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BD du mois – Histoire de l’art

BD du mois
Crédits : Fanny Monier

Chaque mois, la rédaction littérature vous offre un petit résumé de quelques nouveautés BD, fraîchement parues. Alors que le coup d’envoi du très attendu 50ème festival d’Angoulême est lancé, voici une petite sélection qui va du polar fantastique à la réécriture, en passant par la biographie.

« Friday » T.1 – Ed Brubaker, Marcos Martin et Muntsa Vicente

Maintenant à l’université, Friday Fitzhugh revient dans son village d’enfance à Kings Hill pour les vacances de Noël. Là-bas, il neige à gros flocons et sous l’épaisse couche de neige, les mystères se camouflent. Alors qu’elle était bien décidée à laisser derrière elle sa casquette d’enquêtrice, son ami d’enfance Lancelot Jones va la forcer à se replonger dans l’élucidation d’une nouvelle énigme.

© Glénat

Friday tome 1 de Ed Brubacker, Marcos Martin et Muntsa Vicente éditions Glénat, 120 p., 19€

Anaïs Dinarque

« Le Britbook » – Hervé Bourhis

Il ne parle pas un mot d’anglais, mais sa mère lui jure depuis toujours que du sang britannique coule dans ses veines… Soucieux de rendre hommage à ses origines, Hervé Bourhis s’est mis à lister frénétiquement les personnalités venues d’Outre-Manche de son panthéon culturel personnel.

Le résultat sous nos yeux : ce Britbook, patchwork à mi-chemin entre bande dessinée et annuaire, qui liste avec humour les fleurons d’une culture british et culte, des années 60 à nos jours (mort d’Elisabeth II incluse). Un ouvrage réjouissant.

© Dargaud

Le Britbook de Hervé Bourhis, éditions Dargaud, 272 p., 25,50€

Emma Poesy

« L’Enfer de Dante » – Gaëtan Brizzi et Paul Brizzi

À la fin du XVe siècle, Botticelli illustrait La Divine Comédie de Dante. Avec force détails, il imaginait l’Enfer grouillant de petits diables, puis le Purgatoire et le Paradis. Après lui, il y a eu également Gustave Doré pour rendre son clair-obscur éclatant au texte de l’auteur italien.

Et puis, bien d’autres artistes ou poètes ont proposé des réécritures ou des analyses du célèbre texte (Victor Hugo, Ossip Mandelstam, Seamus Heaney). S’attaquer au texte de Dante, c’est s’attaquer à un monument littéraire revisité par beaucoup, souvent (mé)connu de chacun·e. Gaëtan et Paul Brizzi avaient donc derrière eux tout un champs artistique riche, et ils ont su proposer leurs propres visions hallucinées de ce classique. Et comme souvent pour décrire cette métaphore du « chemin de notre vie », le noir et blanc est de mise.

copyright Daniel Maghen
© Daniel Maghen

L’Enfer de Dante de Gaëtan Brizzi et Paul Brizzi, éditions Daniel Maghen, 160p., 29€

Anaïs Dinarque

« Légendes » T.2 – Emmanuel Guibert

Dans le premier volume de ses Légendes, Emmanuel Guibert se demandait ce qui le poussait à dessiner dans les musées du monde entier, de l’Ashmolean Museum d’Oxford au Rijskmuseum. Avec ce deuxième volet, la pérégrination demeure mais les sujets croqués changent du tout au tout.

Ce sont les gens qui dorment dans les transports en commun qui deviennent œuvres d’art. L’occasion pour l’auteur du Photographe (2003-2006) et du très beau Martha et Alan (2016) de s’interroger sur la mort. Une façon habile de compléter les grandes interrogations philosophiques et esthétiques du premier Légendes, dans lequel il parlait de son rapport à l’art.

© Aire Libre

Légendes, dormir dans les transports en commun d’Emmanuel Guibert, éditions Aire Libre (Dupuis), 240 p., 38€

Anaïs Dinarque

« Brancusi contre États-Unis » – Arnaud Nebbache

Pour sa première bande dessinée, Arnaud Nebbache reprend un cas juridique qui a secoué le monde de l’art dans les année 1920. En 1926, le sculpteur d’origine roumaine Brancusi doit exposer à New York. Problème : lorsque ses œuvres arrivent d’Outre-Atlantique en territoire états-unien, elles ne sont pas considérées comme des œuvres mais comme des objets industriels.

Ce qui veut dire qu’elles sont soumises au droit de douane. La BD pose avec adresse de nombreuses questions essentielles : comment définir une œuvre d’art ? Quel est son statut juridique ? Ce grand procès suivi avec attention des deux côtés de l’Atlantique (notamment par Marcel Duchamp) permettra de poser les jalons de notions importantes.

© Dargaud

Brancusi contre États-Unis de Arnaud Nebbache, éditions Dragaud, 128 p., 23€

Anaïs Dinarque

« Du beau avec du moche » – Kek

Peut-on guérir à coups de dessin ? C’est le pari que fait Kek, dessinateur de bandes dessinées et très affecté par les attentats du 13 novembre. Son périple illustré commence par des planches, griffonnées dans un carnet, des scènes de crime, des gerbes déposées devant le Bataclan…

Les feuilles remisées dans un carnet, le bédéaste s’interroge : comment faire du beau avec du moche ? S’ensuit une quête quasi métaphysique, pour apprendre à revivre après avoir vu l’horreur. Un ouvrage aussi cathartique que salvateur.

© Delcourt

Du beau avec du moche de Kek, éditions Delcourt, 208 p., 10,50€

Emma Poesy

« Dostoïevski, Le Soleil Noir » – Henrik Rehr et Chantal Van den Heuvel

En 1849, Dostoïevski est condamné à mort. Face au peloton d’exécution, l’écrivain pense mourir, mais au dernier moment l’empereur commue la sentence en bagne pour la Sibérie. De cette expérience traumatique naîtra Souvenirs de la maison des morts (1862). Dostoïevski, Le Soleil Noir présente un portrait complet et documenté de la vie de l’écrivain, de son épilepsie à ses dettes abyssales.

La scénariste Chantal Van den Halen est une habituée des biographies. Elle a écrit de nombreux scenarii sur la vie d’auteur·ices comme Agatha Christie avec La mystérieuse affaire Agathe Christie (2019), ou encore George Sand dans George Sand – Ma vie à Nohant (2021). Cette collaboration avec Henrik Rehr est sa deuxième après une bande dessinée sur le couple Tolstoï.

© Futuropolis

Dostoïevski, Le Soleil Noir de Chantal Van den Heuvel et Henrik Rehr, éditions Futuropolis, 136 p., 21€

Anaïs Dinarque

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