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« Les Étoiles » – La famille au bout du conte

Les Étoiles
Les Étoiles © Simon Gosselin

Après avoir brillé à Avignon avec son Nid de Cendres, le dramaturge et metteur en scène Simon Falguières confirme son talent avec Les Étoiles, une pièce sur la famille, contée comme une fable.

La poésie peut-elle sauver le monde ? C’est la thèse que développe le dramaturge, comédien et metteur en scène Simon Falguières dans sa dernière création, Les Étoiles. Après avoir impressionné le public avignonnais avec sa pièce-fleuve Le Nid de Cendres (qui sera rejouée prochainement au théâtre des Amandiers, à Nanterre), le trentenaire conserve ce qui fait sa marque de fabrique – l’univers des contes, et beaucoup de second degré – pour aborder des thèmes plus intimes : le rapport qu’il entretient avec la création, sa mère, le deuil.

Au commencement de cette nouvelle épopée, moins souriante que la précédente, la mort de Zocha (Agnès Sourdillon). Pilier d’une famille qui va se disloquer peu à peu après son décès, Zocha est centrale parce qu’elle était la mère d’Ezra, le poète, interprété par Charlie Fabert, la sœur de Jean (Stanislas Perin), la femme de Pierre (John Arnold). Au moment de dire l’oraison funèbre, Ezra, perd la parole et tombe dans un profond sommeil, ou bien dans le coma, on ne sait pas trop.

C’est la mère de Simon Falguières qui lui a donné le goût des histoires bien racontées et sans cette mère, la poésie n’a plus de sens, les mots non plus. Dans son sommeil, le poète sera accompagné par deux dieux (deux poupées de chiffon et de bave, qu’il a traînées partout durant son enfance), Dionysos et Kowaguntatapapo (le nouveau nom de Poséidon).

Avec cette nouvelle pièce, le metteur en scène renoue avec ce qui fait le charme de son écriture. Des personnages inspirés d’autres univers (celui des contes et de la mythologie), hauts en couleurs, souvent drôles et campés par des comédiens impeccables. L’humour occupe une place importante dans l’écriture, on rit des situations de la pièce, de son intrigue, parfois du public. Une manière de désacraliser le théâtre et d’emmener tous les spectateurs – même les plus néophytes – pour Simon Falguières, qui fait le pari de n’ennuyer personne. Comme pour un blockbuster, les dialogues sont vifs et s’enchaînent, les saynètes se succèdent pour former au final une ode, un brin lyrique, à notre besoin collectif et vital de poésie. Un deuil tout en délicatesse.

Les Étoiles, texte et mise en scène de Simon Falguières, du 6 janvier au 5 février au Théâtre de la Tempête, à Paris.

Journaliste

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