MUSIQUE

Rock en Seine 2022 – Saint-Cloud au sommet

Pour fêter la fin des festivals estivaux, Maze s’est rendu à Rock en Seine, pour l’édition 2022 à la programmation qui en a fait rêver plus d’un.e. Nous avons voulu vous parler de nos coups de coeurs musicaux de chaque jour afin de vous faire revivre les pépites Rock-en-Seiniennes.

Sur les bords de Seine, dans le parc de Saint-Cloud, la musique rock (mais pas que) a secoué les plus de 150 000 spectateur.ice.s. du 25 au 28 août 2022. Cette année le festival Rock en Seine a vu les choses en grand et ce n’était pas pour nous déplaire. Retour sur ces quatre jours de festival en mots et en images.

Jeudi 25 août

Une première journée bien anglaise pour Rock en Seine qui a réussi à dégoter la crème de la crème du rock UK. Une ambiance british dans la programmation jusqu’à la sentir dans le public. Ça parle anglais, la bière coule à flot malgré les longues files d’attente, et des drapeaux irlandais sont affichés avec fierté.

Tout commence avec Yard Act, groupe de punk dansant de Leeds mené par le chanteur James Smith et son franc-parler ironique et bien tranchant. La mise en bouche est faite, c’est donc l’heure des choses sérieuses avec la force punk de Bristol, le groupe IDLES et leur rock tapageur qui chamboulera la foule. Pogo, slam, circle pit, la chaleur des corps qui se bousculent et la sueur de l’exercice donne une ambiance dingue et rock’n’roll.

Crédit photo : Eva Duc

Une heure d’excitation montante qui permettra aux irlandais de Fontaine D.C. d’avoir un public remonté à bloc et prêt à en découdre sur la scène Cascade. Les musiciens de Dublin ne déçoivent pas et font encore monter la température. La terre sous les pieds du public en délire devient sable et une fumée beige s’installe. C’est avec leur single I Love You, pour calmer un peu la foule, que le set endiablé se termine et nous amène au grand événement de ce Rock en Seine, l’incroyable tête d’affiche, les Arctic Monkeys.

Les rockeurs de Sheffield n’ont clairement plus 20 ans et nous offrent une cascade de tube avec en introduction le classique Do I Wanna Know  ? Alex Turner, charmeur, délivrera une performance presque intimiste malgré certains problèmes de son. Mais tout cela disparaît quand la foule entonne 505, balade fumeuse de l’excellent deuxième opus des singes de l’arctique, Favourite Worst Nightmare. Puis la surprise tant attendue, un nouveau morceau de leur prochain nouvel album The Car qui sortira en octobre. Puis le public se donne entièrement au groupe anglais qui interprètera R U Mine ? pour clore cette première journée de Rock en Seine qui n’a jamais aussi bien porté son nom.

Vendredi 26 août

Premier concert de la journée avec la sauvageonne Jehnny Beth qui crie les paroles de son célèbre Closer (« I wanna fuck you like an animal ! »), toute-puissante au milieu de son bassiste-claviériste Johnny Hostile et sa claviériste au look destroy, Malvia Meinier. On ne fait pas plus gothique. Avec « To love is to live » résonnent de part et d’autre les mots de Beth, tatoués sur son bras et par ailleurs titre de son premier album solo.

Puis c’est le moment d’aller rejoindre la Néo-Zélandaise Aldous Harding sur la Grande Scène au royaume du bizarre, entre folk sucrée et une sorte de théâtre de marionnettes où la chanteuse interprète tous ses personnages. Sa voix, qu’accompagnent ses mimiques, demeure insaisissable et se fait tour à tour suave, brûlante, innocente, farfelue. On en ressort délicieusement déconcerté.

L’obscurité s’installe, il est temps de partir à bord du vaisseau spatial de Kraftwerk pour un voyage rétrofuturiste — des lunettes 3D ayant été distribuées aux spectateurs avant le début de la performance. Succession de noms de catastrophes nucléaires (Fukushima, Tchernobyl…) pour Radioactivity, images de cyclistes qui halètent pour Tour de France, autoroute vers l’infini pour Autobahn : une scénographie inquiétante, hypnotisante, dansante et toujours aussi décalée.

En clôture de cette deuxième journée intense de festival : la messe rock et blues menée par Nick Cave et son groupe. À 64 ans, après avoir perdu deux de ses enfants ces dernières années, le chanteur donne un concert absolument cathartique, long de plus de deux heures et fait exploser la foule. Il partage ainsi des histoires douloureuses avec Bright Horses et I Need You, violentes (City of Refuge) et tendres (From Her to Eternity). Et donne tout.

Samedi 27 août

Avant-dernier jour du festival, la pression monte avant le concert à 23h de Tame Impala. Mais avant d’attendre le grand moment, il faut dire que la programmation avait tout pour faire agréablement passer le temps  : November Ultra, Jamie XX, Crystal Murray et bien d’autres.

En milieu d’après-midi, le groupe Bryan’s Magic Tears a ouvert le bal. Du rock comme on l’aime ici à Maze, avec des rythmes entêtants accentués par de longues pauses instrumentales. Tous les codes sont réunis pour plaire à des festivalier.es de Rock en Seine. 

Après une heure de performance durant laquelle Jamie XX a fait danser toute la foule, le public se fige. Pas question qu’iels perdent leur place pour voir Tame Impala qui arrive une heure plus tard. Une stratégie qui porte ses fruits puisqu’à mesure que les minutes défilent, la foule se masse pour voir le chanteur australien.

23h, la scène est encore vide mais les écrans sur les côtés de la scène s’allument. Une hôtesse de l’air donne les instructions pour le Slow Rush experience, à l’image des consignes indiquées dans un avion. Sa voix se déforme, l’image aussi, ça y est l’univers de Tame Impala imprègne l’ensemble du parc de Saint-Cloud. 

Kevin Parker fait enfin son apparition sur scène sous les cris de festivalie.res (on y a d’ailleurs laissé nos tympans devant les crash barrières). Puis les premières notes de One more year débutent le concert. L’album The Slow Rush a évidemment sa place dans la track list mais le nombre de titres issus de Currents étonne. L’enchaînement est maîtrisé avec notamment quelques surprises comme les classiques de Lonerism (Elephant bien évidemment) ou même encore Runway Houses City Clouds de l’album Innerspeaker, son premier album. 

La mise en scène est à couper le souffle. Le spectaculaire halo de projecteurs au-dessus de la scène accentue le caractère onirique de l’univers de Tame Impala en diffusant des lumières roses, bleues, violettes et rouges. Cette expérience de plus d’une heure et demie se clôture avec un retour sur scène du chanteur pour deux derniers titres et pas des moindres  : The Less I Know The Better et New Person Same Old Mistakes. Confettis, lumières en pagaille, c’est bien l’heure du grand final. Présenté comme l’une des principales têtes d’affiche du festival, Tame Impala a bien évidemment été à la hauteur de toutes les espérances. 

Dimanche 28 août

La clôture de cette édition forte en émotions du festival qui réunit le meilleur de la scène pop rock (mais pas que) aura trouvé ses meilleures prestations dans celles du groupe Parcels, de Channel Tres et d’Aurora.

Une programmation peut-être moins gargantuesque que celle des journées précédentes, mais qui laisse place aux découvertes. C’est la norvégienne Aurora, avec son air de petite fée agile, parée d’une robe à volants blancs, qui est apparue la première sur la scène principale du festival pour cette dernière journée. L’air rieur, la voix fluette, la chanteuse aux mélodies puissantes (qui n’est pas sans rappeler une certaine Enya) aura achevé de conquérir l’ensemble du public avec l’apparition surprise de Pomme sur le titre Everything Matters. Pour saisir toute la force et l’énergie qu’elle dégage, et imaginer les espaces nordiques qu’elle convoque, une ambiance plus crépusculaire, en soirée, aurait sans doute pu nous combler définitivement.

Rock en Seine @ Eva Duc

Peu après, c’est Parcels qui prend la place d’Aurora sur la Grande Scène et c’est sans doute la prestation qui nous aura le plus marqués : un show beaucoup plus dance que leurs chansons enregistrées en studio, à l’occasion du plus gros concert qu’ils aient jamais joué. Les cinq garçons du label Because Music touchent par leur complicité, assez exceptionnelle, et par leur capacité à s’embraser tout entiers pour la musique, allant jusqu’à livrer de longues flambées improvisées.

C’est à Channel Tres, à son flow imparable et à ses éternelles lunettes de soleil, enfin, que revient la palme du meilleur closing de cette édition : mêlant son club et hip-hop, accompagné de sa troupe de danseurs, il nous entraîne dans son univers sans grands efforts. Il n’aurait pas pu y avoir meilleure invitation à continuer à groover, bien au-delà du festival.

Photos : Eva Duc

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