et le saxophoniste José Ferreira. Un an plus tard, Solal Chomand à la basse et Valentin Savary à la batterie ont rejoint les rangs. En mai dernier, le groupe dévoile son tout premier album, Moquette Bleue, prenant ainsi la suite de l’EP inaugural, Les Souvenirs du Colonel, qui avait ouvert la porte à un univers à la fois explosif et empreint de poésie.
Tout ce qui rendait l’EP introductif si attachant est porté à son apogée. Punk et free jazz fusionnent pour embraser des chansons , à la fois rugueuse – voire bruitiste – et une mélodie ultra-séduisante. Une synthèse enivrante et parfaitement équilibrée qui constitue un véritable pied de nez au formatage musical ambiant. Les chansons sont portées par une énergie frontale et un humour aux tonalités picaresques. Moquette Bleue incarne un ravissant chaos qui flirte inlassablement avec l’accident, plongeant au cœur de la poésie et déployant de multiples récits. L’ombre de la Movida espagnole plane sur l’intégralité de l’album, exprimant une volonté intrépide de fusionner provocation punk et esthétique pop, pour ne laisser place qu’à une seule envie, voir le groupe se produire en live.
Qui êtes-vous, Poisson de l’Aube ?
Pablo : Alors, mon nom, « Moll de Alba », est d’origine catalane et signifie littéralement « poisson de l’aube », le poisson du port.
Comment le groupe s’est-il formé, comment s’est déroulée votre collaboration ?
Pablo : Eh bien, José et moi, on se connaît depuis un bail. En 2020, après le confinement, l’idée du groupe a germée. Lui, il joue du saxo, et moi j’avais déjà fait partie de plusieurs groupes. D’ailleurs j’ai un autre groupe en Italie, Les Mondains, avec qui je tourne aussi. Alors on s’est dit, pourquoi pas essayer de jouer ensemble, juste comme ça, pour voir ce que ça donne. On travaillait dans des domaines complètement différents, lui dans l’hôtellerie, moi plutôt dans le cinéma. À cette époque, avec le chômage partiel dû à la pandémie, on avait pas mal de temps libre, et on en a profité pour se voir super souvent, deux ou trois fois par semaine. C’est pendant cette période qu’on a écrit à peu près 75 % des chansons qu’on a sorties sur nos deux albums.
Valentin : Une fois le covid terminé, je suis parti en stage chez Kodak Cinéma, et c’est là qu’on a rencontré notre tout premier bassiste. Mais avec le temps, il s’est fait remplacer par son grand frère, le groupe vieilli (rires). Un jour, je leur raconte que ça faisait un bon moment que je n’avais pas fait de batterie, mais que je voudrais éventuellement reprendre. Et à ce moment-là, un autre stagiaire arrive, donc le bassiste, qui lui se mettait à la basse.
Pablo : Non même pas ! Il avait envie de toucher à un peu à la basse.
Valentin : Tout à fait ! À l’époque, Pablo et José avaient fait un concert pour la fête de la musique, et tout le monde en parlait au bureau parce que tout le monde était allé les voir jouer. C’était juste avant mon arrivée. Donc, il y avait cette effervescence autour d’eux, et on entendait beaucoup parler de Poisson de l’Aube au boulot. C’est là que Pablo est venu nous voir en nous disant qu’il aimerait rajouter un peu de rythmique à ce qu’il faisait déjà depuis le covid. Et une semaine ou deux plus tard, on a organisé une répétition tous ensemble au Studio Bleu dans le 10e, vers les Petites Écuries. On a discuté un peu avant de jouer, et on a eu une super alchimie musicale. Après la séance, on a passé une super soirée, et depuis ce moment-là, ça n’a jamais arrêté !
Quelle est l’histoire du premier EP ?
José : Alors l’histoire c’est qu’on avait environ une quinzaine de chansons que nous jouions en concert. Mais avec un budget limité pour l’enregistrement, nous avons dû faire un choix. Nous avons finalement opté pour 4 chansons, qui sont devenues les 4 chansons de notre premier EP. On pense que c’étaient les chansons que les gens applaudissaient le plus.
Valentin : Exactement, et ce sont aussi celles que l’on considérait comme étant les plus importantes. J’ai oublié de parler de quelque chose au moment où il t’expliquait le début du projet : l’idée de départ partait du fait qu’une amie de Pablo avait lancé une marque de culottes menstruelles, et elle avait déjà cette idée de chanson qui existait. D’où l’idée de faire un clip lié à sa marque avec la chanson « Menstruation ». C’est ça qui a un peu lancé le truc, c’était le premier morceau sur lequel on a travaillé , et derrière on a commencé à composer les autres.
Valentin : Puis pour les autres chansons, ce sont celles qui nous plaisaient particulièrement, celles que nous avions envie de réécouter, qu’on a choisi d’enregistrer. Donc c’était génial de les avoir disponibles en streaming !
Pablo : En ce qui concerne les histoires des chansons, il y a « Les Éléphant », qui parle de souvenirs. J’aimais beaucoup les éléphants quand j’étais petit, et cette chanson évoque des souvenirs liés à eux, un peu dispersés. J’ai rassemblé divers souvenirs en rapport avec les éléphants, et voilà comment est née cette chanson. Il y a aussi un clip, d’ailleurs, qui raconte une histoire de dîner qui tourne de manière absurde… (rires). J’étais à l’étranger, au bar en train de boire un verre, en train d’attendre ma copine qui passait un appel Zoom pour le boulot, et il y avait ce vieux couple assis à côté, qui n’a pas échangé un mot pendant tout le repas. Ils sont restés silencieux en attendant leur plat, sans prononcer un seul mot. C’est de là que vient le refrain « El primero que hable, pierde ; el primero que hable, muere ». Et voilà, cette chanson est née de cette phrase. En ce qui concerne « Bestiario », c’est la dernière chanson de l’EP, et je ne suis plus tout à fait sûr de quoi il s’agit, car j’ai écrit les paroles il y a un bout de temps. C’est un peu comme un poème surréaliste.
Pablo, tu écris depuis longtemps ?
Pablo : Ouais, j’écris depuis mon adolescence, principalement dans des carnets. Beaucoup de poésie et ce genre de choses, mais c’était plutôt pour moi, en solo. Puis, quand j’ai commencé à faire de la musique vers l’âge de 18 ans environ, j’ai commencé à transformer ces textes en chansons.
Donc, à la base, ce sont des textes qui n’étaient pas forcément destinés à être chantés ?
Pablo : Exactement.
Comment se passe l’adaptation de ces textes en chansons ?
Pablo : Eh bien, c’est un processus qui peut s’avérer être complexe. Parfois, ça se fait naturellement avec le temps. Dans Les Mondains, l’autre chanteur a une approche très mélodique, alors que moi j’ai une approche plutôt poétique, puis j’essaye de donner une musicalité aux mots. Quand j’ai commencé à mettre mes textes en musique vers l’âge de 18 ans, j’ai dû trouver un équilibre entre les mots et la musicalité. Il y a des moments où ça fonctionne bien, et d’autres où ça coince. J’ai progressivement appris à accorder une plus grande attention à la musicalité des mots.
Dans vos musiques, vous conciliez jazz, punk, post-rock… Comment vous vous y prenez ?
Valentin : Tout part de la compo chant-guitare de Pablo. On avait déjà tous un peu joué avant, on avait nos repères. Ensuite en studio, on laisse place à l’expérimentation, à l’improvisation. Pablo se lance et puis on essaye des trucs, on compose ensemble. Pour ma part j’ai appris la batterie jazz quand j’étais petit, pendant une dizaine d’années. Cette sensibilité jazz se fond plutôt bien avec nos compositions à la base plutôt rock. En plus, le saxophone de José apporte naturellement des sonorités jazz, tandis que les bassistes eux peuvent jouer un peu n’importe quoi (rires). J’imagine que c’est ça qui donne ce côté impro dans la composition. Ce mélange d’influences punk, rock, et jazz.
Pablo : On n’a jamais abordé notre musique en se qu’on allait faire tel ou tel genre de style. On ne s’est pas dit que nous serions un groupe de rock, de jazz ou de punk. Au contraire, on laisse nos envies et ce qui sonne bien nous guider. Quand j’écris, j’aime explorer différents styles musicaux. Je commence avec une idée en tête, puis on teste, et si ça sonne bien et que cela nous plaît, on l’incorpore. C’est un processus assez naturel en fait.
Le cinéma dans votre musique est très présent.
Pablo : Oui oui, on est deux à travailler dans le cinéma, Valentin a travaillé dans le cinéma lui aussi. Solal, le bassiste, il fait une école de commerce, mais sa passion c’est le cinéma, il aimerait bien bosser dans ce milieu.
José : C’est le mec qui va le plus au cinéma du monde.
Valentin : C’est le genre de mec qui va aux séances de 10 heures du matin.
Pablo : Du coup notre écriture a une forte dimension cinématographique en général. Les images que nous créons sont très conçues comme des plans de cinéma, et on prend beaucoup de plaisir à réaliser nos propres clips.
Valentin : On s’est rapidement mis à faire des clips surtout parce qu’on aime tous ça, c’est un univers qui nous intéresse, et dans nos entourages, on a des gens qui savent tenir une caméra et faire des trucs cool, on s’intéresse au montage, à l’étalonnage. « Le Repas », par exemple, on l’a monté nous-mêmes avec un cadreur qui était le cousin du bassiste. On a envie de créer au-delà de la musique, c’est ce qui rend tout ça très artisanal.
Comment imaginez-vous les images que vous allez tourner dans vos clips ? Comment viennent vos idées, comment les mettez-vous en commun ?
Pablo : On a réalisé quatre clips jusqu’à présent. « Les Éléphants », c’était une idée que j’ai eue en voyage avec ma copine. On avait confectionné un masque d’éléphant et l’idée, c’était de créer des performances, de faire des spectacles au milieu des gens. C’était très absurde, mais aussi très fun aussi. Pour les autres clips, c’est assez éclectique. « Le Repas » et « Le Patriote » sont basés sur des scénarios que j’ai écrits. Les tournages se font sur un ou deux jours, on part d’un scénario plus ou moins abouti, et au fur et à mesure, tout le monde a de nouvelles idées. C’est quelque chose d’assez libre.
Valentin : Pour le clip de « Le Repas », il y a toute une histoire avec cette peinture que l’on voit au tout début du clip. Le plan commence sur cette nature morte qui est magnifiée par le buffet qu’on voit dans le clip. Pablo a adapté l’anecdote de ce couple qui ne se parlait pas en scénario. C’est l’histoire d’un dîner où deux couples se rencontrent, avec une cinquième personne pas vraiment adaptée au contexte, ce qui créé une tension assez palpable. C’est ce qui donne cette atmosphère étrange au clip.
Pablo : Ensuite, il ne faut pas oublier notre quatrième clip, « Menstruation ». Il s’agit d’un film d’animation réalisé par un copain espagnol. Il l’a créé entièrement de son côté, et le résultat était magnifique ! En ce qui concerne les clips, on travaille avec la même équipe de copains, des gens incroyablement dévoués, et c’est vraiment fantastique.
José : En plus, on a l’un des meilleurs acteurs de sa génération, je ne sais pas quel âge il a, mais vraiment, je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi doué, et pourtant, je regarde beaucoup de films (rires). Imagine un mélange entre Javier Bardem dans No Country for Old Men et De Niro.
Pablo : Il faut le citer, son nom c’est Pol Boixaderas dans le clip « Le Repas », il jouait un rôle difficile, secondaire mais exigeant, alors on s’est dit que dans le prochain clip, il serait protagoniste. Ça a été le cas dans « Le Patriote », où il a été formidable. Il y a toujours une espèce de communion entre nous tous quand on travaille tous ensemble… J’espère vraiment que ça va continuer.
Dans vos chansons, vous alternez entre plusieurs langues, comment faites-vous le choix des langues ? C’est en fonction de la langue dans laquelle Pablo as écrit le texte à l’origine ?
Pablo : Eh bien, c’est quelque chose qui a commencé avec Les Mondains. Quand nous avons créé ce groupe, j’étais à l’université, et j’ai rencontré Daniel, qui est compositeur et chanteur. Je suis espagnol, mais j’ai des origines françaises, et j’ai vécu en Italie pendant trois ans pour mes études. Daniel, lui, est italien et danois. Du coup ça a été un peu une évidence d’écrire dans toutes les langues que nous connaissions. Et c’est un truc qui m’a beaucoup plu de mélanger les langues dans les chansons, ça donne une musicalité différente aux mots, parce que quand tu chantes, la tonalité, l’intention vocale changent avec la langue. Après avoir créé Poisson de l’Aube, on s’est dit qu’il fallait perpétuer cette façon de faire. Il n’y a pas de choix délibéré, je crée simplement dans la langue qui me semble la plus appropriée pour chaque texte. Bien sûr, le fait de vivre en France a eu un impact sur l’écriture en français, on a beaucoup moins d’italien, alors que dans Les Mondains, il y en a énormément. Pour Poisson de l’Aube, en général, on utilise principalement le français et l’espagnol.
Qu’est-ce qui s’est passé entre le premier EP et l’album ? Comment êtes-vous passés de l’un à l’autre, qu’est-ce qui a changé, qu’est-ce qui a été nouveau ?
José : La qualité déjà (rire). On a continué à jouer ensemble et à progresser, à apprendre à mieux jouer ensemble. Nous nous sommes beaucoup entraînés, je crois que ça sonne un peu mieux maintenant.
Valentin : L’EP avait pour but d’immortaliser les chansons qui étaient les plus importantes pour nous à ce moment-là. Moquette Bleue tire son nom du lieu où nous nous sommes rencontrés, car il y avait une moquette bleue dans nos bureaux. Même si ce n’était pas une ligne directrice, le titre Moquette Bleue symbolise en quelque sorte l’immortalisation de cette rencontre et du chemin parcouru ensemble ces trois dernières années.
Pablo : Sur le plan technique, pendant l’enregistrement du premier EP, on s’est beaucoup pris la tête avec le métronome, ce qui a donné un résultat très produit et mécanique, moins fidèle à ce que nous faisions en live, qui lui était beaucoup plus brut. Dans les live, il y a une question de bruit, de brutalité qui nous plaît beaucoup. Pour l’enregistrement du deuxième album, notre producteur nous a encouragés à utiliser moins le métronome et à laisser plus de place à la spontanéité. Et ça, ça nous a beaucoup aidé, ça a été une décision super importante.
Valentin : Notre musique était moins mécanique, plus fidèle à nos performances live, ça a vraiment amélioré notre musicalité. Il y a cet effet live même si on retravaillait les takes ensuite et qu’on rajoutait quelques trucs.
José : Et on est plus libres, plus naturels, et plus proches de ce qu’on essayait de faire de base quoi.
Pablo : Exactement. Il y a ce côté impro, étant donné qu’on a ce truc du jazz, avec la présence du saxophone. Même si nos morceaux sont très travaillés on laisse toujours des plages musicales libres au milieu de certaines chansons pour laisser un peu de place à l’improvisation. Parfois il y a des “accidents” pendant l’enregistrement, surtout par rapport au sax, vu que les mélodies ne sont pas toujours définies de manière stricte. A certains moments, on enregistre trois ou quatre prises, puis on choisit la meilleure. Et on s’était dit que c’était important pendant l’enregistrement du deuxième album de ne pas faire plus de trois ou quatre prises et de ne pas réviser le mixage plus de trois ou quatre fois, pour essayer de conserver un son le plus naturel possible et de restituer ce que nous faisons en live quoi.
Donc votre musique est principalement conçue pour le live ?
Valentin : Oui ! Cela rejoint également notre tendance à improviser. À l’exception de la base, qui est la guitare et le chant, mais même là en fait, il y a aussi de l’improvisation. Chaque chanson est un moment de plaisir en soi, et on sent que nous progressons ensemble, que nos chansons évoluent.
Pablo : C’est vrai, nos performances live ne sont jamais exactement les mêmes. On a tous une base, mais plus on les connaît, plus on aime les réimproviser.
Mano Solo est-il une influence pour vous ? Il y a des similitudes frappantes entre cet artiste et votre groupe, que ce soit au niveau de la voix ou des instruments. Est-ce un hasard ?
Pablo : C’est un hasard, car je n’ai jamais écouté Mano Solo (rires). Je ne le connais pas, mais j’irai l’écouter. Par contre, en ce qui concerne nos influences, on a dû en donner quelques-unes pour le mixage, il fallait donner des pistes de référence, et choisir des chansons que nous pensions influentes en termes de sonorité.
José : Je pense que chacun d’entre nous a ses propres influences, mais je ne pense pas qu’elles se manifestent de manière évidente.
Pablo : On a jamais défini un groupe en particulier comme étant notre modèle à suivre. Mais pour le coup, les Velvet Underground, c’est une influence que j’ai depuis mon adolescence. Peut-être qu’ils ont influencé notre sonorité d’une certaine manière, dans leur côté brut, dans la manière d’enregistrer, dans les mélodies. C’est peut-être vraiment cette influence qui pourrait être citée. Après le truc, c’est qu’on a tous les quatre plus ou moins le même âge, on a entre 28 et 30 ans, on a grandi dans une époque musicale similaire, et on a tous été élevés dans la musique… En somme on a un background assez similaire, ça crée pas mal de points communs en termes d’influences..
Existe-t-il un fil conducteur ou une narration commune entre toutes les chansons de Moquette Bleue ?
José : Pour les deux, pour l’EP et l’album, on a commencé à imaginer l’ordre des titres peu de temps avant l’enregistrement, ou juste après les avoir enregistrés.
Valentin : La cohérence sonore est vraiment importante pour, le fil conducteur s’est construit en fonction de la sonorité. Si nous devions trouver un fil conducteur, ce serait au niveau de la sonorité.
Pablo : Mais du point de vue narration, on n’a pas vraiment d’album concept. Les chansons abordent des sujets très variés, certains plus personnels, d’autres plus poétiques, d’autres encore plus absurdes. C’est davantage un univers sonore que narratif.
Vos chansons traitent de thèmes récurrents, comme les souvenirs, la famille, la mort, la guerre, les armes…
Pablo : (rires) C’est marrant que tu soulignes ça, on en parlait avec José l’autre jour justement, on se disait qu’en effet, le mot “mort” revient dans beaucoup de nos textes. J’ai commencé à me poser des questions, à me demander pourquoi c’était si fréquent.
José : Je pense qu’il n’y a rien de plus intéressant.
Pablo : Toutes les thématiques que tu as citées m’intéressent beaucoup. La guerre, par exemple, c’est une petite obsession que j’ai par rapport à la Seconde Guerre mondiale et à des sujets similaires. Il y a une époque où j’écrivais beaucoup par rapport à ça, à la guerre civile, tout ça. Ce sont des sujets qui reviennent régulièrement.
José : En parlant de la mort, récemment, j’ai vu un film au cinéma qui m’a beaucoup marqué. C’est L’Arbre aux Papillons d’Or. Tous les films de trois heures me font un peu mal à chaque fois, mais celui-ci est vraiment très beau.
Quels sont vos projets pour la suite, de quoi vous avez envie maintenant ?
José : Moi, j’aimerais faire de plus en plus de concerts. Si je pouvais en faire un par mois, ce serait super. L’idée de partir en tournée, de continuer à enregistrer de la musique est également très excitante. L’essentiel, c’est de continuer à s’amuser, c’est ça le plus important.
Valentin : On a pas mal de chansons qui intègrent des influences plus modernes. Ce sont des chansons qui nous tiennent à cœur et qu’on aimerait bien rassembler dans un projet plus éclectique. On a des morceaux avec des influences de bossa nova et de jazz manouche, l’idée serait d’expérimenter davantage avec ces styles.
Pablo : Et de mon côté, mais on en parlait déjà ensemble avec le groupe l’autre jour, c’est au niveau de la production aussi et des arrangements des chansons que j’aimerais me concentrer. D’essayer de travailler davantage en amont pour réfléchir aux arrangements et à la construction des chansons avant de les enregistrer en studio. Dans nos deux derniers projets, on a beaucoup improvisé, ce qui ne doit jamais s’arrêter parce qu’on est dans la brutalité de la chose, mais on pourrait prendre le temps de réfléchir à des arrangements plus travaillés avant d’aller en studio par exemple.
José : Et on a envie de s’améliorer. Le fait d’improviser, même si ça nous plait, ça a ses limites. Pas toujours, dans le jazz les meilleurs albums sont souvent très improvisés. Mais comme nous ne faisons pas vraiment que du jazz, c’est peut-être mieux qu’on essaye de faire les choses de manière plus réfléchie.
Pablo : Oui, avoir une réflexion plus poussée sur la création musicale, peut-être même essayer d’écrire des chansons plus courtes pour concentrer nos idées dans un laps de temps plus réduit. Mais avant tout, notre ambition principale est de continuer à créer et à jouer de la musique. Nous avons toujours évolué en tant que groupe en explorant de nouveaux lieux de concert et en apprenant de la manière que l’on a de se produire sur scène.
José : En fait on a déjà joué au Supersonic donc à partir de maintenant euh…
Pablo : On peut revenir jouer au bar comme au début ! (rires)
José : En plus les backstages du Supersonic, c’est des vrais backstages ! ils ont même un babyfoot, un endroit pour ranger nos vêtements… (rires)