LITTÉRATURE

« Que reviennent ceux qui sont loin » – Mélancolie sur mer

Que reviennent ceux qui sont loin
© éditions Gallimard

Le romancier Pierre Adrian signe un deuxième opus tout en délicatesse sur le temps qui passe et la fin des beaux jours. Une aventure contemplative formidable, sur fond de paysages bretons.

Comme une envie de retrouver les lieux de son enfance ? C’est à cet exercice mélancolique que se livre le narrateur de Que reviennent ceux qui sont loin. Après avoir passé plusieurs étés à explorer des territoires étrangers, à préférer les amis à la famille pour ses vacances d’été, le trentenaire rebrousse chemin et s’en va passer l’été dans la maison familiale, en Bretagne. Près de la mer, derrière le portail blanc, la vie suit son cours, les enfants des cousins plus ou moins éloignés grandissent, les amis d’enfance ont vieilli et une ancienne amoureuse, Anne, s’est peut-être fiancée.

Il y a beaucoup de lumière et d’amour, dans ce texte. Pierre Adrian pose un regard tendre et mélancolique sur tout ce qui est retrouvé, dans cette maison bardée de souvenir. Les murs, les meubles, la grand-mère qui mourra bientôt peut-être… à mesure qu’il mesure la chance d’être en ce lieu, hors du temps, avec ceux qui l’aiment, le narrateur prend conscience de la fin qui vient, comme un orage qui approche.

Lui-même a vieilli et bientôt, il ne fera plus vraiment partie des enfants de la famille. Il observe ses jeunes cousins, leur éveil au monde, leurs jeux bruyants, se souvient que le temps a passé et que bientôt l’équilibre de cette famille sera perturbé, que bientôt il faudra regagner Paris et sa grisaille, son bruit, son rythme de vie frénétique qui empêche de regarder les choses que l’on aime.

On se promène dans les paysages de Bretagne comme dans une carte postale. Adrian parvient à convoquer le souvenir, l’enfance, et toute la mélancolie qu’ils charrient dans une écriture simple, imagée. Les émotions ne sont qu’effleurées par les mots, comme une forme de pudeur. Moins mettre en verbe pour mieux ressentir. Pour mieux toucher à ce qu’il y a d’universel dans le fait de grandir, de quitter un monde pour en rejoindre un autre. On ne saurait que trop conseiller ce roman aux accents proustiens, à tous les adultes en herbe et à ceux en devenir.

Que reviennent ceux qui sont loin de Pierre Adrian, éditions Gallimard, 20 euros.

Journaliste

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