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Rencontre avec MorMor – « Je peux être vraiment obsédé par un morceau »

@MorMor

L’artiste canadien – de son vrai nom Seth Nyquist – dévoilait au début du mois son album Semblance. Une véritable ode à la douceur, à écouter sans modération à l’approche de l’hiver  !  

Enfant, par quel type de musique est-ce que tu as été bercé ? 

J’ai écouté des genres musicaux très différents. Je dirais que mes premiers souvenirs sont liés aux Beatles, aux Jackson Five, à Marvin Gaye… Et quand j’ai grandi, il me semble que mon premier CD a été Eminen. Ma cousine a vécu chez nous pendant un temps et me faisait découvrir de nombreux artistes, elle écoutait beaucoup Wu Tang par exemple, Jimi Hendrix… 

Comment est-ce que tu as commencé la musique  ? 

J’ai toujours gravité autour de la musique, avant même de pouvoir m’en rappeler. J’ai toujours chanté, même enfant, et je jouais beaucoup de piano à la maison. Je n’aimais pas vraiment l’aspect apprentissage, la méthodologie, mais j’étais ambitieux. Je peux être vraiment obsédé par un morceau. Il m’arrive d’écouter des titres en boucle juste pour ressentir un certain sentiment. Puis quand j’ai eu vingt ans, ma grand-mère m’a acheté mon premier ordinateur portable, et j’ai bidouillé sur un programme qui était intégré. Mais ça m’a pris trois ou quatre ans pour sortir mes premiers titres. 

Ton premier EP, Heaven’s Only Wishful (2018) a été encensé par la critique, tu t’y attendais ? 

J’étais clairement surpris, c’était totalement inattendu. J’avais envoyé le lien à quelques amis, et sans même me le dire ils se le sont échangé, l’ont envoyé à d’autres. D’un coup j’avais des appels de personnes qui me parlaient de ma musique, c’était surréaliste ! Et c’est surtout arrivé très vite.

Quel rapport est-ce que tu as au succès, de manière plus générale  ? 

J’apprends à être plus à l’aise avec cette idée. L’approche que j’ai de la musique est très solitaire, donc ce n’est pas facile. Au début ça a été un peu oppressant. Parfois on pense vouloir un certain niveau de succès mais quand ça arrive ce n’est pas du tout ce qu’on attendait. Le positif est que d’un point de vue créatif, le succès permet de réaliser des choses plus ambitieuses. 

Depuis le début de ton projet, le fait d’être indépendant est très important pour toi, ça reste crucial aujourd’hui ? 

Je pense que travailler ainsi était une nécessité. Quand j’ai commencé la musique, je le voyais plutôt comme une échappatoire, pas comme mon métier. Je pratiquais dans ma chambre, tout seul, je n’avais pas vraiment de lien avec l’industrie musique. C’était purement thérapeutique. Je dirais surtout que je suis davantage inspiré par les extrêmes, donc ça peut être une extrême joie comme une extrême peine. Puis ensuite ma pratique a évolué, j’ai travaillé avec d’autres artiste, mais je continue à vouloir travailler d’une manière assez insulaire. S’il faut mettre des mots, je me considère davantage comme un producteur que comme un chanteur. Chanter est juste une partie de mon activité. Quand j’ai commencé à bidouiller sur le logiciel, je rêvais de devenir ingénieur du son.

Dans une interview, tu expliquais que le terme «  artiste  » te posait problème, c’est toujours le cas ? 

Aujourd’hui je ne me pose plus trop la question. Je pense qu’il y avait un côté où me définir ainsi me rajoutait une pression supplémentaire. Je n’aime pas trop les étiquettes, j’essaye juste d’être le plus pur possible.  Les chansons sont des moyens de communiquer des messages, ce n’est pas anodin, il ne faut pas le prendre à la légère. C’est un moyen d’échanger. C’est aussi pour ça que je fais attention à tous les détails. Chaque titre représente une part différente de moi, je suppose.

Écrire un album était l’un de tes objectifs principaux, maintenant qu’il y a Semblance, est-ce que tu te considères comme satisfait ? 

Oui bien sûr. C’est un accomplissement pour moi. Ça a pris un certain temps, notamment à cause de la pandémie. Mais écrire n’est pas la partie qui m’a pris le plus de temps, c’est surtout la production. Je suis particulièrement fier du premier titre de l’album, Dawn, il ressemble exactement à ce que j’avais en tête, notamment au niveau de la production. Maintenant que l’album est né, ça me donne surtout envie d’en faire un second ! (rires) 

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