LITTÉRATURE

« Le Bord du monde est vertical » – Une initiation

Le bord du monde est vertical
© éditions Le mot et le reste

Premier roman plein de grâce, Le Bord du monde est vertical raconte les désirs fous d’ascension de Gaspard, un guide de haute montagne. Comme un nouveau mythe d’Icare.

C’est toujours périlleux, un premier roman. Le Bord du monde est vertical l’est d’autant plus qu’il raconte l’ascension en haute montagne d’une bande de trappeurs. Tout commence lorsque la Cordée, composée de Gaspard, le chef, Solal et Ysé, s’en vont malgré la tempête de neige essayer de rétablir l’électricité dans la cabane perdue dans les montagnes du Père Salomon. Sur place, ils se rendent compte que les câbles électriques ont été coupés. C’est du sabotage. Le vieux fomentait un plan pour rencontrer Gaspard, le chef de la bande.

Salomon voit quelque chose de spécial en Gaspard, il le croit capable de réaliser un exploit que nul n’a réalisé jusqu’alors : grimper jusqu’au Reculoir, la montagne la plus haute de toutes, celle qui marque le Bord du monde. Beaucoup s’y sont risqués, des hommes toujours, des alpinistes qui croyaient en leur chance et pensaient être l’élu d’une prophétie qui court depuis on ne sait combien de temps. Gaspard y croit. Il sera le premier.

Simon Parcot, qui est philosophe, accumule les symboles dans ce premier texte. Gaspard, Zéphyr, Solal… autant de prénoms qui donnent une connotation tantôt littéraire (on pense au Solal d’Albert Cohen), tantôt mystique à ces personnages qui s’envolent inlassablement vers les sommets des montagnes. L’écriture elle-même est chargée de formules un brin poétique. Parcot nous parle des hommes, de leurs soifs de gloire et de reconnaissance, il charge son langage de magie. Il met l’appétit dévorant des hommes en lettres, presque le monde.

Une tentation que l’on retrouve souvent dans les premiers romans – vouloir tout raconter -, mais qui ici ne tombe pas dans l’écueil de la naïveté. L’auteur parvient à inventer un langage pour raconter son propre mythe d’Icare, alterne prose poétique et vers de véritable poésie. C’est l’humanité en cent cinquante pages. On en demande encore.

Le Bord du monde est vertical de Simon Parcot, éditions Le Mot et le reste, 17 euros.

Journaliste

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