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Rencontre avec Bianca Costa : « J’ai une sensibilité, que j’ai envie de montrer parfois »

Bianca Costa

Lorsqu’on la pense rappeuse, elle dévoile une bossa nova, lorsqu’on la croit fleur bleue, elle dévoile une samba. Avec sa voix aux accents rauques et ses influences brésiliennes, la chanteuse ne cesse de renouveler son répertoire. Rencontre à Marsatac, avec une artiste aux inspirations cosmopolites.

C’est la deuxième fois que tu fais la tournée des festivals : après l’EP Florianopolis, cette année avec l’EP Baile. L’occasion de découvrir un nouveau public ? Comment appréhendes-tu cet exercice ?

Complètement ! J’aime beaucoup cet exercice. Je pense que c’est un parti pris, de faire des scènes en sachant que les gens ne me connaissent pas forcément. Je trouve que le développement live est particulièrement intéressant : arriver et me dire « ok les gens ne me connaissent pas, à moi de leur montrer qui je suis ». Peut-être qu’ils partiront d’ici avec l’envie d’écouter mes sons, et ça, c’est une jolie perspective.

Une sorte de récompense ?

Alors, certes, c’est un exercice plus difficile. Tu ne peux pas t’attendre à ce que le monde connaisse et chante tes chansons. Tu ne peux pas t’appuyer sur le public. Mais, je pense que tu as beaucoup plus à donner au niveau de la performance. Les gens se demandent qui tu es et si ce que tu fais leur plaît. Leur jugement se fera sur l’instant qu’ils vivent au festival, au milieu d’un lieu symbolique, rempli de musiques et de styles différents. Donc c’est un exercice particulièrement intéressant, et qui me plait finalement beaucoup !

Si j’en crois mon expérience, à la scène que tu viens de donner à Marsatac, le public a été conquis : je ne saurais compter le nombre de cœurs avec les mains que j’ai vus. J’ai entendu quelqu’un dire :« j’adore son aura, cette chanteuse tu vois que c’est une fille sympa ». 

Ohlala, ça me fait trop plaisir ! Merci de me dire ça, je suis trop contente !

Tu nous as préparé une nouvelle mise en scène, en prévision de ton concert à la Cigale en décembre, il me semble. Comment décides-tu de l’arrangement des sons, la répartition de la scène ?

En équipe, on commence généralement par une préparation en studio. Actuellement, je travaille avec mon DJ Akalex et mon guitariste-pianiste Tom Lartigue. On se pose à trois et on réfléchit à la setlist, à ce qu’on a envie de mettre entre les sons. J’ai la chance inouïe, par exemple, d’être accompagnée par mon DJ qui est en mesure de faire des remix déments. Par sa présence et ses arrangements, il vient apporter cette touche qui fait toute la différence, auprès de publics variés. C’est une pépite. Après la set-liste, on enchaîne habituellement avec une semaine de résidence, qui nous permet de tester chaque élément sur scène. D’envisager ce qui marche et d’estimer à quel moment j’ai besoin de boire de l’eau par exemple. Il y a toute une réflexion.

On essaie de faire en sorte qu’il y ait un bon pêle-mêle d’émotions, de danse, toute une ambiance en somme. Cela permet d’exposer les différentes facettes de ma musique aussi.

Bianca Costa, après les bossa trap et les deux EP, je crois qu’un album nous attend au tournant. Est-ce que tu reconnais, dans ta musique, un processus de création ? Y- a-t-il une manière dont naissent tes projets ?

Chaque projet est différent. Pour l’album, par exemple, c’est assez inédit, parce que j’ai eu la chance de beaucoup voyager. Il a été fait à la fois au Brésil, en Suède, à Londres, en France… Il tient un peu d’inspiration de partout, et contient des histoires que j’ai vécues ici et là. J’ai hâte qu’il paraisse, parce que musicalement, j’ai l’impression qu’il représente une certaine prise de risques. Il peut sembler différent, de ce que les gens connaissent de moi à ce jour. Je me demande, quelque part, comment les gens vont réagir.

 Est-ce que tu dirais que c’est la rythmique qui inspire tes textes ou le texte qui crée la mélodie ?

Encore une fois, je dirais que chaque morceau est différent. Je te prends l’exemple de Olé Olé. Dans un carnet, j’avais écrit toutes les facettes de moi, que je voulais retrouver dans mon album. Je suis partie des choses qui me définissent selon moi, avec, entre autres, l’idée de « la liberté ». Je me suis focalisée sur cette collection de références, et un jour, je me suis dit « là, j’ai envie chanter la liberté ». C’est à partir de ce mot que j’ai composé et qu’ensuite la chanson est née. 

À d’autres moments, on va créer une mélodie et pendant sa composition, je vais me dire « tiens, ça m’évoque telle chose ». Telle histoire que j’ai vécue, telle chose que j’associe à ma mère ou bien à une rupture. Donc, ça dépend vraiment : chaque chanson est assez unique dans son processus. 

Ce qui est intéressant dans ta musique, c’est que lorsqu’on pense enfin savoir déceler ton « style », on se retrouve chaque fois étonné, par les projets que tu sors.  

Je n’ai pas envie de me mettre dans une case musicale. J’aime faire ce qui me plait, sans m’arrêter à un style. J’aime à la fois le rap, les trucs dansants, les balades, donc je ne vois pas pourquoi je me limiterai moi-même. J’ai une sensibilité aussi, que j’ai envie de montrer parfois. Quand on commence à dire « Bianca, c’est une rappeuse », je fais volte-face et je débarque avec une petite bossa trop mignonne. Pour passer à autre chose. J’aime jouer avec les possibilités. Avec tout ce que je peux faire. J’ai l’impression qu’il faut aussi un peu de ça pour montrer qui je suis et ce que j’aime, moi.  

Est-ce qu’il t’arrive de participer à la direction artistique des visuels : tes clips, tes pochettes d’album ? C’est généralement très abouti, avec un réel univers autour de tes chansons. 

Bien sûr ! Pour le dernier clip, j’ai passé deux jours à travailler avec le monteur par exemple. Je suis derrière chaque rendez-vous, chaque décision, chaque idée. J’aime faire partie du processus de A à Z. Je co-réalise, même s’il n’y a pas mon nom, j’essaie de rester derrière chaque petit détail. Pour moi, c’est hyper important, tant que j’ai le temps, de pouvoir participer à chaque étape. Guider mes équipes, pour que ce soit et que ça reste le plus authentique possible. 

Tu prends chaque fois le temps de mettre en avant tes équipes et chaque individu qui t’accompagne. Est-ce que tu dirais que c’est une composante essentielle de ton travail, ces relations que vous entretenez ? 

Complètement ! La musique, c’est un partage avant tout. Je me sens extrêmement chanceuse d’avoir une équipe qui me comprend, et qui arrive même parfois à transmettre ce que j’ai envie de transmettre, sans que j’aie à parler. Musicalement et artistiquement, c’est une grande chance. Pour moi, ces gens sont plus qu’importants. En réalité, Bianca Costa ce n’est pas juste une personne, c’est toute une équipe, pleins d’artistes, qui œuvrent ensemble. Ils sont très importants. Essentiels même !

Les tenues que tu portes, font écho à la ville que tu investis ou rappellent le Brésil. Ils sont souvent le résultat d’une collaboration avec de jeunes designers émergents. Comment est-ce que tu crées cette partie de ton univers sur scène  ?

Je réfléchis à chaque fois, avant le show, à la manière dont je peux rendre hommage, soit à l’endroit où je chante, soit à l’endroit d’où je viens. Récemment, j’étais à Disney, donc nous avons monté une tenue adaptée que je voulais à la fois féérique et pailletée. Pour Marseille, il fallait absolument que j’aille toucher les couleurs de la ville, dont je suis allée parler à la créatrice Mouchezvous qui avait fait cette superbe tenue, à partir du maillot de l’OM. J’essaie à chaque fois d’avoir soit la touche Brésil, soit une touche rappelant l’ADN du lieu où je me produis.

À Marsatac, c’est un condensé : le côté jupe, les petits nœuds, l’OM d’une part, et la touche équestre de l’autre. Le côté cowboy, notamment avec les santiags, vient tout droit de la ville dans laquelle j’ai vécu au Brésil. Là-bas c’est très country. Je cherche à incorporer mes inspirations pour pouvoir surprendre chaque fois, et faire kiffer les gens avec mes tenues. On essaie de penser à tout  !

Aurons-nous alors droit à une sympathique tenue pour la Cigale  ?

Quelle question  ! Évidemment  ! La meilleure de toutes  !

Parmi tes récents voyages, il me semble avoir décelé quelques allées et venues vers le Brésil  : est-ce que tu nous prépares des odes brésiliennes  ?

Évidemment ! Déjà, j’ai eu la chance de collaborer avec des producteurs de là-bas, avec des artistes de là-bas également. De m’inspirer des gens, hors ma famille, en allant découvrir la scène brésilienne, notamment en fréquentant des shows d’artistes à Rio. Toutes ces aventures-là ont été si inspirantes, que les clins d’œil dans l’album sont indéniables. C’est sûr qu’une partie de mon inspiration me vient aussi de ces moments. Beaucoup de Brésil dans le texte, dans la musicalité… Dans tout finalement, je dois reconnaitre (rires)…

Pour clôturer cette discussion, as-tu un coup de cœur musical récent, que tu voudrais mettre en avant  ?

Théodora, qui joue également à Marsatac aujourd’hui, j’adore ce qu’elle fait, une sorte d’hyperpop géniale !

Retrouvez Bianca Costa, en concert solo à la Cigale, le 14 décembre 2023.

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