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Rencontre avec Send Me Love Letters – « On aime les petites imperfections »

crédit photo Eva Duc

Maze était au MaMA Music & Convention du 12 au 14 octobre et nous avons pu y voir des talents en devenir. Parmi eux.elles se trouvait le groupe lyonnais Send Me Love Letters.

Send Me Love Letters est un quatuor venu de Lyon. Il faut le préciser car ce n’est pas leur musique qui vous mettrait sur le chemin. Avec un rock tout droit venu d’une Angleterre des early 00’s, le groupe nous attrape par leur énergie et leurs paroles sensibles.

Est-ce que vous pourriez me définir un petit peu en quelques mots ce qu’est Send me Love Letters et votre projet ?

Gabrielle : Send Me Love Letters c’est un quatuor rock indépendant, on vient de Lyon. On fait un rock qu’on veut un peu british dans les sonorités. On s’est formé début 2020, on vient de sortir notre premier EP aujourd’hui.

Pour vous qu’est ce que le bon rock aujourd’hui ?

Loïc : Le bon rock pour nous c’est déjà un son qui est très vivant. Plus on a avancé, plus on a voulu faire du rock moderne avec des sons très compressés, très carrés. Nous c’est l’inverse, on voulait des guitares qui soient très vivantes. Pareil pour la batterie, on aime au contraire les petites imperfections. C’est ça qui fait un peu le son, tout l’EP est enregistré live par exemple, on était tous dans la même cabine et on a joué des trucs jusqu’à avoir la bonne prise ensemble. Donc c’est ça qui crée cette énergie particulière.

Donc le bon rock pour nous c’est un peu ça, c’est quelque chose de très honnête. 

Gabrielle : Je pense un rock qui s’affranchit pas mal des stéréotypes qu’on a pu lui poser il y a des années. On peut faire du rock et être une fille, on peut faire du rock, ne pas boire ni fumer ni se droguer, on peut faire du rock et parler de choses hyper sensibles et fragiles. Je pense que c’est ça aussi le bon rock aujourd’hui, on se permet beaucoup plus de liberté qu’avant, en tout cas il se renouvelle.

Est-ce qu’on vous a déjà envoyé ou avez-vous déjà envoyé des lettres d’amour ?

Gabrielle : On a envoyé des lettres d’amour aux gens qui nous suivent, on a une petite newsletter. Donc on avait vraiment à cœur de pouvoir envoyer des petites lettres et on a reçu une lettre d’amour d’une personne à un concert à Besançon.

Elle ne nous l’a pas envoyée, elle est venue avec et elle nous a donné une petite enveloppe comme ça avec un petit cachet à la cire et avec un joli mot à l’intérieur pour dire qu’elle aimait ce qu’on faisait.

Et ça c’était vraiment notre première lettre d’amour et c’est très chouette. L’attention était vraiment gentille. 

Parlez moi un petit peu de la pochette de l’EP qui est un petit peu entre l’amour et la mauvaise augure un peu comme une nature morte où on cherche le petit détail qui montre le côté éphémère.

Gabrielle : On a beaucoup utilisé les ballons en forme de cœur dans notre projet, ça a vraiment été un truc récurrent donc on avait très envie que ça apparaisse sur la pochette. On trouvait ça beaucoup trop simple qu’il y ait juste le ballon et on disait que ça pouvait être bien de rajouter ce petit truc qui rappelle un peu nos morceaux. Quelque chose qui rappelle que rien n’est parfait, que l’amour c’est quand même un petit peu compliqué, qu’il y a toujours ce petit je ne sais quoi qui vient rendre le tout compliqué. Au début, on voulait mettre un couteau, on s’est dit que c’était un petit peu too much. On a choisi de mettre une toute petite aiguille.

Comment le groupe s’est-il créé ?

Loïc : Il s’est formé complètement par hasard. On habitait dans le même immeuble avec Gabrielle et on a fini par se rendre compte qu’on faisait tous les deux de la musique. Quelques mois plus tard, on décide de créer un morceau ensemble pour voir ce que ça donne et puis en fait ça a super bien matché entre nous. On s’est très bien entendus musicalement et humainement et puis on a fait un deuxième morceau et un troisième et on s’est dit qu’on allait faire un projet ensemble. On n’avait plus de groupe ni elle ni moi et donc c’était vraiment le moment parfait pour lancer ce nouveau projet.

Gabrielle : Je lui ai dit que je connaissais qu’un seul batteur et c’est Pierric que j’avais rencontré que quelques mois auparavant, totalement par hasard. Il s’est avéré que c’était un excellent batteur, ça a tout de suite fonctionné. Simon finissait ses études à peu près au même moment où on a commencé à lancer le projet et il faisait de la basse, on lui a demandé et il a accepté. C’était lancé !

La chance a été de votre côté ! 

Pierric : Il n’y avait pas d’amitié depuis de longue date. On est devenu potes en créant un groupe. Direct on répète ensemble, on crée des morceaux comme ça.

Loïc : On savait qu’il y avait de grandes ambitions dès le début quoi. On voulait faire un projet, un grand projet donc c’est vrai qu’on allait passer des jours et des jours ensemble. Et finalement ça fait déjà des années et ça a marché, on s’entend super bien. On discute beaucoup ensemble.

Ça change des groupes de musique qui se connaissent depuis le lycée et parfois ça ne fonctionne pas du tout après. L’amour est un peu le thème intemporel des musicien.ne.s, comment vous faites pour parler d’amour toujours de manière actuelle sans jamais se répéter ?

Gabrielle : C’est une bonne question. Dans les cinq titres de l’EP, on parle d’amour avec les autres. Comment on gère une relation qu’elle soit amoureuse ou amicale ou avec les parents. Comment être avec les autres et comment tu arrives à t’attacher aux autres parce que ce n’est pas facile, ça revient dans pas mal de morceaux. On parle aussi beaucoup d’amour propre dans les morceaux. Moi je suis comme ça, j’ai du mal à m’accepter tel que je suis, comment arriver à s’aimer soi-même et je pense que pour que ce soit actuel, il faut juste parler de ce qu’on ressent nous là aujourd’hui.

En plus, avec notre génération en particulier, il y a un truc très répandu avec cette tendance aux applications de rencontre etc. Il y a ce truc là de l’amour hyper jetable et périssable. On vit dans une société où tout va vite, où on prend et on jette. On parle de ça aussi dans nos morceaux, Send me love letters c’est essayer de se poser cinq minutes, d’être ensemble et d’arrêter de vouloir aller plus vite. Envoie-moi une lettre d’amour c’était vraiment quelque chose de concret, de palpable, qu’on peut reprendre et relire. Il n’y a pas ce truc là d’enchaîner tout le temps. C’est une façon moderne pour nous de le raconter parce que c’est ce qu’on vit .

Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?

Pierric : J’essaie d’écouter d’autres groupes de rock et de découvrir pas mal de choses. Là, j’ai découvert un groupe il y a une semaine c’est Kid Kapashi. J’adore vraiment complètement et c’est le rock que j’aime avec beaucoup d’effets et qui est intéressant et qui est nouveau et sinon Arctic Monkeys à fond.

Simon : En ce moment, je suis très posé sur Miles Kane et c’est vrai que j’ai mis du temps à l’écouter ce personnage et c’est vraiment super bien. C’est très classe, il y a des influences un peu vieilles mais c’est produit de manière actuelle, il y a tout qui se mélange et même s’il y a des chansons qui ne sont pas très rock sur les stéréotypes du rock, il y a quand même une idéologie rock et c’est ça qui est chouette.

Loïc : Moi, je pensais à Wolf Alice dont j’ai dévoré l’album depuis quelques mois, c’est vraiment des artistes que j’aime beaucoup et notamment dans la production. On est pas mal tournés dans la production nous aussi et là en terme d’effet, de création, d’idées, il y a beaucoup de choses très intéressantes. 

C’est vrai qu’elle aussi a eu ce côté cinématographique avec son dernier album et comme vous l’avez eu aussi.

Gabrielle : Pour ma part, c’est vraiment mélangent de tout ça. On écoute beaucoup de choses et on aime beaucoup écouter des projets émergents aussi, Last Train, Bandit Bandit. Ma dernière bonne découverte c’était Kokomo par exemple. Je les ai vus en live et j’ai trouvé ça vraiment trop bien !

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