Dans une atmosphère propice au calme et la sérénité, lumière tamisée, plateau de fromage sur le côté, nous avons parlé avec le groupe de la tournée et du rapport à l’écriture.
Le 12 septembre 2022, The Magnetic Fields groupe indie rock mythique donnait un concert à La Gaité Lyrique, à Paris. C’est à cette occasion que nous avons pu rencontrer le chanteur et fondateur du groupe, Stephin Meritt, dans sa loge.
The Magnetic Fields est tiré d’un livre d’André Breton, pourquoi avez-vous choisi de donner ce nom à votre groupe ?
Mon précédent groupe s’appelait également d’après un livre d’André Breton, il s’agissait de The Zinnias, d’après un poème intitulé Zinnia Red Eyes. C’est dans l’esprit du surréalisme de trouver quelque chose d’aléatoire dans un texte surréaliste.
Est-ce que le surréalisme est quelque chose auquel vous vous référez dans votre musique ou dans la vie ?
Il n’y a pas de musique surréaliste, c’était un mouvement dans l’art et la littérature sans équivalent musical, car la musique est déjà surréaliste, elle est déjà inconsciente, on ne sait pas comment elle fonctionne. On ne peut pas la rendre plus onirique.
Et dans votre écriture alors ?
Peut-être au début, mais pour l’instant je ne dirais pas que j’ai une influence surréaliste particulière sur le plan lyrique. Je pense qu’il y a une situation étrange et drôle, je suppose que l’on pourrait la considérer comme surréaliste.
Dans vos différents albums, vous parlez d’amour, pourquoi est-ce le sujet principal ? Vous considérez-vous comme une personne romantique ?
Le principal sujet en musique c’est l’amour et la danse, parfois, je parle de danse, parfois d’amour, mais comme tout le monde.
Pensez-vous que toutes les musiques parlent d’amour et de danse ?
Presque toutes, vous ne trouvez pas ?
Parfois, je trouve que la musique est très sombre et ne parle pas de tout ça.
Même quand c’est sombre, même le heavy metal, le rap, ça parle généralement d’amour et de l’absence d’amour et ça parle de danse.
Il est difficile de voir la partie danse dans la conception d’un morceau de musique.
Le Heavy Metal a différentes pratiques de danse, mais cela n’apparaît jamais dans les paroles. C’est juste trop hardcore, tout le monde sait comment faire une danse hardcore, comme le « hussle ».
Vous avez fait un concert avec les chansons dans l’ordre alphabétique, pourquoi ?
Oui, on a fait ça juste pour une tournée, il n’y avait que Sam, le violoncelliste et moi. La liste des chansons, oui, mais on ne fait plus ça. Maintenant que nous sommes un groupe au complet, nous faisons d’autres choses. Quand on le faisait dans l’ordre alphabétique, on le faisait dans un sens et dans l’autre. De cette façon, The Book of Love n’était pas toujours la deuxième chanson chaque soir. En fait, on a fini par inclure des articles dans l’alphabet pour que The Book of Love soit en T.
Maintenant, comment faites-vous pour ordonner votre set ?
Pas de logique particulière pour le moment.
Vos albums sont très organisés, comme s’il s’agissait d’histoires, comme des photos dans un musée, comment élaborez-vous un album ?
Cela dépend de l’album, mais tout le monde a appelé « Quickies », les chansons qui font moins de 2min50s. C’est la seule partie organisée. Je voulais les enregistrer rapidement aussi, ce n’était pas vraiment un type d’organisation, mais plus un style d’arrangement. L’album 50 Songs Memoir est un album autobiographique, les chansons parlent toutes de ma vie, elles sont toutes vraies et dans l’ordre chronologique. C’est la seule organisation que j’aie eue dans mes précédents albums.
50 Songs Memoir et 69 Love Songs sont deux albums avec des numéros, comme si vous faisiez une liste, est-ce quelque chose que vous aimez faire ?
Au-delà du fait que c’est quelque chose que j’aime faire, c’est quelque chose où, après l’avoir fait une fois, il était logique de le refaire, comme une sorte de parodie du premier.
Quelle est l’expérience de la scène pour vous ?
Cela dépend. Je ne le ferais pas gratuitement. J’aime être payé pour jouer en live. Être en tournée est un travail très dur, nous avons dû nous lever très tôt le matin pour prendre le train hier. Après avoir joué tard dans la nuit, nous étions tous très fatigués. Ce n’est pas comme un travail de bureau, c’est physiquement plus dur.
Préférez-vous être en studio ou en tournée ?
Je préfère de loin l’enregistrement, j’adore enregistrer. Vous pouvez inventer des choses, vous faites ce que vous voulez. Si vous avez votre propre studio, comme moi, cela ne coûte pas plus d’argent ou de mois pour faire quelque chose, cela prend une minute pour le faire. Tu peux passer du temps sur un détail si c’est important. Parfois, ce sont les petits détails qui font tout.
Avez-vous un rituel avant les concerts ?
Le thé. Faire pipi avant de monter sur scène, c’est très important. Ne pas parler de politique avant de monter sur scène, nous en parlons sur scène mais jamais avant.
Vous avez mentionné que votre style a changé au fil du temps, dans votre écriture par exemple, pourquoi ?
J’ai commencé à écrire des chansons à un très jeune âge, j’avais 9 ans, donc oui, tout a changé. A 14 ans, j’avais un parcours complet, j’avais ce que tout le monde considérait comme un studio à cet âge.
L’album 69 Love Songs est-il pour vous l’album principal de votre carrière ?
Le plus vendu, oui. Mais certaines personnes ne l’écoutent pas car c’est trop long, les gens ne veulent pas écouter un album de 3 heures. Au moins 3 personnes que je connais écoutent toute la discographie de The Magnetic Fields, mais n’écoutent pas 69 Love Songs ou 50 songs memoir , parce que c’est trop long.
Ces chansons ont été créées en peu de temps ou au fil des années ?
Les deux. J’utilise ces deux albums comme une excuse pour fouiller dans mes très vieux cahiers et des choses que je n’utiliserais pas autrement, juste pour avoir un lien avec le passé. Dans 50 Songs Memoir en particulier, j’ai délibérément incorporé les plus anciennes chansons que je possède.
Avez-vous fait des découvertes musicales ?
Ces dernières années, j’ai beaucoup écouté de la musique en voiture et la musique qui sonne le mieux dans la voiture est celle qui n’a pas de basses. Parce que ça se mélange avec le moteur. On ne peut pas vraiment entendre ce qui se passe. Donc je me suis vraiment mis à la musique baroque. J’aime la musique baroque française, j’écoute Rameau, Couperin. J’aime particulièrement les duos, c’est comme deux écrans de cinéma en même temps.
Comment voyez-vous la nouvelle génération de musiciens d’aujourd’hui ?
Ils sont tous terribles, mais ils ont tous été terribles. Chaque nouvelle génération est terrible et elle devient de mieux en mieux. C’est comme ça que fonctionne la musique.