Maze s’envole pour Montréal afin de rencontrer YOCTO, quintette post punk new wave québécois. C’est avec leur premier album Zepta Supernova, sorti le 25 août 2023, que le groupe nous fait voyager à travers les astres et l’espace.
Embarquez dans le vaisseau spatial de YOCTO. Formé par Yuki Berthiaume-Tremblay et Jean Michel Coutu, déjà complices à travers le groupe IDALG (Il danse avec les genoux), les 2 comparses appellent pour voguer avec eux des amis de longue date Emmanuel Éthier (du groupe Chocolat), Félix-Antoine Coutu et Carl Matthieu Neher. C’est avec cette nouvelle formation au son unique que YOCTO prend vie et nous emmène dans cet univers sci fi aux notes post punk underground de la fin des années 70. Flirtant avec des influences comme Television, Devo ou encore Talking Heads, ce nouveau super groupe montréalais réinvente le genre avec audace et sans prétention afin de nous présenter leur premier album Zepta Supernova, épopée galactique musicale.
En découvrant cet ovni sonore, Maze a voulu en savoir plus sur ce projet qui porte le nom d’une micro unité de mesure. Direction Montréal à l’Esco bar, lieu culte de la scène québécoise, où nous allons rencontrer les têtes pensantes de la formation, Yuki et Jean Michel. Dans les coulisses du bar, nous allons échanger sur l’histoire de la création du groupe, de leurs influences, de leur rapport à la langue française et l’importance de la scène underground de Montréal. Une rencontre solaire et captivante.
Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu’est YOCTO ? Et pourquoi avoir choisi comme nom de groupe une micro unité de mesure ?
Jean Michel : Dans le fond, effectivement, Yocto est une micro unité et on voulait miser sur la précision des éléments plutôt que sur la densité. Nous avons un autre groupe Yuki, moi et Felix-Antoine qui s’appelle IDALG (Il Danse Avec Les Genoux) où justement on était plus sur de la densité. Du coup, avec cette nouvelle formation on a décidé d’être plus sur de la précision définie.
Mais du coup comment le projet s’est formé ? En quoi est-il différent des autres ?
Jean Michel : Je commençais des maquettes, car je travaillais sur du nouveau matériel, avec des débuts de riffs et des paroles.
Yuki : On voulait à la base des nouvelles compositions pour IDALG mais Jean Michel ne voulait pas chanter.
Jean Michel : En tout cas ça ne fonctionnait pas.
Car le son est très différent d’IDALG.
Yuki : Oui c’est ça. Puis, tu sais c’est en essayant des choses, en chantant les textes et en travaillant ces nouvelles compositions qu’on s’est rendu compte, avec Jean Michel, que ça nous amenait vers une autre direction, une autre intention.
Jean Michel : Yuki prenait une vraie place de chanteuse lead.
Comment ça se passe quand vous composez ?
Yuki : Jean Michel arrive avec toute la composition, les arrangements, les textes. Puis dans le studio, en soit, on aime beaucoup travailler ensemble comme sur l’interprétation et la direction. On essaye des choses.
Jean Michel : Des fois, la maquette est là et une partie des paroles sont pas au point. On se voyait de semaine en semaine. C’était très régulier comme processus. J’arrivais avec une version du texte, puis on l’essayait. Si on se disait « ah, ça ça marche moins bien », je repartais, je corrigeais et la semaine d’après on recommençait. Donc ça fonctionnait pas mal comme ça, un travail d’équipe.
En nous parlant de textes, pourquoi avoir créer un album concept qui s’adresse à un antagoniste mégalomane ? Est-ce que c’est une pure fiction ou il y a un véritable sous message ?
Jean Michel : (Rires) Non c’est de la pure fiction. C’est ce que je trouve important dans l’exercice. Tout le monde peut se l’approprier. Interpréter nos chansons en fonction de leur propre dynamique de vie.
Comment allez vous jouer cette fiction sur scène ?
Yuki : Plus dans l’élan, l’intention.
Jean Michel : Une position d’affirmation.
La musique de Yocto sonne très post punk des années 70 comme Devo, Talking Heads ou encore Television. Est-ce que c’est des inspirations pour vous ?
Yuki : Oui complètement.
Jean Michel : Il y a beaucoup Television. Talking Heads dans une espèce d’inspiration globale même si je pense que c’est pas directement lié à Yocto. C’est vraiment Television car il y a un aspect concis qui est super intéressant. Même si au final, dans ce nouveau projet, avec les synthétiseurs on va dans les textures ce qu’il y a moins chez eux.
Une des chansons phare de l’album, c’est « Orbitral Alcatraz ». Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur ce titre ?
Jean Michel : C’est particulier, car tous les riffs ont été composés dans une période où tous les jours j’ajoutais un nouvel élément aux compostions. Je vois ça comme si j’avais poli la chanson. De jours en jours, je retravaillais le morceau de façon très instinctive et organique. C’est très différent de quand on composait pour IDALG, où on jamme et on se dit qu’on garde cette partie là ou une autre. On est plus sur du long terme mais dans une courte période. Ça a duré 2 mois pour tout ce qui est riff par exemple.
Pourquoi avoir appelé l’album Zepta Supernova ?
Jean Michel : En gros dans les petites mesures il y a le yocto et aussi le zepto. Ça représente un peu le déclin de la bonne étoile de l’antagoniste mégalo.
Et d’où vient cette ambiance Sci fi présente dans l’opus ?
Yuki : (Rires) Bonne question ! On dirait que c’est venu tout seul.
Jean Michel : Mais il y avait vraiment une inspiration des génériques, d’intro fin des seventies genre Capitaine Flamme. Tout ça était mélangé là.
Yuki : Puis il y a ce sujet d’étoile dans les textes, ce qui peut amener l’auditeur vers cet aspect là.
Jean Michel : Cette nouvelle série de chansons sur lesquelles on travaillait, les textes allaient dans un sens un peu plus éclaté qu’IDALG. Il y avait dès le début l’intention de rajouter des synthétiseurs et on a vraiment passé beaucoup de temps ensemble à aller chercher des sons qui sonnent Yocto.
Le son est tout de même assez unique, vous utilisez quoi comme matériel ?
Yuki : C’est varié.
Jean Michel : Je pense que l’inspiration est quand même vers du synthé analog assez basique. Mais souvent les sons ne sont pas bourrés d’effets. C’est plus un travail, ici, de saturation, de timbre, qui amène un certain grain et de couleur au son.
C’est quelque chose d’important, pour vous, de chanter en français ?
Jean Michel : Ça vient chez moi comme par défaut. Naturellement. C’est la langue dans laquelle je suis le plus à l’aise.
Yuki : Pareil. Je pense que je serais pas à l’aise de chanter en anglais.
Il y a une belle scène underground française qui s’est créée à Montréal depuis quelques années, en quoi est-elle importante, influente pour vous ?
Jean Michel : De mon point de vue, il n’y a pas encore vraiment de niche. L’élément rassembleur, plus que la langue comme telle, sont les différentes scènes par rapport aux différents endroits de Montréal et qu’on se retrouve quand même à jouer avec des groupes anglophones.
Yuki : Je trouve ça intéressant de le faire quand même.
Un concert de prévu en France après la sortie de l’album ?
Yuki : On aimerait vraiment ça ! On va sortir notre vinyle chez le label Requiem pour un Twisteur car ils ont beaucoup aimé notre album.
Comment s’est fait la rencontre avec le label ?
Yuki : C’est nous qui avions envoyé notre album.
Jean Michel : On a des amis, le groupe Corridor, qui avaient sortie leur album Supermercado chez eux. On joue avec Yuki sur l’album et Emmanuel, notre bassiste, l’a réalisé. (Rires)
Yuki : Donc on avait déjà un lien avec eux.
Dernière question, nous sommes à l’Esco bar à Montréal. Il représente quoi cet endroit pour vous ?
Yuki : C’est un endroit assez culte pour la scène musicale de Montréal comme le Quai des Brumes qui est juste à côté. C’est ici que tout le monde commence.
Jean Michel : C’est ultra reconnaissant de pouvoir jouer ici. On y est passé avec tout nos projets.
Yuki : C’est un pilier pour la scène et la communauté montréalaise. C’est tellement important comme endroit. On a eu peur aussi avec la pandémie pour ces petits lieux qui sont très importants pour la ville. On espère que ça va perdurer et qu’il vont continuer à accueillir les nouveaux projets car c’est forcément par là que ça commence.
Jean Michel : Puis que ça continue aussi car on compte bien continuer à y jouer.