Présent à l’occasion de la 16ᵉ édition du Festival du Film Francophone d’Angoulême (FFA 2023), Maze découvre un festival riche en cinémas.
De la compétition, à travers les avant-premières, en passant par les coups de cœur et les mises à l’honneur, ce ne sont pas moins de 9 Valois d’Or, qui sont attribués chaque année depuis la création du Festival en 2008. Retour sur deux longs-métrages issus de la compétition 2023, Première Affaire de Victoria Musiedlak et Rien à perdre de Delphine Deloget.
« Première Affaire » de Victoria Musiedlak
Nora est avocate. En déplacement dans le nord de la France pour une affaire qui, d’apparence, devait être une formalité, elle se retrouve dans un tourbillon professionnel qui la dépasse.
Alors qu’elle est de sortie avec une amie, Nora est appelée en pleine nuit par le cabinet d’avocat dont elle fait partie. Elle doit se rendre à Arras pour représenter un individu placé en garde à vue. Ce qui ne devait être qu’une simple procédure administrative, prend une ampleur démesurée. Issue du droit des affaires, c’est dans le pénal qu’elle plonge. Son client est le principal suspect du meurtre commis derrière chez lui .
Novice dans le domaine, Nora arpente l’affaire de manière scolaire. Son jugement émotif la dévie de sa trajectoire, et les complications annexes à l’affaire la déroutent. Son client, s’il se dit innocent, l’est dans son entendement, alors absolument. D’abord réservée, elle se donne peu à peu corps et âme, pour un jeune homme qui ne parvient pas à tenir une seule version des faits. Il faudra alors qu’elle s’affirme, qu’elle prenne les choses en main. D’une jeune avocate aux apparences fébriles, les circonstances professionnelles façonneront une femme à l’assurance déstabilisante. Noée Abita incarne merveilleusement son personnage : fluette, craintive et émotive, elle s’accroche, se détache et parvient ensuite à dérouter, tant par la voix que le jeu.
L’intérêt de Nora pour un homme, relié à l’affaire, complique la conjugaison entre discernement professionnel et confiance charnelle. Dès lors, ces pans de l’histoire viennent, par instants, desservir la narration. Ils font parfois dévier la trajectoire, pourtant passionnante, de l’évolution professionnelle que dépeint ce long-métrage. D’une affaire que l’on pourrait apparenter au thriller, on traverse la comédie romantique, pour basculer ensuite vers une sorte de drame. L’aspect « premier amour », vient teinter la première affaire, de son miel doux-amer.
Ce premier long-métrage de Victoria Musiedlak, reste une réussite, teintée d’un pêle-mêle d’émotions charnelles non essentiel.
« Rien à Perdre » de Delphine Deloget
Sylvie vit seule, avec ses deux fils, Sofiane et Jean-Jacques. Cela n’a rien d’étonnant et leur quotidien est plutôt charmant. Comme dans toutes les familles, il y a parfois des complications. Mais celle dont ils vont faire les frais, semble sans précédent.
Une nuit, pendant que sa mère travaille, le cadet se blesse alors qu’il est seul à la maison. Pris en charge par les urgences, il peut rapidement rentrer chez lui. Seulement, quelques jours plus tard, sans que Sylvie n’ait su le prévoir, les services sociaux frappent à la porte. Par précaution, ils exigent d’emmener Sofiane en foyer. Une enquête est amorcée.
Pour Sylvie, c’est le début d’une spirale sans fond, d’un questionnement récurrent : comment ramener Sofiane à la maison ? Persuadée qu’elle est victime d’une erreur judiciaire, cette mère va tout faire pour récupérer son enfant. Le séjour de quelques semaines se transforme petit à petit en placement de longue durée. Vécu comme un véritable acharnement par Sylvie (Virginie Efira) et sa famille, ces derniers vont tout mettre en œuvre pour rectifier les décisions judiciaires. Seulement voilà, au-delà de l’incident initial, les moyens employés pour retrouver Sofiane, risquent de mettre en lumière un cadre familial latent.
Delphine Deloget, qui signe la réalisation de cette narration, nous prévient « pour ce premier long-métrage de fiction, je suis certainement tombée dans un trop-plein d’émotions ». Et pourtant, il n’en est rien. C’est avec justesse et équilibre que l’on suit ces personnages dans un quotidien dont la réalité a basculé d’un jour à l’autre. Écrit à la façon d’un western, c’est plutôt au road-movie que s’apparente cette quête vers la justice. Le personnage de Sofiane, interprété par Alexis Tonetti est aussi attachant qu’intriguant, tandis que la maturité de Jean-Jacques, incarné par Félix Lefebvre, fascine. Virginie Efira sublime le tout. Là où les personnages cherchent la justice, le spectateur trouve la justesse.
Le Festival du Film Francophone d’Angoulême (FFA), crée par Marie-France Brière et Dominique Besnehard, s’est déroulé du 22 au 27 août 2023. Plus d’informations sur le FFA 2023.
