CINÉMA

« Vous n’aurez pas ma haine » – L’art de la résilience

Vous n'aurez pas ma haine © TOBIS Film GmbH
Vous n'aurez pas ma haine © TOBIS Film GmbH

Adapté du récit éponyme d’Antoine Leiris, Vous n’aurez pas ma haine est un film bouleversant sur la puissance de l’amour et la notion de reconstruction. Une œuvre puissante et nécessaire avec un Pierre Deladonchamps dans l’un de ses meilleurs rôles.

La rentrée cinéma a été particulièrement chargée sur le plan émotionnel, tant plusieurs films convoquaient, de manière directe ou indirecte, les traumatismes liés aux attentats du 13 novembre 2015. Il y a tout d’abord eu le sobre Revoir Paris d’Alice Winocour qui s’interrogeait sur les possibilités de reconstruction après un tel drame. Novembre de Cédric Jimenez, revenait quant à lui sur les cinq jours qui avaient suivi les attentats et la traque des criminels par la brigade anti-terroriste. Ce mois-ci arrive en salles Vous n’aurez pas ma haine, de Kilian Riedhof.

Soit l’adaptation de l’ouvrage éponyme d’Antoine Leiris qui a déjà donné lieu il y a quelques années à une pièce de théâtre avec Raphaël Personnaz dans le «  rôle  » d’Antoine Leiris, cet homme dont la vie a basculé le 13 novembre 2015 lorsqu’il a perdu sa femme Hélène, morte sous les balles lors de l’attaque terroriste du Bataclan. Plutôt que de se murer dans le silence et le chagrin, le jeune homme décide de publier une longue lettre sur Facebook à destination des assassins de celle qu’il a tant aimée. Le texte devient viral et devant l’engouement suscité par cette publication, Antoine Leiris décide d’écrire un livre, qui deviendra donc Vous n’aurez pas ma haine, publié aux éditions Fayard.

Un film lumineux

Contrairement à ce que son sujet pourrait laisser penser, Vous n’aurez pas ma haine n’est pas un film sombre. C’est même tout l’inverse. Le film tend vers la lumière et une forme de sérénité. L’horreur des attentats n’est pas montrée. Ce qui est ici intéressant, c’est la manière dont Antoine Leiris (Pierre Deladonchamps) va parvenir à surmonter son deuil. À la haine qu’il pourrait légitimement porter à ceux qui ont assassiné la femme de sa vie, il va préférer l’amour. L’amour pour son fils, Melvil (extraordinaire Zoé Iorio), ainsi que pour son amour disparu, Hélène (Camélia Jordana).

À la manière dont Paris est filmée, avec un étonnant réalisme, le spectateur pourrait penser que le réalisateur du film a toujours vécu dans la capitale française. Mais il n’en est rien puisque Kilian Riedhof est Allemand. Un choix judicieux et qui a justement été un argument décisif pour Antoine Leiris lorsque de nombreux producteurs convoitaient les droits d’adaptation de son récit.

Le fait que le cinéaste et sa productrice, Janine Jackowski, n’aient pas été en première ligne lors des attentats du 13 novembre, a fini de convaincre le jeune homme, soucieux qu’une bonne distance avec les événements soit respectée. Vous n’aurez pas ma haine est un film d’une grande sobriété où l’émotion est maîtrisée avec brio. Dans le rôle de cet homme qui parvient à se relever malgré le drame, Pierre Deladonchamps impressionne. Sa prestation est, à n’en pas douter, l’une des plus intéressantes de sa carrière. De quoi lui assurer une nomination au César du meilleur acteur  ? C’est fort possible.

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