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BD du mois – Des aventures, des dystopies

BD du mois
Crédits : Fanny Monier

Chaque mois, la rédaction littérature vous offre un petit résumé de quelques nouveautés BD, fraîchement parues. Ce mois-ci des adaptations de romans, des plongées dans le passé ou dans le futur et des récits sur l’écologie.

Walden ou la Vie dans les bois – Troubs et Henry David Thoreau

Enfin, un illustrateur qui s’empare du texte de Henry David Thoreau ! Premier récit écologiste, nature writing à l’américaine avant la lettre, le philosophe part en 1854 vivre dans une cabane dans les bois. Sur place, Thoreau s’installe, pose les yeux sur l’immense lac Walden à proximité, observe les changements de saisons, qui donnent un rythme à son séjour à et ses journées. Véritable pamphlet contre le monde occidental – et sa très cartésienne opposition entre nature et culture, dont on revient peu à peu aujourd’hui -, cette pépite naturaliste est adaptée à merveille par Troubs, qui, dans cet album, parvient à nous faire vivre de manière sensible cette vie dans la nature.

© Futuropolis

Walden ou la vie dans les bois d’après Henry David Thoreau, illustré par Troubs, éditions Futuropolis, 354 p., 32€90

Emma Poesy

Baby Blue – Bim Eriksson

Avec Baby Blue, Bim Eriksson met l’accent sur un malaise tout contemporain : l’injonction au bonheur. Dans le monde dystopique qu’elle imagine, la dictature abrutit les foules en forçant les gens à être heureux·ses et à consommer. Son personnage principale Betty le sait bien, mais la mort d’un de ses amis la pousse à bout. Elle est alors forcé à suivre une thérapie du bonheur en se faisant injecter un sérum. Dans cet hôpital, elle fait la connaissance de Berina qui sera pour elle une véritable bouée de sauvetage. Malgré un scénario et des dessins parfois un peu décevants, Baby Blue s’inspire des plus grandes dystopies du 20ème siècle, notamment du Kallocaïne de Karin Boye publié en 1940.

© Bim Eriksson / Cambourakis

Baby Blue de Bim Eriksson, traduit du suédois par Catherine Renaud, éditions Cambourakis, 264 p., 24€

Anaïs Dinarque

Les Pizzlys – Jérémie Moreau

Au bord du burn-out, Nathan, un chauffeur Uber accepte l’invitation d’une cliente de la suivre en Alaska. Avec son frère et sa sœur, il s’envole donc à l’autre bout du monde pour faire une pause. Mais l’Alaska fait elle aussi face à ses propres limites : changements climatiques, désespoir de la population… Avec Les Pizzlys, Jérémie Moreau mêle conte contemporain et conte mythique, lui qui s’était déjà aventuré en Islande (La Saga de Grimr) et dans la Préhistoire (Penss et les plis du monde).

© Éditions Delcourt, 2022 — Moreau

Les Pizzlys de Jérémie Moreau, éditions Delcourt, 200p., 29€95

Anaïs Dinarque

Skip – Molly Mendosa

C’est un délice pour les yeux qui est republié cet automne aux éditions Dargaud. Skip, de Molly Mendoza, est un conte initiatique étrange, presque féérique, qui retrace le parcours d’Eclo. Le héros se réveille un matin dans un champ de fleur, lui-même dans un univers parallèle, au côté d’un drôle de personnage nommé Gluan. Histoire d’amitié mais surtout conte initiatique proche de l’odyssée, Skip est un régal d’inventivité. Le trait de l’autrice, les couleurs, font de cet album un objet rare, précieux.

© Dargaud

Skip de Molly Mendosa, éditions Dargaud, 160 p., 23€

Emma Poesy

Not a New York Love Story – Julian Voloj et Andreas Gefe

Un homme vient de perdre sa femme dans un accident de voiture. De retour du cimetière il la retrouve l’attendant tranquillement dans leur appartement. Commence pour lui une série de visions dans New York. Il poursuivra son fantôme (ou sa réalité ?) dans toute la ville, une façon de retracer une dernière fois leur histoire. Il ne se passe pas grand chose dans ce roman graphique, qui décrit silencieusement le temps qui passe et le deuil qui se fait, petit à petit.

© Julian Voloj et Andreas Gefe / Sarbacane

Not a New York Love Story de Julian Voloj et Andreas Gefe, éditions Sarbacane, 88 p., 22€

Anaïs Dinarque

Vernon Subutex, partie 2 – Luz et Virginie Despentes

Pour cette deuxième partie, Luz et Despentes ont souhaité innover. Pas question de suivre à la lettre les romans de l’autrice commencés en 2014 et achevés en 2017 : passages ajoutés, final déjoué, cette nouvelle BD à quatre mains prend des airs d’inédit. Déjà le tome 1 impressionnait par la capacité de Luz a sublimer une histoire connue grâce à des planches d’une belle inventivité graphique. Ici, il continue dans la même lancée visuelle, tout en complétant l’histoire originelle avec l’aide de Virginie Despentes.

© Luz et Virginie Despentes / Editions Albin Michel

Vernon Subutex, tome 2, Virginie Despentes et Luz, Albin Michel, 268 p., 34€90

Anaïs Dinarque

Retour à l’Eden – Paco Roca

Le bédéaste Paco Roca raconte sa mère, une femme née dans les années 40 et dont le destin est bouleversé par la guerre d’Espagne. Cette Antonia grandit dans la précarité et dans la foi religieuse, qui justifie qu’elle fasse tous les sacrifices – avec un peu de chance, un Dieu quelque part, la récompensera dans l’au-delà. De cette vie de misère survivent quelques moments de grâces, quelques photos. Ce sont ces moments que Roca tente de mettre en image, dans un récit sensible et plein de grâce.

© éditions Delcourt

Retour à l’Eden de Paco Roca, éditions Delcourt, 184 p., 22€95

Emma Poesy

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