Clips du moisMUSIQUE

CLIPS DU MOIS – Février #1

Crédit Guillaume Lacoste

Deux fois par mois, la rédaction vous offre une sélection de clips qui ont fait l’actualité musicale. Pour cette première sélection du mois de février : LaFrange, Pearl & The Oysters, Walter Astral, Nemo, Les Louanges et Ichon, Édouard Bielle, Spiro, Angli2k, Ebony Riley, Coline Rio et Thomas Da Costa.

LaFrange – « sleeping with a ghost » réalisé par Antoine Netter

Deuxième single de la musicienne folk mélancolique LaFrange, « sleeping with a ghost » arrive après « baby blue » et son deuxième EP Sad Love Songs. La douceur brute et la nostalgie brumeuse sont la signature des morceaux de LaFrange. Sa voix de cristal s’associe aux notes sèches de la guitare qui nous touchent en plein cœur par leur franchise et leur caractère naturel.

Avec un clip tout aussi minimaliste et romantique, Antoine Netter laisse place au calme et à la sérénité avec des plans contemplatifs où l’on aperçoit la chanteuse se déplacer. Tantôt dans différentes pièces d’une ancienne maison de campagne, tantôt sur la plage, on sentirait presque la brise maritime glacée nous chatouiller les joues. Des odeurs de café, de l’écume ou de la cheminée froide se dégagent de ce clip que l’on savoure tant avec les yeux qu’avec le goût et l’odorat.

Eva Duc

Pearl & The Oysters – « Konami » réalisé par Salvador Cresta

Le duo franco-américain Pearl & The Oysters nous fait voyager à travers son nouveau morceau addictif « Konami ». Signifiant « petite vague » en japonais, le titre fait référence à la société de jeux vidéos et à la machine que Juliette, la chanteuse, écoutait pour s’endormir. Machine qu’on voit ici, dans ce clip hallucinogène, mêler de la morphine aux vagues pour calmer les pensées préoccupantes.

Les deux musicien·nes nous emmènent dans leur monde où le jazz psychédélique et la pop nineties s’entremêlent pour créer ce style délicieux à la Mild High Club. Installé à Los Angeles, le groupe ramène, à travers ce single, le soleil et le bruit des vagues à coups de guitare liquoreuse et de synthétiseurs humides dégoulinants de pop acidulée.

Thomas Soulet

Walter Astral – « L’air » réalisé par Valentin BECOUZE

Les druides Walter Astral, après avoir mystifié La Maroquinerie le 8 février dernier, nous dévoilent cette ode au vent et à ses multiples transformations avec leur morceau électrisant « L’air ». Rythmes orientaux, synthétiseurs persans, accords de voix mélodieux et paroles chamaniques, cette incantation musicale transcendera plus d’un adepte de la nature. Leur EP Hyperdruide, sorti en octobre 2022, a l’effet d’un champignon hallucinogène où les compositions des deux magiciens sont l’essence même de la psilocybine.

Le clip survole le Berry, où la caméra se mélange au vent, ne faisant plus qu’un. Nous sommes étourdi·es par les mouvements symétriques et véloces des images qui mettent en lumière le culte à la musique électronique de Walter Astral, au milieu de cette jungle verdoyante.

Thomas Soulet

Nemo – « Changer mon époque » réalisé par Roxane Gaucherand

Tout juste âgé de 19 ans, Nemo est déjà dans la musique comme un poisson dans l’eau. Avec ses airs hyperpop et son esthétique rétro, le jeune Grenoblois veut faire la fête sur des refrains dance aériens et des beats entêtants. Dans la lignée musicale d’Eloi et Winnterzuko, Nemo parle de l’état du monde mais n’est pas désabusé. Ses ballades pop se transforment rapidement en bangers rave qui rappellent que les jeunes aussi (et surtout) sont prêts pour un changement. Le premier EP de Nemo, NEVERSTOPTHERAVE, est sorti le 3 février et on espère l’entendre dans les clubs !

Basile Hervé

Édouard Bielle – « Je t’oublie déjà » réalisé par Romane Pineill

Une larme coule abondamment sur une joue. Pour son tout premier titre, signé chez Cracki Records, Édouard Bielle, à la sublime voix aiguë – entre Pépite et Christophe – et à l’allure d’un chanteur d’un autre temps, déploie son charme et sa singularité dès les premières notes de « Je t’oublie déjà ».

La caméra de Romane Pineill tourne autour des deux victimes du romantisme, immense sucette spirale partagée et manège de chevaux de bois non loin. Une mélancolie affirmée évoquant le générique d’un vieux mélodrame dans le Paris des eighties, et pourtant le sentiment bien connu d’une dernière danse. Le chanteur entonne, « C’était juste une histoire / Comme on en vit des tas / Entre toi et moi ». Telle une ritournelle, « Je t’oublie déjà » sonne comme un dernier slow, celui lucide d’un adieu, de la fin d’une histoire, de celles qui nous arrachent aussi une larme. C’est beau et intriguant pour la suite des projets de ce garçon sensible.

Diane Lestage

Les Louanges – « Sur la mélodie » (feat. Ichon) réalisé par Jeanne Sigwalt et Oscarito Castro

Un an tout pile après la sortie de l’immense Crash, et dans une atmosphère visuelle et musicale toujours aussi soignée, Les Louanges adopte les tons bleutés de la mélancolie pour se plonger dans un parfait duo avec Ichon, « Sur la mélodie ».

Si celle-ci mêle en symbiose les univers des deux artistes, s’ajoutent des sonorités d’afrobeat plutôt agréables pour le déhanchement. Jeanne Sigwalt et Oscarito Castro, à la réalisation, allient des idées grotesques et inventives dans les deux viseurs d’un View-Master, split-screen génial. À l’arrière d’un bus scolaire, Les Louanges et Ichon enfants des nineties se retrouvent propulsés dans une vision d’eux adultes, comme une invitation à avancer ensemble sans limites. « Sur la mélodie » apparaît finalement comme une sincère déclaration d’amitié.

Diane Lestage

Coline Rio – « Elle laisse » réalisé par Zoé Cavaro et Coline Rio

Deuxième extrait du premier album de Coline Rio à paraître en mars prochain, « Elle laisse » n’est que beauté. Celle évidemment de la voix de l’artiste, de la musique lumineuse aux notes de violoncelle qui l’accompagnent, et de la mise en image frôlant un sublime onirisme dans ce film co-réalisé avec Zoé Cavaro.

Ici, Coline Rio vêtue d’un étrange chandail garni de clés court à travers forêts et monts dans une ambiance entre l’imagerie du conte de fées et les landes des Hauts de Hurlevent. Elle est poursuivie par une danseuse vêtue de noir, comme si elle voulait la retenir ou au contraire venir la rassurer. La nuit tombe doucement et la chanteuse « court vers l’après » et « évince les brûlures du passé ». Il reste cette clé gravée dans son dos. Tout en poésie, elle semble se faire voix de tous les exils, des nouvelles chances. Et l’impatience de l’album est immense.

Diane Lestage

Spiro – « Arrivée mégalopole » réalisé par spiro_abe

Jeune rappeur parisien originaire du 92, Spiro nous dévoile un premier titre clipé de haute volée : « Arrivée mégalopole ». Un vert fantomatique recouvre l’image, façon rayons X – un peu comme Sheck Wes l’avait fait dans son « Chippi Chippi » en 2018. L’esthétique futuriste remet l’urbanité au cœur du sujet ; la ville devient objet de fascination et permet paradoxalement la fusion avec l’homme qui l’habite dans une démarche presque métaphysique. « 2049 », pouvons-nous entendre. Spiro opte pour un rap à la fois planant et électro, dans la lignée de Grems.

Mais c’est surtout la qualité de sa plume qui laisse présager un talent certain. Le rappeur nous conte « la triste mélodie des bas-fonds », un monde où les « prolos » manipulés par les corporations sont tôt ou tard amenés à « fusionner avec le béton des bureaux ». Spiro sait de même jouer de sa voix légèrement pincée qui nous rappelle le rap chill à l’ancienne de Panama Bende : « Fumée verte », « Gros plavon »… De quoi donner envie d’écouter son premier EP Seul dans le couloir sorti le 8 février.

Marion Bauer

Ebony Riley – « Deuce Deuce » réalisé par Jamar Harding

Ebony Riley, originaire de Détroit, débarque fraîchement sur la scène du R&B soul avec son premier EP ebony sorti le 1er février. C’est avec son clip « Deuce Deuce » que beaucoup la découvriront pour la première fois. Difficile de ne pas adhérer à la voix féminine et pétillante de la chanteuse qui se présente à nous sous les feux des projecteurs, enveloppée par les rayons du soleil.

Si la concurrence sera très certainement rude en raison de la prolifération des chanteuses de son acabit depuis quelques années, Ebony Riley pourra toutefois compter sur la puissance et la maîtrise de sa voix. Derrière la « vibe » et l’« energy » de ce « fuck love song », comme aiment à le résumer les Américains dans les commentaires, nul doute que les jeux de voix déployés par Ebony Riley ne sont pas le fruit d’un talent hasardeux. Reste qu’il faudra un peu se démarquer dans les thématiques abordées et dans l’esthétique visuelle, sans quoi la Detroit Girl risque de ne pas faire long feu…

Marion Bauer

Thomas Da Costa – « JEU » réalisé par Guillaume Schmitt- -Bailer

Thomas Da Costa se lance dans la chanson après un bref passage dans le monde de l’actorat. Son deuxième clip « JEU » respire la fraîcheur juvénile et l’ingénuité. Le plaisir que prennent les acteurs est communicatif ; ils se livrent à nous en toute authenticité, sans prétention. Plus chanteur que rappeur à la manière de Lomepal, Thomas Da Costa nous enveloppe de sa voix grave. La musicalité des refrains est plaisante et le chanteur sait jouer avec les rythmes.

Mais pour se déclarer rappeur, il faudrait toutefois se détacher quelque peu de cette instru et de ce jeu d’acteur guilleret… ou épouser complètement le chant que Thomas Da Costa maîtrise assurément ! Quoi qu’il en soit, jamais un son de rupture n’aura été aussi charmant.

Marion Bauer

Angli2k – « światła »

Voyage voyage… avec le rappeur polonais Adoka qui représente la ville de Poznan, capitale historique du pays ! Avec ce deuxième clip tourné de nuit, la rue est poétiquement mise à l’honneur. Le titre est évocateur, « światła » signifiant « lumières » en polonais. La neige tombe. Pas d’artifices, juste le rappeur, le ciel noir et les bâtiments.

Une instru de fond mélancolique accompagne le beat. Sa voix pincée contraste avec ce que l’on a l’habitude d’entendre en France, tandis que son flow et sa gestuelle nous font par moments penser à Eminem. Son premier clip sorti il y a un mois vaut également le coup d’œil : entouré de sa clique, le rappeur sait définitivement kicker. En attendant ses prochains projets, souhaitons à ce Rap God polonais de prendre son envol.

Marion Bauer

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