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Rencontre avec Joesef – « Parfois quand j’écris, je me sens comme le dernier être humain sur Terre »

Joesef
Crédits Alexandra Waespi

Dans le sillage musical de Rachel Chinouriri et Arlo Parks, Joesef dévoilait début janvier un disque dansant et personnel, autant indie pop que rock psyché à ses heures perdues.

Venu tout droit de Glasgow, Joesef a d’abord fait parler de lui lors de la tournée de Paolo Nutini, sur laquelle il était la première partie. Ensuite mis en lumière par deux Colors sessions, Joesef dévoilait début 2023 son tout premier disque, Permanent Damage. Alors qu’il est de passage à Paris, c’est dans un hôtel de Montmartre qu’on rencontre le chanteur écossais pour parler cinéma, histoires amoureuses et influences musicales.

Permanent Damage est sorti il y a deux semaines. Qu’est ce que ça fait de dévoiler son premier album ? As-tu eu des retours ?

Joesef : Oui, ça a été, les gens ont l’air d’apprécier. C’est bizarre parce que je n’ai eu aucun avis négatif ou quoi que ce soit de similaire. Du coup ça va plutôt pas mal !

Crédit Nathan Dunphy

Voulais-tu évoquer des thématiques universelles ou des choses plus personnelles ?

Je pense que les relations et les blessures de cœur sont des thèmes universels. C’est facile de parler à beaucoup de gens mais ce n’était pas voulu comme tel. J’écrivais juste sur mes expériences personnelles. Musicalement j’ai toujours été connecté à moi-même. Je ne pense à personne quand j’écris, tout le monde peut avoir le cœur brisé. C’est un sujet difficile mais c’est agréable de pouvoir le partager, tous ensemble. J’ai reçu des messages de beaucoup de gens, c’est dur parfois mais c’est touchant.

Tu parles beaucoup de tes relations, de tes expériences mais tu apparais de dos sur la pochette de l’album…. Était-ce voulu ?

J’ai l’impression d’avoir tellement donné. Mais ça a été une décision consciente. Je voulais faire le minimum et apparaître comme arrêté sur la pochette. J’ai énormément donné pour cet album et je ne voulais pas me sentir pris au dépourvu. J’aime cette pochette, je la trouve belle.

Comment s’est passé le processus de création autour de la pochette ? Avais-tu une idée précise ?

Oui, nous avions une autre idée. Si tu regardes dans la boîte du vinyle, il y a une photo de moi dans une chambre. Elle était supposée être la pochette mais quand nous avons pris l’originale, il était évident qu’elle devait être la cover. C’est tombé sous le sens puisque c’est l’exact opposé de ce que l’album est. C’est une sorte d’antithèse des histoires que je raconte dans le disque. C’était donc un accident heureux. C’est Nathan, mon manager et photographe qui a pris les photos. Nous avons travaillé ensemble pour réaliser cette version. 

C’est donc un travail d’équipe, comme avec Barney Lister, ton producteur. 

Oui, nous co-produisons ensemble. J’ai écrit certaines des chansons et d’autres ont été écrites par nous deux. C’était vraiment une collaboration à cinquante-cinquante. Je n’avais jamais travaillé avec un producteur avant de rencontrer Barney. Il a été le premier et seul producteur que j’ai rencontré lorsque je me suis installé à Londres et nous avons eu une alchimie instantanée. Il est putain de drôle ! Je pense que c’était juste quelque chose dont j’avais besoin car je suis écossais et nous ne prenons rien sérieusement. Que du fun. En plus, le sujet des mes chansons est plutôt sombre donc c’était cool de pouvoir se détendre dans l’espace du studio.

Tu as l’air très proche de ta communauté. C’est rare de voir des artistes discuter avec leurs fans sur Twitter, Instagram…

En fait, c’est comme avoir pleins d’ami·e·s, c’est cool. Je n’ai pas vraiment anticipé. Il y a une sorte de connexion entre toi et les gens qui viennent à tes concerts et achètent tes albums, c’est incroyable. C’est une différente facette de créer de la musique. C’est tellement beau. 

J’ai vu que tu parlais avec Rachel Chinourir sur Twitter. Y-a-t-il une collaboration en cours ?

Haha non il n’y pas de collaboration en cours ! J’adore Rachel, on discute beaucoup. On s’est croisé plusieurs fois en festival. J’adore sa musique, sa personnalité. En plus, elle a littéralement pris l’industrie par les couilles ! Elle les a dénoncé pour avoir défini sa musique comme quelque chose qu’elle n’est pas et ça a fonctionné ! J’adore les gens qui savent se défendre. Elle a une voix si particulière et belle. Je pense qu’elle va aller loin, très loin !

Y-a-t-il quelqu’un, groupe, musicien, réalisateur avec qui tu aimerais collaborer ?

Réalisateur ? Ça n’arrivera jamais mais j’adorerai travailler avec Sofia Coppola. Ça n’arrivera pas mais sait-on jamais ! J’aimerai beaucoup faire un court-métrage pour un album. Je suis obsédé par les films, j’adore les lumières et les couleurs. J’adore sa façon d’utiliser les couleurs et de filmer en changeant et imposant un ton si particulier. Un de mes films préférés est Suicide… Oh mon dieu comment s’appelle-t-il ? Virgin Suicides ! Je croyais que c’était Suicide Squad ! [rires] Dans The Virgin Suicides j’adore sa façon de changer les couleurs en fonction de l’humeur, de l’ambiance et qu’elle devienne de plus en plus sombre. Pour ce qui est des musiciens, j’aimerai beaucoup faire quelque chose avec Tyler, The Creator. Je sens qu’on pourrait faire quelque chose de chouette. Il faut viser les étoiles ! Qui sait ?

Tu as organisé une séance de cinéma pour la sortie de ton album. L’aspect visuel semble très important pour toi. Penses-tu au visuel au moment de la composition ?

Pas vraiment quand je compose de la musique. J’ai toujours été quelqu’un de très visuel. Je peux voir les textures d’une chanson et les couleurs que je veux associer à cette chanson, l’histoire qui va avec la chanson… Je ressens toujours la musique d’une façon très cinématographique, très visuelle. Ça aide quand tu fais des clips. J’ai toujours l’aspect esthétique en tête quand un album est concerné et ça a toujours été important pour moi. J’étais timide quand j’étais petit mais ça a évolué avec ma façon de faire de la musique et comment je l’aborde.

Tu as déjà commencé ta tournée. Comment est-ce de jouer ton premier album sur scène ?

Sur scène on ne peut pas se cacher derrière la production ou autre chose. Jouer de nouvelles chansons et voir comment les gens réagissent c’est vraiment cool. La dernière fois que j’ai joué à Paris c’était incroyable. C’était tellement bien ! 

Quand on écoute ton album on peut entendre Tame Impala, Harry Styles… Quelles influences revendiques-tu ?

Tame Impala je pense oui ! La chanson « it’s been a little heavy lately » sonne un peu comme eux, mais plutôt comme les vieux albums je dirais. Sinon, Marvin Gaye, The Cure et Alvin Green. Je ne sais pas vraiment en fait ! Je ne pourrai pas vraiment citer d’artistes précis mais plutôt des textures, des ambiances. Barney adore la musique, particulièrement les vieux enregistrements, et les moderniser avec des synthés et des sons plus actuels. Mais sinon je ne sais pas trop par quels groupes je suis influencé. 

Comment était-ce de jouer avec Paolo Nutini ? 

C’était cool de faire sa première partie ! Il est un véritable héros d’enfance pour moi. C’est une icône écossaise pour les habitants. Je voulais le rencontrer et c’est un gars vraiment sympa, très facile d’accès. Ses différentes voix sont incroyables. J’ai joué ma première Arena avec lui. Je me chiais tellement dessus ! Heureusement c’est très différent de jouer en première partie ou ses propres concerts. Quand tu es en première partie, personne n’en a rien à foutre, tu peux littéralement faire n’importe quoi. Mais il y a aussi l’attente de convaincre le public. C’était chouette de jouer dans une Arena.

Quel est ton dernier coup de cœur musical ?

Mon dernier coup de cœur musical est probablement Theo Bleak. Elle vient d’Écosse. C’est une sorte d’indie alternative et j’adore ses paroles et sa voix, c’est sublime.

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