LITTÉRATURE

« La patience des buffles sous la pluie » – Dans le courant des pensées

© éditions de l'Olivier
© éditions de l'Olivier

La patience des buffles sous la pluie est le premier recueil de David Thomas. C’est un petit livre facile à lire, drôle, parfois piquant. Actuellement réédité aux Éditions de l’Olivier, c’est l’occasion de le (re)découvrir.

Dans la préface, Jean-Paul Dubois ne tarit pas d’éloges sur ce livre qu’il considère comme exceptionnel, de part la justesse de ses observations sur l’humain, et du style qu’il dit être «  d’une infinie légèreté, d’une grande précision.  » Sans être aussi dithyrambique, on peut remarquer que si le livre est plaisant, il ne bouleverse pas le paysage littéraire non plus.

Le recueil est composé de soixante-dix textes très courts, qui ne sont ni des nouvelles, ni des poèmes, ni des discours, mais bien des extraits de flux de conscience. En général, ce procédé littéraire (d’abord connu en anglais sous le nom de stream of consciousness) est utilisé au sein d’un récit, comme une pause permettant de développer la pensée d’un personnage.

Cela sert initialement à donner de la profondeur psychologique à un personnage de roman, tout en conférant un certain rythme à la narration. Mais ici, il n’y a pas de récit ! Seulement la pensée d’un personnage dont on ne connaîtra rien d’autre que cet instant fugace d’égarement, d’énervement, de honte, de désir, de réflexion…

C’est bien là ce qui donne l’impression d’un album photo des états d’âmes de l’humanité – ou plus précisément de la société occidentale moderne. L’auteur capte avec beaucoup de justesse les contradictions d’un esprit, ses failles, sa mauvaise foi, ses mécanismes tantôt ridicules tantôt salvateurs.

Et comme un photographe qui capture un seul instant parmi d’autres, l’auteur s’intéresse à n’importe quelle pensée. Qu’il s’agisse d’une idée stupide ou d’une réflexion profonde, tout se trouve représenté équitablement, avec l’empathie de celui qui regarde.

Face à notre médiocrité

Le mot « médiocrité » est à prendre au sens strict du terme. Ici, il désigne simplement ce qui est moyen, commun. David Thomas croque l’humain dans toute sa banalité. Ses personnages se trouvent dans des situations on ne peut plus normales, songent à des choses très familières. L’un s’inquiète de sa prise de poids, accuse les pots de yaourts qui sont plus gros de 50 grammes tandis qu’un autre s’énerve sur un automobiliste qui n’est pourtant pas en tort. La vie.

Mais tout cela n’est pas seulement drôle. Être médiocre, c’est aussi bien souvent être en dessous des attentes (les siennes ou celles de la société), être incapable de bien faire (ou de faire le bien). Alors, lisant ce petit livre, on a parfois la désagréable impression de se trouver face à un miroir un peu trop honnête. Évidemment, on ne se reconnaîtra que dans quelques uns de ces personnages, voire dans aucun d’entre eux si l’on a la chance de n’être pas normal.

La patience des buffles sous la pluie de David Thomas, éditions de l’Olivier, 160 p. 9,90€

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