Chaque mois, la rédaction littérature vous offre un petit résumé de quelques nouveautés BD, fraîchement parues. Ce mois-ci, des portraits, des tranches de vie, du cynisme et beaucoup d’humour pour traverser l’hiver.
Humaine, trop humaine – Catherine Meurisse
Trop humaine Catherine Meurisse ? En caricaturant les philosophes, c’est à elle-même que semble s’attaquer la bédéaste. Cependant, son alter ego de papier n’hésite pas à juger avec humour les intouchables intellectuels du panthéon occidental. De Socrate à Thoreau en passant par Arendt et Spinoza, personne n’est épargné. C’est drôle, c’est incisif, que l’on connaisse ou pas la dialectique hégélienne ou les doctrines kantiennes sur le bout des doigts.

Humaine, trop humaine de Catherine Meurisse, éditions Dargaud, 96 p., 22€
Anaïs Dinarque
La fonte des glaces n’est que la partie immergée de l’iceberg – Mon Lapin quotidien #23
Pour le vingt-troisième numéro de leur revue expérimentale, les éditions l’Association allient avec humour les problématiques liées au réchauffement climatique et au GAFA. Un ensemble foutraque et un brin collapsologique qui nous raconte avec un enthousiasme un brin cynique les crises que nous traversons aujourd’hui. Joyeux portrait de l’époque.

Emma Poesy
Ces mauvaises femmes – María Hesse
Pour son nouvel essai graphique, l’Espagnole María Hesse s’attaque à un sujet qui lui tient à cœur : les représentations des femmes au fil des siècles. Vaste entreprise donc, que l’autrice exécute à coup de dessins colorés et symboliques. Grâce à des références aux contes de fées et à la pop culture, María Hesse touche à nos références collectives pour mieux les interroger. Elle présente les différents modèles étriqués proposés par les récits : « princesses amorphes, belles-mères cruelles, […] mauvaises mères et femmes fatales, folles [et] personnages secondaires sages comme des images » pour mieux s’en affranchir. Parce que selon elle, « il est temps d’écouter, de parler et d’occuper les espaces qui nous ont été refusés ».

Anaïs Dinarque
Peau – Mieke Versyp et Sabien Clement
Peau raconte une histoire de corps. Celui de Rita, modèle dans un cours de dessins, mère divorcée. Celui d’Esther aussi, qui anime le cours de dessin de nus. Entre les deux femmes va naître une belle amitié. Pour libérer les regards et les corps, Sabien Clement aux dessins et Mieke Versyp au scénario ont enlevés les cases, ont brisé le gaufrier strict de la BD franco-belge classique. Cela donne un dessin libre et fluide, tout en nuances de vert pour une histoire sensible et à fleur de peau.

Peau de Mieke Versyp et Sabien Clement, éditions ça et là, 288 p., 30€
Anaïs Dinarque
Rock Strips – Collectif
L’aventure du rock continue. Dans cet épais ouvrage collectif, des dizaines d’auteurs retracent l’histoire de dizaines de figures mythiques du rock’n’roll. Ces grandes plumes – la dessinatrice Coco, Luz, Riad Sattouf – mettent toute leur créativité au service de cette somme à qui il consacre une demi-douzaine de planche. L’ensemble, très dense, est joyeusement hétérogène constitue un joyeux annuaire des coups de coeur musicaux de chacun. Réjouissant.

Rock Strips, l’histoire du rock en BD, Collectif, éditions Flammarion, 488 p., 29,90€
Emma Poesy
Les enfants de la mer, tome 1 – Daisuke Igarashi
Depuis longtemps introuvable en France, le premier tome du manga Les enfants de la mer (2006-2011) refait surface dans une belle réédition chez Delcourt. Ruka est au collège lorsqu’elle fait la connaissance de deux garçons, Sora et Umi. Tous deux ont été élevés par des dugongs et sont donc particulièrement à l’aise dans l’eau. Commence alors des aventures sous-marine pour les trois enfants. Porté par des dessins sublimes, le manga laisse une grande place à des pages contemplatives ou des tourbillons de ban de poissons. La partie 2 de ce manga qui a fait l’objet d’une adaptation de Ayumu Watanabe en 2019, paraitra le 8 mars 2023.

Anaïs Dinarque
La vérité nue, tome 2 – James
Personnages animalisés mais vraies cocasseries. Pour ce deuxième opus, le dessinateur James chasse les petits moments de la vie qui savent produire nos plus mémorables malaises. Avec ses courtes séquences et ses personnages aux visages de chats et de chien, l’auteur parvient à rendre compte de la poésie de l’existence, avec un humour délicat, jamais potache.

La vérité nue, de James, éditions Delcourt (Pataques), 104 p., 15,50€
Emma Poesy
C’est aujourd’hui – Carlos Giménez
Les aventures de Carlos Giménez sont enfin rassemblées dans un seul volume. Cette fausse autobiographie raconte les pérégrinations d’un dessinateur vieillissant – suivez le regard de l’auteur – qui multiplie les interrogations sur la mort, le sens de l’existence et son héritage pour les générations futures. Une série drôle, parfois émouvante, qui parvient à prendre le pouls de l’époque avec grâce.

C’est aujourd’hui de Carlos Giménez, éditions Futuropolis, 280 p., 35€
Emma Poesy