Deux fois par mois, la rédaction vous offre une sélection de clips qui ont fait l’actualité musicale. Pour cette deuxième sélection du mois de janvier : Augustin Charnet, Since Charles, Sarkis Ricci, Solal Roubine, Harmo Draüs, Stavo, Arlo Parks, Bad Pelicans et James Baker.
Augustin Charnet – « Please don’t die »
Un piano au milieu d’une étendue d’eau pour ne pas se laisser engloutir par la violence, parfois terrible, de la mélancolie. La voix d’Augustin Charnet décolle pour trouver le peu d’espoir qui émane des moments d’introspection. Le morceau est un cri d’amour à sa mère, atteinte par la maladie. Les plans très serrés sur les mains s’éloignent au profit des grands espaces montagneux.
C’est le mouvement même de la chanson, partir des sentiments les plus troubles pour ensuite trouver la paix. Les notes au piano se multiplient et accélèrent le rythme dans un dernier mouvement bouleversant qui rappelle son interprétation de « Ne me quitte pas ». À la fin du clip, Augustin reprend la route. Le ciel est presque dégagé et l’apaisement arrive enfin : « Please don’t die. You’ll be alright ».
Clément Simon
Since Charles — « Des nuits de ça » réalisé par Théo Sixou
L’artiste Since Charles est de retour avec un single qui animera vos fins de soirées les plus animées : l’entrainant « Des nuits de ça ». Titre dansant et séducteur, le musicien nous emmène dans les coins sombres et timides de la scène, des sensations transcendantes qu’amènent les projecteurs sur soi et bien sûr de la folie que procure la nuit.
Nous retrouvons dans le clip les deux actrices de « Langueure », autre morceau de Charles sur le premier regard amoureux, mais cette fois-ci, nous les voyons déchainées dans une danse endiablée dans un vieux rade enfumé. Cette pop funky à la Miel de Montagne ravive ce rêve d’enfant et d’adolescent d’être sur le devant de la scène, acclamé par son public dévoué à sa musique alléchante. Un rêve qu’on lui souhaite d’accomplir.
Thomas Soulet
Sarkis Ricci – « Life in 3’36 » réalisé par Yegan Mazandarani
Quoi de plus doux que les notes claires et gracieuses du piano de Sarkis Ricci. Le pianiste de jazz franco arménien, installé en Corse, nous délivre ici une balade satinée et improvisée, enregistrée en une seule prise. Nous sommes comme main dans la main avec le pianiste, qui nous guide à travers ses pensées, transmises à travers les touches noires et blanches de son piano.
Le clip réalisé par Yegan Mazandarani à l’aide d’une IA créée par des amis à eux, nous transporte dans les peintures expressionnistes de Schiele et Munch. La vidéo animée et inspirée d’un ami cher disparu nous présente comme son voyage, tel un bohémien, à travers ce monde coloré où ses merveilles et ses chimères se mélangent. La vie en 3 minutes 36. La bande son mélancolique d’une âme généreuse et soyeuse.
Thomas Soulet
Solal Roubine – « Perdu » réalisé par Theo Chapira
Après une tournée en Corée du Sud suite à la sortie de son premier EP en mai 2022, Solal Roubine nous délecte d’un clip filmé à l’iPhone pour l’absorbant titre et hymne aux paumés, « Perdu ». Les images relatent son voyage à Séoul, où nous voyons Solal se perdre et s’imprégner de la culture coréenne, accompagné de deux compères de ce pays du matin frais.
Le morceau glisse à travers ses images, où le musicien se laisse guider et distraire par toutes ces choses nouvelles et étrangères. « Perdu » évoque le doute qui, selon Solal Roubine, « permet de rester soi-même et de se remettre en question ». Tout ça sur une boite à rythme, des vagues de notes de synthétiseurs et d’accords gracieux de piano, ainsi qu’une mélodie entêtante qui guidera vos craintes, incertitudes et autres explorations encore inconnues.
Thomas Soulet
Harmo Draüs – « Miles Away » réalisé par Harmo Draüs et Anatole Badiali
Temporairement échappée de ses différents groupes (David Shaw and the Beat, Bison Chic), l’artiste caennaise Harmo Draüs est de retour en solo avec le dreampop et pschédélique « Miles Away ». Parcs d’attractions, virée entre ami.e.s et anniversaire, la vidéo qui illustre « Miles Away » est un condensé de vacances tourné au caméscope et en forme de found footage. Le clip est visuellement tout pourri (mais c’est voulu) et donne une esthétique légère à un morceau déjà doux. Cet aspect vintage va superbement avec l’ambiance aérienne et détendue de la chanson. Un EP est attendu dans les prochains mois et on a très hâte !
Basile Hervé
Stavo – « Esprit Kin »
Stavo poursuit son ascension dans le monde du rap. Avec « Esprit Kin », il opte pour un retour aux sources et rend hommage à ses racines congolaises. Le rappeur, qui se fait d’habitude discret sur son histoire personnelle, se livre ici en images et en paroles sur l’amour qu’il porte au Zaïre. La caméra se porte sur les regards parlants des hommes de la ville, où se lisent à la fois l’âpreté et la dignité. Des travellings nous ouvrent les portes de cet univers à la magie singulière. Entre deux sourires, les enfants regardent hostilement la caméra ; leurs yeux traduisent la dureté du monde. Des voix d’hommes enveloppantes déclament des incantations en arrière-fond. Les étalages colorés des avenues côtoient les détritus se mêlant à la boue.
Stavo déclare son amour à ce pays meurtri, à ses plaines illimitées et à ses labyrinthes urbains. Il insuffle de nouveaux horizons à sa musique tout en restant fidèle à ses ruptures rythmiques, ses accumulations et ses allitérations rugueuses pour le plus grand plaisir de ses fidèles auditeurs. Le clip se ferme sur une note cynique et engagée ; la voix antipathique de Léopold III nous renvoyant aux heures sombres de la colonisation.
Marion Bauer
Arlo Parks – « Weightless » réalisé par Marc Oller
Arlo Parks nous livre un avant-goût de son album My Soft Machine avec son titre « Weightless ». Porté par la voix candide de la chanteuse britannique, le clip réalisé par Marc Oller est une réussite, véritable traduction symbolique de la dépendance affective. Un cheval ténébreux galope dans la ville grise et brumeuse, tentant de se défaire de ses liens. Des amants font silence dans une chambre aux tons ocres. Tout est dit dans ces contrastes entre tons froids et tons chauds ; entre l’apparente intimité du couple et l’intangible fossé qui les sépare. Avec moins de redondance dans les paroles et plus de consistance dans la voix, Arlo Park pourrait toutefois viser plus haut et perfectionner son style qui reste quelque peu juvénile.
Marion Bauer
BAD PELICANS – « DANCE MUSIC » réalisé par Diane Sagnier & Lucas Lecacheur
Le trio de punk Bad Pelicans fait parler de lui, discrètement mais sûrement. Avec l’artiste polyvalente Diane Sagnier à la caméra, ces bad boys charismatiques se sont déjà mis en scène l’année dernière dans le clip « PARIS » en jouant d’une autodérision délicieuse. Les Bad Pelicans cultivent le goût de l’éclectisme.
Dans leur titre « DANCE MUSIC », la musique va crescendo et les frontières entre les genres se désagrègent : s’agit-il de techno, de métal ou de rock’n’roll ? Le groupe se définit comme la relève inattendue du « surf punk » et les chanteurs mordus de design ont leur propre marque de planches de surf au look recherché, Perfect Designs. Ce clip lynchien met en scène un mafieux extravagant semblant tout droit sorti de Berlin-Est. L’esthétique des Bad Pelicans déroute et intrigue. Puis l’on se prête au jeu et tout s’éclaire. Une révélation à suivre de près, tant pour les néophytes que pour les puristes.
Marion Bauer
James Baker – « Ma base » réalisé par Monolove et James Baker
James Baker, l’ex-petit prince de la YouTube space est de retour pour le plus grand bonheur des passionnés de nouvelle la scène française. Après un premier EP, Ephème sorti il y a déjà deux ans, où l’artiste a livré son moi intérieur en musique, James revient pour ce début d’année avec un titre et un clip entrainant et tout aussi trippant. Nommé « Ma base », ce titre est un mix de funk, de variété française, de pop léché, le résultat d’un cocktail complètement validé.
Le clip est quant à lui une bulle de fraîcheur, la représentation même de l’amour juvénile, de la frénésie de la vie parisienne, un mashup de la fougue. La vidéo nous prend la main par cette succession d’images parfaitement juxtaposées et un habillage sonore qui nous plonge intégralement dans la trame. On a envie de se mettre un casque et de monter à l’arrière d’une moto pour se joindre à cette belle folie. James Baker par cette réalisation audiovisuelle propose une profonde autre dimension au titre original et c’est juste sublime.
Stanley Torvic