Deux fois par mois, la rédaction vous offre une sélection de clips qui ont fait l’actualité musicale. Pour cette deuxième sélection du mois de septembre : Pi Ja Ma, Dehd, Velvet Negroni, Arctic Monkeys, Alewya, Mike Styles et Vieux Farka Touré et Khruangbin.
Pi Ja Ma – America réalisé par Vicente Sahuc
Plongez dans un clip aux références de culture pop américaine et dont Pi Ja Ma en est la diva accompagnée par son valeureux compagnon guitariste. Pour le titre mélancolique America, Pi Ja Ma a voulu jouer à fond la carte de l’humour avec un clip très second degré sur les clichés que l’on peut retrouver dans les chansons ou films américain.
Alors on enchaîne entre balade à cheval, rendez-vous au Diner et même un saxophoniste endiablé tantôt sur la plage tantôt dans les blés. La chanteuse, encore une fois, ne cesse de nous étonner en proposant à chaque fois un univers enfantin et malicieux. Qui vous a dit qu’être adulte voulait dire cesser de s’amuser ?
Eva Duc
Dehd – Eggshells réalisé par Emily Kempf and Kevin Veselka
Le groupe de Chicago Dehd nous présente un clip hédoniste d’un noir et blanc sombre et délicat. Avec ce nouveau titre Eggshells, le trio nous transporte dans leur nouvelle maturité musicale sur fond de rock psychédélique. La vidéo simple mais esthétique nous dévoile le groupe dansant ou à dos de moto avec un groupe d’amis.
Libéré de toute contraintes, ici on ne cherche qu’à se détacher de toute réalité afin de chanter en coeur les « Oh-oooohh » entêtant de ce morceau qui sur scène ne pourra qu’être rassembleur. Une excuse de plus pour ne pas les manquer à la Gaité Lyrique le 14 novembre prochain pour le Pitchfork Festival.
Thomas Soulet
Velvet Negroni – Sinker
Velvet Negroni, de son vrai nom Jeremy Nutzman, nous présente un extrait de son prochain album Bulli prévu pour début janvier. Sinker morceau mélangeant pop funk et rn’b est accompagné d’un clip où l’on voit Nutzman armé de patins, d’un vélo ou d’un skateboard airé et glissé dans la banlieue de Minneapolis, sa ville natale.
La basse groovy et les percussions folles avec ses coups de cloche frénétiques portent délicatement les mélodies changeantes et captivantes du chanteur. L’album aurait été guidé par ses abus de stupéfiants, de fraudes bancaires ou encore de sa maison qui brûle. C’est donc comme rattrapé par la vie et ses obligations que Jeremy nous prédit avec ce premier titre un album prometteur et captivant.
Thomas Soulet
Arctic Monkeys – Body Paint réalisé par Brook Linder
Les Arctic Monkeys continuent de faire défiler la bande-annonce de leur prochain long-métrage musical. Après There’d Better Be A Mirroball, les Anglais dévoilent Body Paint, le deuxième single issu de The Car, leur album à paraître le 21 octobre. Un titre et un clip en forme de pas supplémentaire dans le monde du cinéma. De la pellicule au plateau de tournage, des projecteurs aux sièges rouges, tout est cinéma.
En point d’orgue, ce travelling avant où l’on voit le rail, cette caméra qui avance vers Alex Turner dans la pénombre, avec les spots qui s’allument au rythme de sa guitare, suivi de ce plan qui tourne autour de l’ombre du crooner, chantant, conquérant, ce titre plein de mélancolie, complainte d’un homme trompé.
Comme pour célébrer les liens qui existent entre musique et cinéma, ce Body Paint ressemble à un hommage à David Bowie. La voix haut perchée d’Alex Turner dans la première partie, sans vraiment de maîtrise, prête à basculer ; cette diction lente ; des cordes au service d’un changement radical d’ambiance ; un pont fait de guitare puissante style opéra rock, tout est là pour rappeler le maître britannique.
Jusqu’à un éclair, posé là à 3’37, qui pourrait nous rappeler Ziggy Stardust. Le tout encore une fois dans une esthétique qui fleure bon les années 1970. Les Arctic Monkeys auraient tort de se prive quand il s’agit de s’inspirer des meilleurs.
Kevin Dufrêche
Alewya – Let Go réalisé par Rawtape x Lee Trigg
La chanteuse Alewya commence à faire parler d’elle sur la scène londonienne. Son univers iconoclaste puise autant ses sources dans la culture hip-hop et dans le reggae que dans la dance house électro de Londres ou dans les musiques traditionnelles et religieuses de ses pays d’origine, l’Ethiopie et l’Egypte. Le clip s’ouvre avec d’inquiétantes illustrations de squelettes superposant le corps de l’artiste et nous rappelant les œuvres de Jean-Michel Basquiat.
La danse n’échappe pas non plus à cette fibre artistique et les mouvements d’Alewya véhiculent un message d’urgence en collant au rythme rock’n’roll de la musique. Entre tradition et modernité, Let Go est un appel à nous reconnecter au divin tout en portant un regard lucide sur la frénésie mentale que nous cultivons au quotidien.
Marion Bauer
Mike Styles feat Cody Ray – Chip Talk réalisé par Black Heart Media
Mike Styles est un rappeur américain basé à Salt Lake City, capitale de l’Utah. Actuellement sous les radars des médias musicaux mais pas moins déterminé à se faire connaître, le rappeur vient de sortir son troisième clip Chip Talk. Dans cette vidéo en noir et blanc, aucune trace de vulgarité ou de violence. Règnent la volonté de vivre pleinement sa vie et la cool-attitude.
Avec son élégance minimaliste et sa voix pincée, Mike Styles se démarque par sa simplicité dans une industrie où les rappeurs les plus médiatisés jouent dans la surenchère tout en se copiant mutuellement. Il suffit de jeter un coup d’œil à la curieuse dynastie des « Lil » : Lil Durk, Lil Baby, Lil Uzi Vert … Ici, l’atmosphère est posée, le flow limpide et maîtrisé. Mike Styles est définitivement validé.
Marion Bauer
Vieux Farka Touré et Khruangbin – Diarabi réalisé par Karlton Seydi aka Kopeto
Funk thai, dub, musiques latines et psychédélisme de Khruangin s’associent au blues du désert d’Ali Farka Touré le temps d’un album, Ali, hommage fait par Vieux Farka Touré à son père. Lui-même guitariste et chanteur accompli, Vieux revisite les musiques du mytique chanteur malien, sur des notes R&B et funky juice apportées par le trio texan Khruangin.
C’est Karlton Seydi, aka Kopeto, ancien élève de JR à l’école Kourtrajmé, qui signe l’image de Diarabi, un clip aux allures ocres et chaudes, où la béatitude règne (presque) en maître. Sur une batterie prononcée couplée au mythique blues singulier infusé de tradition ouest-africaine, Kopeto annonce la couleur de son univers : la fuite en douce de deux amoureux qui s’engouffrent à corps perdu dans les terres maliennes, et le sentiment de plénitude omniprésent à l’image. Bamako défile, et les plans léchés d’une romance au destin tragique irriguent les paroles du morceau qui se matérialise comme une invitation à ralentir et à contempler.
Romane Fragne