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Le Théâtre du Peuple à Bussang – Entre théâtre et nature

© Lorraine Tourisme
© Lorraine Tourisme

Pour sa saison estivale, qui s’est tenue du 29 juillet au 2 septembre, le Théâtre du Peuple à Bussang a offert au public deux spectacles. Entre l’indémodable Cyrano de Bergerac, mis en scène par Rodolphe Dana et Katja Hunsinger et Je voudrais vous parler de Duras, de Katell Daunis et Julien Derivaz, plongée en pleine nature théâtrale.

C’est au milieu d’un écrin de verdure que surgit le Théâtre du Peuple. Il nous semble plonger directement dans les coulisses de Shakespeare in Love, tant ce théâtre tout fait de bois rappelle les premiers édifices du dramaturge britannique. A l’intérieur, 900 places attendent le public pour une expérience théâtrale hors du commun. Construit à la fin du XIXème siècle, sous la direction de Maurice Pottecher, ce théâtre à l’architecture exceptionnelle a pour vocation d’offrir à tous et toutes une place sur scène. “Par l’art, pour l’humanité”. C’est ce qu’on lit sur le fronton du théâtre. Le bâtiment est un mélange d’utopies : rassembler un public nombreux, proposer un répertoire varié et constamment innover. Avec sa scène qui s’ouvre directement dans le fond sur la forêt vosgienne, il nous transporte dans un monde où les comédiens, le public et la nature évoluent en symbiose.

Cyrano de Bergerac – Du panache dans les Vosges

Tous les ans, l’association du Théâtre du Peuple propose une création dont le casting a pour particularité d’être composé d’amateurs et de professionnels. Bien qu’ambitieux, le choix de la pièce de Rostant s’avère finalement parfaitement adaptée à l’architecture du lieu. Il faut dire que la première scène se passe elle-même dans un théâtre. Le bois, les coulisses apparentes, les larges allées entre les sièges, permettent aux comédiens d’évoluer au milieu du public. C’est un Cyrano sincère, populaire, inclusif, que le duo Dana-Hunsinger propose.

Le spectacle utilise la forêt du fond de scène, qui se change peu à peu en siège d’Arras ou bien en couvent silencieux. On regarde les personnages se débattre avec leurs démons et leurs désirs, qui sont terriblement modernes. Cyrano de Bergerac est une œuvre intrinsèquement et ironiquement dramatique mais le Théâtre du Peuple l’a rendue irrémédiablement poétique.

© Cristophe Raynaud de Lage

Je voudrais vous parler de Duras – L’amour comme coup de grâce

Peu sont celles et ceux qui ne connaissent pas Marguerite Duras. Cependant, sa vie privée demeure parfois méconnue : c’est notamment le cas, aujourd’hui, de sa relation avec Yann Andréa. De presque quarante ans son cadet, ce dernier fut l’ultime compagnon de l’autrice durant les seize dernières années de sa vie. Katell Daunis et Julien Derivaz s’emparent des paroles d’Andréa et font revivre une histoire d’amour totale et aussi intrigante qu’intense. On s’interroge forcément sur cette relation scandaleuse qui est pourtant relatée avec tant de poésie et de pureté par son protagoniste. La mise en scène est un cocon d’intimité, avec la régie placée sur scène et le comédien, Julien Derivaz, en entretien avec le public. Il se déplace, se recroqueville, danse, s’étire, se retire des regards au fur et à mesure qu’il dévoile ses fêlures.

Le comédiens nous emporte dans un tourbillon d’incompréhension (comment comprendre une histoire d’amour qui ne nous concerne pas ?) mais qui n’est pas si désagréable. Parfois, il suffit de se laisser porter.

Julien Derivaz © Xavier Deranlot

Deux spectacles très différents mais d’intensité similaires. Deux spectacles qui parlent d’amour, dans un lieu qui semble avoir été créé pour cela.

Ce théâtre, à vocation inclusive et universelle, accueillera pour sa prochaine saison une nouvelle directrice, Julie Delille. Elle prendra ses fonctions, à la suite de Simon Delétang, et annoncera ses projets et sa ligne directrice en octobre.

Le Théâtre du Peuple de Bussang, sa saison estivale, un projet incontournable pour l’été prochain.

Plus d’informations sur le Théâtre du Peuple ici.

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