À travers ce tendre récit affectueux, Clio Barnard met en avant « l’histoire de gens que l’on voit peu à l’écran ». Attachants, Ava (Claire Rushbrook) et Ali (Adeel Akhtar) découvrent, à travers la dérision et les chansons, une nouvelle forme de vie. Plus libre et plus joviale. À voir sur Ciné +.
Ali et Ava n’étaient pas voués à se rencontrer. L’un travaille dans l’immobilier, tandis que l’autre est assistante d’enseignement dans une école primaire. Blessés par les circonstances de leurs vies respectives, c’est leur sympathie commune pour Sofia, une jeune fille avec laquelle ils n’ont pas de lien de parenté, qui les fait se rencontrer. Naît alors un premier lien, articulé autour de la dérision. Et puis, petit à petit, vient se glisser, entre la dérision et la musique, de l’affection. Un lien profond, au-delà des différences sociales et culturelles.
De rire et de mélodie
Ce qui n’était à l’origine qu’un pur hasard de circonstances se transforme en hasard occasionné. Bien que les deux âmes ne veuillent pas se l’avouer, leur attirance pour l’esprit libre de l’autre est indéniable. Ali, qui venait parfois chercher Sofia à l’école, pour rendre service, se retrouve de plus en plus souvent à l’attendre à la sortie. Ava, qui ne vivait que pour son travail et ses enfants, s’autorise petit à petit à penser à elle. Pourtant, tout les oppose : leurs origines, leurs métiers, leurs proches et leurs traditions. Ce qui les réunit : leur générosité désintéressée envers Sofia, qui leur permettra de s’unir autour du rire, puis de partager un amour de la musique, qui laissera place à l’amour. Simplement.
Présenté au Festival de Cannes 2021 à la Quinzaine des Réalisateurs, Ali & Ava est une ode à la région du Yorkshire, où sa réalisatrice a également tourné ses deux précédentes fictions. Le décor anglais constitue une unité spatiale édifiante. Combinés à un panel musical éclectique, les connecteurs dans cette relation affective sont multiples. L’atmosphère, quelque peu terne dans la colorimétrie, complimente le scénario qui réduit les émotions à leur zone de confort.
La caméra suit, par ses mouvements, le quotidien des personnages, auxquels on s’attache aisément. Les plans ne sont pas polis à outrance, ils ont cet aspect brut, parfois si sombre que l’atmosphère pèse au-delà du jeu. Et quel jeu ! Les interprétations de Claire Rushbrook (Ava) et Adeel Akhtar (Ali) sont brillantes. Il n’en est pas moins le cas pour le personnage dit « secondaire » mais tout aussi important de Shaun Thomas (Callum, fils d’Ava).
« Je tenais à raconter l’histoire de gens que l’on voit peu à l’écran » disait Clio Barnard. Une histoire d’esprits enjoués, sous couvert d’amour inattendu. La rencontre de ces deux êtres ouvre le droit à un nouveau départ. Qu’adviendra-t-il de cet amour naissant ?
Disponible sur Ciné + dès maintenant, pendant 3 mois. “